"Arrête-toi. Tu n'as pas peur de la pluie, du vent. Le chien, le chien restera dans la voiture ; gardera la morte. Filon, Filon, tu gardes Jeanne, n'est-ce pas ? Je vais là-bas vers les distributeurs. Sous la pluie. Je l'entends comme si elle me suivait. Je l'entends rire. Buvons un thé, un chocolat. Viens boire, Jeanne. Viens. Il y a le bruit des pièces. Je laisse dans les coupelles métalliques ce à quoi j'ai droit. Tu es seul. Tu es seul et tous les dreling, tous les dring, tous les glong, tu les entends à peine. Tu fais ça par automatisme. On ne revit pas le passé. Dis-le-toi bien. Une fois pour toutes, dis-le-toi bien. Enfonce-toi ça dans la tête une fois pour toutes. Ils vont te servir des frites à la margarine. Ils vont te faire la gueule. C'est l'heure de la sieste. Putain de pluie vivace qui amène les clients, qui réveille les cuisines, les dormeurs. Achète une boîte pour le chien. De l'eau minérale. N'oublie pas."

Moi ma soeur

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Le fleuve amour - Poèmes et chansons. Suivi d'un roman inachevé : Le bel enterreur

Jérôme, mathématicien et spéculateur hippique, ayant réussi à s'assurer le luxe grâce à une association d'amitié, rentre chez lui après un long séjour à l'hôpital. Il est alors seul face à sa mort et à sa vie ; seul avec des êtres rêvés, connus ou inconnus ; avec son passé qui n'est que beau, comparé à ce douloureux présent qu'il lui faut souffrir. Pourtant, il pourrait être heureux encore : il le fut sans le savoir. Il se cache, nourri du mépris de tout ce qui est extérieur à son monde imaginaire. Seuls, ceux qui l'entourent, l'aiment, le servent, trouvent grâce à ses yeux. Il a peur de l'eau ; alors il contemple, fasciné, sa piscine ; peur de la mort, alors il se plaint ; peur de l'amour, alors il s'invente Jacinthe, et d'autres visages passent et repassent, Jarnel, Jolvène, Jacinthe, etc. visages flous d'un monde clos, tendre ; et pourtant désespérément offert à nous. Un texte de prose rythmé, écrit comme à haute voix, sans heurt, pour mieux se couler dans la rêverie du lecteur. Un texte éperdument romantique, qui a su garder de l'enfance la plus pure féerie.

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