« Zone tribale du Nord-Yémen », « zone tribale de l'Ouest pakistanais », voilà bien des expressions qui reviennent dans l'actualité pour désigner des régions de confins farouchement réfractaires à l'imposition d'un nouvel ordre politique. Dès la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les États européens, emportés dans leur mouvement d'expansion outre-mer, vinrent buter, en périphérie, sur ce type d'espace en quelque sorte interstitiel des relations internationales contemporaines. Dans ces zones où les agents traditionnels de la vie diplomatique pénétraient peu, ou mal, une expertise particulière, celle du renseignement et des agences de sécurité, parut s'imposer. Lorsque la France coloniale s'implante en Syrie et au Liban, au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle doit précisément faire face à ce type de résistance, où se combinent turbulences tribales, désordres sociaux et effervescence identitaire. La lutte qui s'engage alors entre bandes armées locales d'une part, et Service des Renseignements de l'armée française de l'autre, dépasse, et de loin, le face-à-face purement martial, mais renvoie à un choc des violences, sociale et guerrière d'un côté, étatique et militaire de l'autre, dont il n'est pas sûr que la leçon ne vaille qu'au passé.

Genèse de l'Etat mandataire - Service des Renseignements et bandes armées en Syrie et au Liban dans les années 1920

Expression de reconnaissance à l'historien Jacques Thobie, le présent ouvrage réunit les études individuelles qui lui sont offertes par des chercheurs qui l'ont connu ou qui ont travaillé avec lui. De ce fait, il participe de l'œuvre collective réalisée en l'honneur d'une personnalité universitaire qui, en l'occurrence, a marqué l'historiographie des relations internationales contemporaines. Il s'efforce cependant de se démarquer du genre " Mélanges " en ce qu'il répond à une thématique cohérente : les contributions ciblent le Moyen-Orient et la Méditerranée, se situent pour la plupart à l'époque contemporaine, et placent au premier plan la dimension internationale des problèmes abordés. Cet hommage n'est pas qu'une célébration : il revendique sa place sur le terrain scientifique du savoir relatif au Moyen-Orient et à la Méditerranée. Deux grands axes d'investigation ont été privilégiés. Une première partie témoigne du dynamisme de l'histoire des relations internationales, à travers le renouvellement de ses problématiques : histoire des réseaux consulaires, prise en compte des ressorts internes des relations internationales dans le monde ottoman et l'élargissement de son questionnaire, captifs ottomans, course barbaresque, santé publique, urbanisme... Une seconde partie regroupe quatre terrains d'études de cas, reflétant quelques-uns des principaux champs de recherche de l'historien à qui ce livre rend hommage l'insertion de la Turquie dans les relations internationales observée sous l'angle des différentes " forces profondes ", les questions kurde et arménienne soumises à l'analyse tant de l'historien que du politologue, les avatars de la politique moyen-orientale de la France au XXe siècle et enfin, la destinée particulière du Liban, partagé entre son enracinement oriental et une vocation à tisser une relation privilégiée avec l'Occident en général, et la France en particulier. Recherches originales, mises au point ou réflexions, les trente-cinq études que comprend l'ouvrage intéresseront chercheurs en sciences humaines, spécialistes des régions moyen-orientale et méditerranéenne, praticiens des relations internationales, étudiants et grand public.

Méditerranée, Moyen-Orient : deux siècles de relations internationales - Recherches en hommage à Jacques Thobie

" Zone tribale du Nord-Yémen ", " zone tribale de l'Ouest pakistanais ", voilà bien des expressions qui reviennent dans l'actualité pour désigner des régions de confins farouchement réfractaires à l'imposition d'un nouvel ordre politique. Dès la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les États européens, emportés dans leur mouvement d'expansion outre-mer, vinrent buter, en périphérie, sur ce type d'espace en quelque sorte interstitiel des relations internationales contemporaines. Dans ces zones où les agents traditionnels de la vie diplomatique pénétraient peu, ou mal, une expertise particulière, celle du renseignement et des agences de sécurité, parut s imposer. Lorsque la France coloniale s'implante en Syrie et au Liban, au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle doit précisément faire face à ce type de résistance, où se combinent turbulences tribales, désordres sociaux et effervescence identitaire. La lutte qui s'engage alors entre bandes armées locales d'une part, et Service des Renseignements de l'armée française de l'autre, dépasse, et de loin, le face-à-face purement martial, mais renvoie à un choc des violences, sociale et guerrière d'un côté, étatique et militaire de l'autre, dont il n'est pas sûr que la leçon ne vaille qu'au passé.

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