L'administration n'est pas un instrument neutre du pouvoir politique. Bien au contraire, les administrations, dans leur pluralité, ont toujours été et demeurent des institutions de pouvoir dont le rôle est majeur dans les processus de gouvernement de nos sociétés. Elles sont, de ce fait, pleinement redevables des analyses de la science politique. Celle-ci a pourtant, en France, étrangement délaissé les institutions administratives depuis une vingtaine d'années, au rebours de l'abondante production scientifique anglophone. Ce paradoxe est en train de prendre fin grâce à une reviviscence récente des recherches françaises. La double ambition de cet ouvrage est de donner à voir cette nouvelle éclosion et d'impulser une dynamique de floraison des travaux portant sur les institutions administratives, dans toutes leurs dimensions et tous leurs aspects, depuis la sociologie des fonctionnaires jusqu'à l'étude des réformes administratives. Dans cet esprit, ce livre rassemble les contributions de quelques-uns des meilleurs spécialistes français et européens unis dans un commun ancrage empirique et une approche comparative.

Science politique de l'administration - Une approche comparative

Politique et administration sont à l'évidence des activités jumelles, à la fois complémentaires et antinomiques, en tout cas imbriquées l'une avec l'autre de façon étroite. De fait, le gouvernement des sociétés contemporaines - entendu au sens d'un processus dynamique, comme y invite le terme anglais governing - apparaît indissociablement politique et administratif. Aussi les formes particulières que prend ici ou là la relation complexe de travail et de pouvoir qui unit les dirigeants politiques et les hauts fonctionnaires concourent-elles de façon décisive à façonner le "style de gouvernement" propre à telle époque ou tel pays. Or deux phénomènes transnationaux ont pris une importance grandissante au cours des vingt dernières années : les réformes inspirées du New Public Management d'une part et la complexification croissante des réseaux de pouvoir multi-acteurs et multi-niveaux qu'entend désigner la notion de gouvernance d'autre part. Il semble en résulter une transformation notable de la place respective et des rapports mutuels des autorités politiques et des hauts fonctionnaires nationaux dans le processus de gouvernement des Etats, notamment au sein de l'Union européenne. Assiste-t-on pour autant à une convergence des administrations publiques et des formes de gouvernement nationales par alignement sur un modèle dominant ? N'observe-t-on pas plutôt une complexe dialectique d'homogénéisation partielle et/mais de différenciation maintenue voire renouvelée d'un pays à l'autre ? Telles sont les questions que cet ouvrage, adoptant une perspective de comparatisme européen, tente d'aborder à travers l'étude concrète de quatre situations nationales bien typées, celles de la France, des Pays-Bas, de la Suède et du Royaume-Uni.

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