Ce volume apporte une nouvelle contribution aux recherches sur la relation entre ésotérisme et culture, et ainsi à l'écriture d'une "autre" histoire culturelle, prenant pleinement en compte ses courants alternatifs et dissidents. Il assemble des contributions rédigées par des historiens des religions ou de la culture, des philosophes et des germanistes, et il s'inscrit dans le sillage du "tournant spatial" des sciences de la culture qui invite à prêter une attention accrue à la dimension de l'espace dans l'étude des phénomènes culturels et historiques. En traitant des éCapitales de l'ésotérisme européen", l'ambition est d'associer, à la dimension historique et donc chronologique de la question des échanges culturels en général, un relevé topologique des lieux et des espaces où s'élabore une véritable "culture ésotérique", en prenant en compte les lieux - réels ou symboliques - autour desquels naissent et s'organisent réseaux, contacts, influences et traditions. A travers un certain nombre de cas-types, le recueil examine dans quelle mesure les courants ésotériques occidentaux modernes ont créé des relais spécifiques pour la diffusion d'informations visant un public ou des sociabilités plus particulièrement intéressées à l'ésotérisme, à son histoire et à ses manifestations.

Capitales de l'ésotérisme européen et dialogue des cultures

Jésus avait-il une face cachée ? Les Églises chrétiennes ont-elles voulu la proscrire ? Fort de son succès mondial, le Da Vinci Code affirme que Marie-Madeleine a été sa compagne. D'autres écrits soutiennent qu'il a dispensé un enseignement secret à quelques-uns de ses disciples. En qui faut-il croire ? Au Jésus des Évangiles ou à celui des courants gnostiques ou ésotériques ? En revisitant les sources sur lesquelles s'appuie la thèse du Da Vinci Code, Alain Houziaux fait découvrir les écrits apocryphes des premiers siècles. Selon Jacques-Noël Pérès, dès l'origine du christianisme, il y a toujours eu une tension entre deux images de Jésus : celle du Sauveur s'adressant à tous, y compris aux païens, et celle du Maître diffusant son enseignement auprès d'initiés. En fait, observe Jérôme Rousse-Lacordaire, pour bien des écoles de pensée, telles que la franc-maçonnerie, " Jésus serait un homme exceptionnel en tout point mais mortel ". Pour la littérature occultiste, constate Jean-Pierre Brach, le Christ est l'incarnation d'un principe supérieur qui s'infuse tour à tour chez des êtres exceptionnels dans les moments critiques de l'histoire. " Pour vous, qui suis-je ? " Décidément, Jésus ne cesse d'interroger.

Jésus a-t-il une face cachée ?

Le premier chapitre (p. 7-32) brosse un large tableau du Pythagorisme antique, depuis Pythagore jusqu'au xie s., représenté par Psellos, en passant par Platon, Philon d'Alexandrie, Plutarque, les néopythagoriciens. Le lecteur averti aussi bien que le débutant trouveront dans ce chapitre non seulement une excellente présentation des auteurs et de leurs systèmes de pensée - en elle-même une brillante synthèse des différentes philosophies concernant l'interprétation des nombres et leurs interférences dans les domaines de l'esprit - mais également une discussion nuancée des textes mêmes et des problèmes qu'ils posent. Dans le deuxième chapitre, intitulé « Les Pères et le moyen âge latin », la première partie (p. 33- 44) est consacrée à la longue tradition herméneutique des Pères, concentrée surtout autour de saint Augustin, et transmise et développée par ses héritiers spirituels : Isidore, Cassiodorus, Grégoire le Grand, Honorius, Raban Maur, Hincmar. Une place spéciale est faite à l'arithmologie de Scot Érigène et à la méditation sur les nombres dans un contexte trinitaire par Othon de Saint-Emmeran.

La symbolique des nombres

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

À la différence de ce qui s'est produit pour les périodes antérieures, ou encore dans le domaine des arts asiatiques, les interactions entre courants ésotériques et activités artistiques, à l'époque contemporaine, ont quelque peu tardé à faire l'objet d'enquêtes scientifiques approfondies - y compris chez les historiens de l'ésotérisme. Certes, des institutions pionnières comme l'emblématique Warburg Institute et son fameux Journal ont, dès l'entre-deux-guerres, mis en valeur ces relations et imposé leur prise en compte dans l'histoire du Moyen Âge ou celle de la Renaissance. De surcroît, l'Institut en question a également innové en termes d'approches et de méthodologie(s), intégrant à l'histoire de l'art les perspectives liées à l'histoire des idées, à l'anthropologie sociale, à la psychologie, voire aux « sciences occultes ». Toutefois, par rapport à celle de leurs manifestations antérieures, l'étude de l'art contemporain et de ses liens avec l'ésotérisme exige à son tour une démarche critique renouvelée, qui reconnaisse en particulier, dans les deux pôles en présence, des registres fortement imbriqués de la modernité « occulturelle ». Ainsi ce volume illustre-t-il, à propos d'exemples concrets très diversifiés, plusieurs modalités de cet échange vivant entre magie et style, énergie et forme(s), psychisme et plastique, dont participe au fond toute expression artistique.

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