"Je ne sais si cette lettre vous parviendra un jour. Nous sommes l'un à l'autre inconnus et, pourtant c'est à vous que j'écris comme à un confesseur tendre et complice on livre son âme. Ai-je donc une âme ? et si, par extraordinaire, il se trouvait que j'en possédasse une, je la donnerais volontiers au diable pour l'amour de vous. Vous m'avez donc rencontré par hasard, au détour d'une promenade. Vous avez mis le livre dans la poche, négligemment, en pensant à autre chose. Par exemple à la couleur du ciel en cette fin de journée d'automne. Vous êtes allé sur les bords de la Loire. Vous marchiez à la rencontre du soleil, à son couchant, si bas en cette saison qu'on imagine qu'il va rouler dans le lit du fleuve comme la tête du guillotiné dans le panier d'un miroir. Le regarder vous a rendu aveugle. Vous vous êtes assis dans l'herbe ou sur un banc. Puis, peu à peu, le fleuve a pris feu comme une botte de paille et, à son tour, embrasé le ciel. Vous avez fermé les yeux et vous avez su alors que, vous aussi, étiez en train de brûler."

OEuvres posthumes (Tome 2)

Aragon, l'homme au gant

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Le temps est un enfant qui joue - Mémoires, 1918-1993

Comment s'étonner que, né au coeur d'un invraisemblable roman familial - son père, préfet de police, se faisait passer pour son parrain, sa mère était présentée comme sa soeur -, Louis Aragon ait dès son enfance manifesté goût et talent pour l'écriture ; qu'il ait très tôt abandonné ses études de médecine pour se consacrer à la littérature et qu'il soit devenu le grand poète et romancier qu'on sait ? Aucun déterminisme cependant ne devait le mener du surréalisme au communisme. C'est au gré de ses rencontres, avec Breton, Soupault, Max Ernst, Picasso et leurs amitiés durables, avec Elsa Triolet aussi, qu'Aragon a fixé ses choix, ses engagements, qu'il appliquait sans dissimulation au travers de ses activités de journaliste, d'écrivain, de résistant ou d'homme politique. Jean Ristat, qui fut l'un des grands témoins des douze dernières années de sa vie, nous le découvre ici, le cite abondamment, fidèle à la consigne qu'Aragon lui-même donnait : «Commencez par me lire !»

Aragon : "commencez par me lire !"

Jean Ristat réunit là un certain nombre d'articles publiés dans la revue Digraphe, Le Monde, L'Humanité ou Les Lettres françaises. Écrits avec la conviction qu'il faut transmettre au plus grand nombre le goût de la lecture, ils illustrent plus de cinquante années d'activité critique de l'auteur, dans les domaines de la littérature, de la philosophie et de l'art.

Qui sont les contemporains Tome 2

À partir du fameux poème d'Arthur Rimbaud, Voyelles, Jean Ristat imagine un long poème en forme de pièce de théâtre, à travers laquelle il redéploie les motifs de son propre imaginaire poétique. Ce «Théâtre du ciel» comprend cinq actes, plus un intermède.

Le théâtre du ciel ; une lecture de Rimbaud

En même temps que La perruque du vieux Lénine, nous publions une nouvelle édition de cette autre pièce de Jean Ristat, à propos de laquelle Roland Barthes déclarait : «Au fond, la meilleure déconstruction ne consiste pas à abolir mais à déplacer. Nous sommes pris par l'histoire elle-même dans une entreprise historique de déconstruction de notre ancienne civilisation. Nous savons bien que nous ne pouvons pas déconstruire en détruisant le discours. La seule possibilité de combat qui nous est laissée est de déplacer le discours à l'intérieur même du discours. En employant ces formules générales, c'est précisément à votre entreprise que je pense et à L'entrée dans la baie. Votre travail vise à faire entrer le lecteur dans le jeu de quelque chose qui est à la fois connu et irreconnaissable. Si je glisse à cette formule, c'est parce qu'il est évident que toute votre textualité plonge profondément dans une expérience, dans une présentation, une mise en scène de l'inconscient.»

L'entree dans la baie et la prise de la ville de rio de janeiro en 1711 - tragi-comedie

Dans ce poème, Jean Ristat remet à l'honneur la tradition du vers élégiaque, avec son mélange de narration et de confidence. Il sait côtoyer l'épique par l'allusion et le lyrisme par l'aveu, sans jamais déchaîner les grandes orgues. On aimera la retenue de ton, la liberté dans l'enchaînement des propos, l'humour dans l'évocation mêlée de souvenirs réels et de souvenirs culturels, enfin un dosage de lucidité amère et d'espérance.

Ode pour hâter la venue du printemps

Digraphe Numeros 86-87 Automne 1998 : Le Tres Curieux Marcel More

Pour l'auteur, Le Fil(s) perdu est une tragi-comédie. Le Lit de Nicolas Boileau et de Jules Verne un roman. Mais il est évident que Jean Ristat est avant tout un poète. Aragon le présente ainsi : «Ce nouveau, comme on dit au collège, est assurément de la lignée d'Isidore Ducasse, le Ducasse des Poésies, et il me semble plus difficile d'en faire plus haut éloge... L'essentiel est que, dans ce monde où Lewis Carroll et Raymond Roussel demeureront les visiteurs du soir des gens de mon genre, soit aujourd'hui entré un nouveau voyageur, avec ce merveilleux regard de l'irrespect, du grand rire intérieur, et de cette désinvolture sérieuse qu'on appelle aussi la poésie.»

Le fil(s) perdu / le lit de nicolas boileau et de jules verne

Debre A Shanghai. Olivier Debre, Le Theatre De La Peinture : The Theatre Of Painting. Edition Trilingue Francais-Anglais-Chinois

«Le tombeau est ce genre littéraire qui supprime, dépasse, et remplace à la fois la mondaine oraison funèbre, l'épitaphe définitive et le discours funéraire. Ici, il convient de noter qu'il y avait, en ce temps-là, de nombreux "grands hommes", et que, d'autre part, l'image du "tombeau de vers" avait fleuri sur des lèvres populaires, au lendemain de la Commune. Lecteurs du Tombeau de Monsieur Aragon, le dernier de vos porte-voix s'est tu. Vous avez maintenant la parole. Jean Ristat vous dit : Paris a perdu son poète paris ce Matin n'a plus d'amant... ... regarde Ô peuple de france comme il Va d'un pas tranquille et blessé il ne Savait que dire j'aime A. S.

Tombeau de Monsieur Aragon

«Ce que le temps nous a donné il le reprend Amant dérisoire au milieu de la nuit Je ne me souviens que du jour et je pleure Voilà des vers anciens comme un chapelet Que j'égrène tandis qu'à la fenêtre je Regarde passer la lune où dorment les morts»

Le parlement d'amour - eloge de m. burattoni assis sur le tombeau de virgile et dessinant

«Je ne sais si cette lettre vous parviendra un jour. Nous sommes l'un à l'autre inconnus et, pourtant c'est à vous que j'écris comme à un confesseur tendre et complice on livre son âme. Ai-je donc une âme ? et si, par extraordinaire, il se trouvait que j'en possédasse une, je la donnerais volontiers au diable pour l'amour de vous. Vous m'avez donc rencontré par hasard, au détour d'une promenade. Vous avez mis le livre dans la poche, négligemment, en pensant à autre chose. Par exemple à la couleur du ciel en cette fin de journée d'automne. Vous êtes allé sur les bords de la Loire. Vous marchiez à la rencontre du soleil, à son couchant, si bas en cette saison qu'on imagine qu'il va rouler dans le lit du fleuve comme la tête du guillotiné dans le panier d'un miroir. Le regarder vous a rendu aveugle. Vous vous êtes assis dans l'herbe ou sur un banc. Puis, peu à peu, le fleuve a pris feu comme une botte de paille et, à son tour, embrasé le ciel. Vous avez fermé les yeux et vous avez su alors que, vous aussi, étiez en train de brûler.»

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