Deuxième volume soulignant les 60 ans de la revue, ce numéro contient 20 nouveaux duos d'écrivains qui ont accepté de se « passer la parole » entre auteurs jeunes et moins jeunes. D'Anne Hébert et Marie-Claire Blais à Carole David et Jocelyne Saucier, d'Alain Grandbois ou Jacques Brault à Paul Chanel Malenfant et Serge Patrice Thibodeau, de Jean LeMoyne ou Pierre Vadeboncoeur à Georges Leroux et Sophie Cadieux ou Sébastien Ricard et André Ricard, etc. ces écrivains et artistes participent d'une course de relai ayant l'allure d'une promenade, célébrant l'imagination encore, embrassant ce qui vient autant sinon plus que la mémoire déjà. Des oeuvres picturales vives, colorées, inventives et expressives de Martin Bureau et d'Hugo Bergeron accompagnent ce numéro, deux artistes liés par des préoccupations similaires pour l'aménagement formel et thématique des territoires imaginaires.

Les écrits. No. 143. Mars 2015

C'est une femme d'une cinquantaine d'années. Un petit bout de femme qui ressemble à tant d'autres... Vingt ans de mariage, salariée dans une grande entreprise de la région	où elle est connue comme le loup blanc pour être déléguée syndicale depuis de très nombreuses années, elle pourrait être votre voisine de palier, votre collègue de travail ou bien une copine avec qui vous aimez partager une soirée de cinéma, peut-être même faire un footing les jours de grand courage. Jocelyne, assurément, est madame tout le monde. Sauf qu'il y a trois ans encore, Jocelyne était un homme. C'est en tout cas ce que chacun croyait. Elle, depuis toujours, se savait femme, se sentait femme, mais son corps indiquait qu'elle était Jean. Jean enfant s'est retrouvé à l'école des garçons. Jean a fait son service militaire et a failli être envoyé au casse-pipe contre des ouvriers grévistes en 1968. Jean est devenu agent technique à la Thomson, a
été élu représentant syndical par ses camarades de travail, s'est marié, a connu une vie banale. Sauf qu'il était au fond du désespoir, car il haïssait cette carcasse d'homme dans laquelle il était enfermé. Jusqu'à ce 1er janvier 1998 où Jean décide de devenir Jocelyne. Au vu et au su de tous, de sa famille comme de ses collègues qui l'aident, la soutiennent et lui permettent de garder son travail et ses mandats syndicaux. Elle raconte ici son histoire, sa vie de prisonnière dans un corps étranger. Et sa renaissance à cinquante et un ans. Une transsexuelle, Jocelyne ? Avant tout une femme comme les autres.

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