La circulaire Bayrou concernant le port ostentatoire de signes religieux a ouvert à nouveau le débat de la place des différentes religions au sein de la République. Tchador, kippa, croix, même combat ? Les successives tentatives de remise en cause de la laïcité de l'école publique sont-elles limitées à l'Islam ou bien les autres religions monothéistes ont-elles aussi, leurs revendications ? L'Islam, avec plus de quatre millions de fidèles, occupe-t-il sa juste place en France ? L'intégrisme est-il une évolution naturelle de la Foi ? Les religions ont-elles un rôle à jouer dans le système politique laïque ? Doit-on réformer la Loi de 1905, dite Loi de séparation des Églises et de l'État afin d'introduire, comme certains l'exigent, des cours d'instruction religieuse à l'école ? Quelle est la position du Judaïsme sur l'euthanasie et l'avortement du Protestantisme sur l'épidémie du Sida et l'utilisation du préservatif ; de l'Islam sur les nouvelles guerres de religion et le fondamentalisme de certains jeunes dans nos banlieues ? C'est à toutes ces interrogations - et à beaucoup d'autres - que cet ouvrage se propose de répondre avec les interventions de Dalil Boubakeur, Recteur de la Mosquée de Paris, Monseigneur Delaporte Archevêque de Cambrai, Guy Le Néouannic Secrétaire général de la Fédération de l'Education Nationale, Joseph Sitruk, Grand rabbin de France et du Pasteur Jacques Stewart, Président de la Fédération Protestante de France qui témoignent de l'importance des enjeux et de la réalité des dangers auxquels devront faire face autant les religions que la République laïque. Le XXIe siècle sera-t-il religieux, ou sera-t-il laïque ?

Foi et République

S'il est un passage de la Bible connu de tous, c'est bien l'aventure extraordinaire du prophète Moïse qui, après avoir traversé la mer Rouge, conduit au désert le peuple juif libéré du joug de Pharaon, et reçoit de Dieu, sur les hauteurs du mont Sinaï, les Dix Commandements. Cette histoire, fondatrice de notre civilisation, est le thème du grand spectacle musical Les Dix Commandements, mis en scène par Elie Chouraqui sur une musique de Pascal Obispo.
Ce livre a été conçu par Alain Mamou-Mani comme le prolongement spirituel et éthique de cette expérience artistique unique. L'épopée de Moïse y est rappelée dans ses grandes lignes, et commentée par des représentants des trois religions monothéistes. Joseph Sitruk, Grand Rabbin de France, Dalil Boubakeur, Recteur de la Mosquée de Paris, et Mgr Jean-Charles Thomas, évêque de Versailles, nous livrent chacun leur propre interprétation des Dix Paroles bibliques. Dix Paroles qui sont autant d'invitations à construire une cité humaine fondée sur le respect de l'autre, sur une éthique de la fraternité, sur une vision sacrée de la dignité de l'Homme.
Riches de leurs différences et fécondées par le dialogue, respectueuses de la laïcité, les grandes traditions spirituelles présentes dans notre pays convergent dans ce livre-événement pour nous appeler à mieux vivre ensemble. Elles nous proposent de faire de ces Paroles multimillénaires, et cependant toujours neuves, la grande charte éthique du XXIe siècle.

Les Dix Commandements

La religion est trop souvent réduite aujourd'hui à des idées abstraites ou à des conduites irrationnelles. Il est rare qu'elle prenne le visage d'un homme dont la croyance s'ancre dans une doctrine profondément enracinée. C'est un itinéraire que nous propose ici joseph Sitruk : celui d'un jeune garçon, élevé dans la douceur tunisienne, arrivé en France à l'âge de quatorze ans et que rien ne destinait à occuper les plus hautes fonctions de la communauté juive de France. Dans la famille Sitruk, on louait plus facilement les valeurs de la République que les vertus du judaïsme. Le judaïsme que le jeune rabbin rejoint au début des années soixante a d'abord le visage du scoutisme et de la jeunesse. Son militantisme et son enthousiasme feront le reste : l'engagement, le choix pour l'étude et le sacerdoce. Homme de réflexion et d'action, Joseph Sitruk retrace son passage à la tête des communautés de Strasbourg et de Marseille, évoque, sans détours, sa rencontre tardive avec l'antisémitisme ou ses relations avec les hommes politiques ; l'affection filiale pour Gaston Defferre, les rapports, plus distants, avec François Mitterrand puis Jacques Chirac. Le cheminement auquel il nous convie est en même temps le combat quotidien pour l'affirmation de ses convictions religieuses, la certitude que le judaïsme conserve la capacité de répondre aux problèmes de notre temps et d'assurer à notre société un avenir fraternel.

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