Explosifs et colorés, les tags et graffitis qui surgissent sur les murs de Paris composent de gigantesques fresques, incompréhensibles pour la plupart des passants, et qui provoquent au choix fureur, rejet ou intérêt.
Chromes flops, blockletters, persos, ou fonds, entre le simple tag en noir plus ou moins soigné et les somptueux wild-styles en couleurs et en relief à la typographie maîtrisée, la liste des formes d'expressions et des techniques est longue. Si certaines inscriptions relèvent du simple vandalisme, les réalisations les plus abouties suscitent l'admiration, même chez les non-initiés.
La complexité de ce foisonnement est accentuée par un certain flou en matière de légalité : sil s'agit dune activité prohibée par la loi, dans le même temps, les meilleurs graffeurs sont reconnus comme artistes à part entière et invités à s'exprimer largement sur des surfaces autorisées... ce qui ne les empêche pas pour autant de continuer les graffitis sauvages.
Les auteurs ont rencontré les groupes de graffeurs de Paris et de la proche banlieue : ils livrent ici leur parole brute, traduisent leurs noms de code et dévoilent dans un glossaire les différentes techniques utilisées.

Kapital, un an de graffiti à Paris

Dans les années 90 en pleine explosion du mouvement graffiti, Julien Malland, alias Seth, commence à peindre sur les murs de Paris. Dès 2003, il découvre d'autres territoires et d'autres techniques au cours de voyages qu'il réalise pour la série documentaire Les Nouveaux explorateurs de Canal+, tout en continuant sa carrière de globe-painter. Il rencontre à cette occasion de très nombreux artistes qui interviennent dans l'espace urbain. Souhaitant se rendre en Inde pour l'un de ses films, il fait la connaissance d'Hervé Perdriolle, spécialiste d'art indien vernaculaire. Commence alors une collaboration qui les incite à imaginer un projet commun. Le Musée d'art contemporain de Lyon les invite alors à réfléchir à une exposition autour des rencontres de Seth à travers le monde, en privilégiant les artistes qui s'expriment habituellement dans la rue, mais en décalage avec les grands courants fortement médiatisés du Street Art. Ainsi, pour l'exposition Wall Drawings, Icônes urbaines, leur choix s'est plus particulièrement porté sur des artistes issus de cultures très différentes, mais qui tous mêlent dans leur pratique, art urbain et traditions ancestrales, chacun puisant dans les mythes fondateurs, les légendes indigènes ou encore les faits politiques marquants qui ont façonné leur territoire, entre savoir faire locaux et globalisation. Ils ont aussi en commun, une aptitude à la collaboration, au partage, un appétit pour le voyage et l'exploration qui sont autant de moments privilégiés dans leur histoire, leurs connaissances artistiques et leurs amitiés, s'enrichissant mutuellement de leurs différences.

Wall Drawings - Icônes urbaines

C'est l'odyssée d'un peintre de rue. Un type qui traîne avec des graffiteurs, qui passe son temps à écumer les trottoirs. Une autre façon de voyager, de regarder le monde. Toute une planète qui vibre, qui crée, loin des musées, des galeries élitistes et des magasins branchés. Rio, Sao Paulo, Santiago, Valparaiso, Sydney, Hong Kong, Tokyo ; des grosses villes, trop polluées, trop peuplées, saturées. Sept mois à squatter les canapés de graffeurs, à niquer la couche d'ozone, à partager l'amour de la couleur qui se pose sur les murs. Un aperçu furtif de ce qui se passe ailleurs, à travers les yeux d'un graffiteur parisien.

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