Le précieux pouvoir des pierres

" Après plusieurs heures passées dans l'atelier, l'apothéose esthétique qui m'entoure délivre encore un singulier message. Rendue par incubation comme il se doit, la prise d'oracle a lieu sans pythie, sans exhalaisons prophétiques : le passage me dit-elle est son sésame et le désir de fixité une forme dérivée de répulsion à l'égard du devenir. Une évidence rendue sensible chaque fois que Christian Lhopital décide de prendre l'image de vitesse pour, à l'intérieur d'elle-même, en excéder le représenté. Pareillement quand d'un point à l'autre de son dessin, l'instant chronologique n'est déjà plus le même, et que sa charge cinétique évoluant de ce qui n'est plus vers ce qui n'est pas encore, s'avance du révolu à l'imminent, y retourne parfois ou entre - mêle les deux termes dans un mouvement à vous scier les rotules, écartant le fixe et l'immuable au passage. Ainsi Christian Lhopital nous délivre-t-il, en plus d'une aide cardinale pour la philosophie et la vue, une fantastique danse du temps tracé, rien moins qu'un acte puissant de libération sur l'invisible. " Malek Abbou.

Christian Lhopital - Splendeur et désolation

A l'origine de ce livre, un dessin tracé par Matthieu Messagier représentant le placement sur le terrain de deux équipes de football imaginaires. Sur ce dessin à la plume, de part et d'autre du rond central, Matthieu Messagier a inscrit les noms des joueurs du Sporting Club de Trêlles face à ceux du Football Club des Ailleurs. Après avoir reçu par courrier ce dessin, Malek Abbou entreprend alors de narrer le jamais-vu de cette partie de ballon rond dont les protagonistes sont tous musiciens, écrivains, artistes, poètes, ou même footballeurs d'exception. La Fédération Internationale du Football Sans Jeu et Sans Sueur vient de naître, placée sous les auspices d'une écriture collective spontanée, à laquelle se joignent en cours de partie deux ailiers : Michel Bulteau et Jacques Ferry. Certaines attitudes ou improvisations de grand style, comme il en existe dans le football, deviennent lors l'évidence poétique leur permettant de rassembler, par-delà les disciplines et les époques, des hommes et des femmes aux qualités inconditionnelles, et de faire entendre sous les clameurs comment George Best peut combiner le une-deux avec Gesualdo, Velimir Khlebnikov ou Yvonne de Carlo. Enjouement, invention et liberté qui président à la matière même de ce livre lui donnent un avantage déterminant. Au moins 5-0.

Un paralogue futural

Les hommes font l'histoire, mais ils ne savent pas l'histoire qu'ils font. De quoi l'emblématique billet de 1 dollar est-il le symbole ? Sa genèse graphique héritée du Grand sceau des États-Unis d'Amérique participe-t-elle d'une obsession millénariste ? Dans quelle mesure l'esprit du capitalisme nord-américain est-il redevable d'une culture religieuse de l'épouvante ? Pourquoi l'activité économique valorisée pour elle-même conditionne-t-elle un mode de vie puritain ? La doxa néolibérale ventriloque-t-elle une névrose religieuse ? Certaines formes d'expérimentations artistiques portent-elles en germe un nouveau type d'échanges ? Cet essai au tour de pensée original et amplement documenté a le grand mérite d'éclairer les voies par lesquelles le phénomène religieux et la discipline économique puisent à une source commune. En cela, il jette une lumière insoupçonnée sur l'actualité du temps présent.

Fondements métaphysiques du dollar

Un récit hanté, la relation d'une disparition irrésolue depuis 1925. Un explorateur anglais, ancien colon de l'armée des Indes cherche le lieu de son être au mystérieux point Z dans l'enfer amazonien. Quatre- vingt ans plus tard à Lisbonne, la résolution de l'énigme laisse entrevoir une criante vérité : il nous manque une civilisation.

Vies de Percy Harrison Fawcett - Du chien-tigre à double-truffe aux lianes de l'illimité solaire

" Sang et or, encres de perles anglaises, ombre à paupières, mascara, salive, mercurochrome, bleu de méthylène, crayons et poudre de mine de crayons, lipstick à paillettes, fluid make-up, blush, acrylique magenta crépusculaire ou galactic blue, vernis à ongles de Karachi... La cosméticologie de Matthieu Messagier nous en fait voir de toutes les couleurs. Elle ramène à soi deux aires sémantiques issues d'une racine commune : en grec antique, la kosmétikè, art de la parure dérive du Kosmos. Nature et artifice. Élémentaire et superfluité. Une déclaration de connivence qui a pour effet premier de faire gicler les couleurs comme d'une banderille sur l'encolure d'un taureau de combat. "

Mathieu Messagier ; anima chromatica ; dessins 2007-2009

Manie compulsionnelle ? Décongestion intérieure ? Distorsions douloureuses d'un imaginaire dévoyé ? Esprit de régression rageuse ? Non. Rien qu'un gigantesque appétit de formes né de ce que Henri Michaux appelait l'aventure d'être en vie. En cela, les dessins de Christian Lhopital ne cessent d'étourdir, d'assommer, de fasciner. Ce champ magnétique instable dans lequel des formes prolifèrent, se redoublent, oscillent ou vibrent comme des diapasons, ne laisse ni l'oeil ni la langue tranquilles.

Ses oeuvres

Ses derniers livres