Les créations artistiques de La Réunion et de l'île Maurice, ici réduites aux parts de la littérature et des productions filmiques, semblent peu propices à l'humour si l'on en juge par les seules oeuvres qui arrivent jusqu'aux publics occidentaux. Pourtant, le rire, la plaisanterie, la dérision, le jeu de mots bruissent dans l'espace social et créatif de ces deux îles. Souvent amers, ils invitent certes à se demander s'ils font simplement « rire la bouche ». Mais ils posent une autre question : pourquoi sont-ils aussi peu entendus dans les pays « du dehors » alors qu'ils semblent être l'un des modes majeurs de la régulation des conflits et de la socialité complexe de ces mondes créoles postcoloniaux ? C'est ce que s'attache à analyser ce volume, publié dans le cadre de l'OSOI (Observatoire des Sociétés de l'Océan Indien) de l'Université de La Réunion.

« pou fé ri la boush/ Fer gagn riye ? » ; rires amers dans les littératures et productions filmiques réunionnaises et mauriciennes

Ce qui de l'astre est un contour peut aussi devenir la ligne de fuite qui incarne et oriente, qui élargit le champ pour mieux inscrire la parole dans une poétique chargée de vies. D'où parle le nomade ou le marathonien ? De quels espaces prisonniers ou dans quels territoires redessinés se configure la parole ? Comment opérer sur la partition le ressourcement des appartenances quand elles acceptent de se déposséder ? Il y a l'étoile qui trace dans l'immensité le chemin qui jamais ne sera accompli. Il y a aussi les voix démultipliées qui résonnent dans l'antre d'un esprit créateur. Les débats viendront qui tenteront de saisir le lieu, qui tisseront ou détisseront les ancrages historiques et culturels, les filiations pastorales soudain ranimées, dans une géographie martelée par le colonialisme et la désillusion des indépendances. Mais fondamentalement se murmurent et se scandent la puissance d'une révolte et l'invention d'un langage, peut-être partagé, toujours singulier. Le présent ouvrage, consacré à l'oeuvre d'Abdourahman A Waberi, est né du colloque qui s'est tenu à Barcelone, organisé par l'Université Autonome de Barcelone, en partenariat avec l'Université de Lille 3, permettant à des chercheurs et des critiques venus de tous les horizons géographiques d'échanger leurs points de vue et de mettre en relation les travaux qu'ils mènent sur l'auteur djiboutien.

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