Pour le cinquantenaire du déclenchement de l'insurrection algérienne, Le Monde a demandé à Marc Garanger de retourner dans la région même où il avait séjourné et photographié, uniforme sur le dos, quarante-cinq ans auparavant. Pour retrouver les lieux, les personnes, pour montrer ce qu'elles étaient devenues, raconter leur parcours depuis lors : combattants du FLN, Algériens qui résidaient au " bled " ou appelés du contingent. Le voyage de Marc Garanger fut un temps d'échanges et de rencontres bouleversantes. Son travail photographique accompagné des textes de Sylvain Cypel, veut résolument aujourd'hui œuvrer à la réconciliation des hommes et des peuples.

Marc Garanger, retour en Algérie

Les photos de ce livre ont été prises pendant la guerre froide, période des grandes heures du KGB post-stalinien, des usines et chantiers du Goulag. C'est la pleine expansion d'un empire aux mains du complexe militaro-industiel. L'Union soviétique semble un bloc monolithique. Immense. Fermé. Inconnu, voire terrifiant pour la plupart des Occidentaux. C'est aussi l'heure, dans le monde, des grandes révolutions post-coloniales et, pour Marc Garanger, une partie de la terre qui s'entr'ouvre. Par delà le rideau de fer, il est subjugué par ces multiples frontières et l'immensité des paysages. Il découvre un pays, ses quelques centaines de millions d'hommes, leur histoire, leur quotidien, leurs passions et leurs mystères qu'il va tenter de partager. Dans les pires difficultés, politiques, financières et climatiques, il déjoue pas à pas, année après année, têtu et généreux comme un paysan, tous les pièges qui lui sont tendus. Rejetant l'exotisme, il marche sans trêve sur le fil ténu du quotidien : témoigner, laisser parler les visages. Ici, comme ailleurs, les mêmes passions, les mêmes rites. Partageant le pain des ouvriers des sovkhozes, la tête d'agneau bouillie des nomades kirghizes, ou le foie de cheval cru et congelé des chamans yakoutes, il entend une petite phrase, la même à chacun de ses pas : « Mon âme souffre. Et la vôtre ? » Et nous la renvoie dans ce livre.

Russie, visages d'un empire

En 1960, je faisais mon service militaire en Algérie. L'armée française avait décidé que les autochtones devaient avoir une carte d'identité française pour mieux contrôler leurs déplacements dans les " villages de regroupement ". J'ai ainsi photographié près de deux mille personnes, en grande majorité des femmes, à la cadence de deux cents par jour. J'ai reçu leur regard à bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente. Je veux leur rendre témoignage.

Femmes Algeriennes 1960

Carnets sibériens - Un reportage de "La Croix-l'Evénement" - Occasion

Algérie 1960. C'est la guerre. Un jeune soldat français, un homme, un étranger, a voulu garder la mémoire des années de violence dans le regard et les gestes des femmes des Hauts-Plateaux. Un jeune soldat français a photographié, comme un ethnologue, à la fois proche et distant, les femmes dans la maison, les mères, les filles et les aïeules, les femmes qui donnent la vie, qui inventent depuis toujours les mêmes gestes de l'amour quotidien, du désir, de la tendresse contre la guerre et la mort.

Leïla Sebbar

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