La critique théâtrale souffre d'un déficit de légitimité. Production éphémère, on l'utilise en général à titre documentaire, pour éclairer les choix d'un dramaturge, les conditions de création d'une pièce, les réactions du public. Elle mérite pourtant mieux, et c'est ce que voudrait montrer ce livre, qui la saisit au moment où elle se constitue en genre à part entière au XIXe siècle. Le discours critique apparaît alors autant comme l'un des lieux où s'élabore une pensée du théâtre que comme un espace conflictuel marqué par la passion. Il distille le miel et le fiel au gré des modes et des polémiques. Qu'ils soient journalistes, écrivains, professeurs, ou parfois les trois tout ensemble, les chroniqueurs dramatiques doivent donc être considérés comme des acteurs essentiels de la vie théâtrale, telle qu'elle s'épanouit dans la France du XIXe siècle.

Le miel et le fiel ; la critique théâtrale en France au XIXe siècle

«Du plus célèbre des romans de Maupassant chacun connaît l'intrigue, chacun sait l'histoire de la pauvre Jeanne, accumulant déceptions et rancoeurs, dans le mariage puis dans la maternité, avançant dans la vie de désillusion en désillusion. Chacun a compris depuis longtemps qu'une vie représente la vie, celle d'une jeune noble dans une société en mutation, celle d'une femme dans un univers machiste la vouant à une muette ignorance, celle d'un être qui connaît l'expérience existentielle décisive de l'écart entre le rêve et la réalité dans la non-réalisation des espérances. À qui la faute ? À la société, à la famille, à Dieu, mais surtout à la littérature, la grande menteuse, la grande coupable. En engageant la responsabilité de l'artiste dans la faillite d'une existence, Maupassant reprend le flambeau de son père spirituel, Gustave Flaubert, en refusant toutefois radicalement de céder aux blandices de la charmeuse Littérature. [...]»  Marianne Bury.

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