Aujourd'hui, la question patrimoniale déborde le domaine artistique, elle s'est étendue à tous les champs de l'activité humaine par des mobilisations culturelles qui en affirment l'importance du point de vue des enjeux de société. Curieusement, les lieux de production scientifique, comme les universités, ont longtemps été étrangers à ces démarches de prise en compte et de valorisation de leur mémoire et de leur culture matérielle. Les auteurs de cet ouvrage ont des appartenances institutionnelles et des fonctions diverses qui leur confèrent une expertise de la question patrimoniale et archivistique. Ils portent ici un regard singulier sur un désintérêt qu'il était temps d'interroger, tout en révélant les potentialités ouvertes par les usages pionniers mais nombreux des patrimoines scientifiques. L'expérience aujourd'hui accumulée par les chercheurs leur permet d'affirmer que les démarches d'inventaire de matériel scientifique, de relevés photographiques de plans, ou d'exploration menées dans des fonds d'archives hétérogènes sont des démarches méthodologiques qui conditionnent la construction d'une connaissance historique objectivée. Sauvegardés, ces patrimoines ouvrent la voie à des pratiques d'enseignement innovantes et riches d'atouts pédagogiques ; valorisés, ils constituent également un terrain d'enjeux éminemment politiques. Ils participent a la définition du rôle social des établissements d'enseignement supérieur ainsi qu'a l'élargissement de leurs missions en regard du rôle culturel majeur qu'ils sont appelés à jouer dans leur territoire d'accueil.

Mémoire et culture matérielle de l'université - Sauvegarde, valorisation et recherche

A un moment où l'attention se concentre sur l'avenir de la recherche et sur le devenir des universités françaises, cette étude historique de la genèse et du développement d'un pôle scientifique en province montre la capacité de l'histoire à éclairer les enjeux du présent. Les travaux qui ont porté jusqu'alors sur les logiques historiques locales de construction des pôles universitaires sont relativement peu nombreux. Ces questions sont ici abordées d'une manière originale en proposant des éclairages nouveaux sur l'évolution de la Faculté des Sciences et des écoles d'ingénieurs nancéiennes au cours d'un siècle de forte expansion industrielle. Cet ouvrage s'appuie sur des archives souvent inédites et ouvre des perspectives sur les thèmes suivants : L'architecture et l'organisation spatiale de l'université dans la ville ; La compétition Nancy-Metz pour la création de la Faculté des Sciences ; L'expansion de la Faculté des Sciences : ses équipements, ses enseignements, ses étudiants ; L'évolution des pratiques d'enseignement et de recherche : la création d'un centre moderne des sciences de la terre et l'implantation de nouvelles disciplines comme le génie chimique ; L'innovation pédagogique dans la formation des ingénieurs des mines et l'évolution des métiers, à travers l'exemple des ingénieurs-prospecteurs coloniaux. Ces contributions mobilisent des traditions et des méthodologies disciplinaires diverses qui relèvent d'une démarche socio-historique, avec l'ambition d'éclairer les conditions sociales de production et de diffusion des savoirs.

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