L'acte de création, très valorisé et méconnu, concerne tous les domaines de la vie professionnelle et sociale. Il prend en partie la place du concept d'innovation et apparaît comme un nouvel impératif social relevant de l'injonction de subjectivité. Rendre compte par la voie de l'expérience des actes considérés comme les plus significatifs de l'existence humaine suppose de disposer d'outils d'analyse non seulement des activités en jeu et de leurs relations, mais aussi des constructions de sens et significations qui s'opèrent autour d'elles dans les parcours des sujets et dans leurs interactions.

La création comme expérience

L'expérience est à la fois un vécu, une construction mentale et une communication. Elle affecte à la fois l'activité du sujet et le sujet lui-même. Elle ne peut être identifiée que comme singulière tout en mettant en jeu des universels de pensée/langage. C'est le singulier qui permet d'accéder à l'universel et non l'universel au singulier. Toujours singulière, l'expérience n'est pas toujours rare. Vivre une expérience rare contribue-t-il à construire une compétence rare ? La recherche sur ce vécu d'expérience constitue en tout cas une entrée rare pour accéder à la compréhension de l'universalité des processus d'apprentissage et de construction de compétences, notamment de leur caractère conjoint dans la relation. Cet ouvrage est tout entier fondé sur le constat qu'une situation réputée difficile, socialement désignée comme relevant d'une conjonction rare de déficiences, peut être transformée en occasion rare d'apprentissage. Merci aux acteurs-trices de ce champ d'engager cette voie d'action et de recherche.

Apprendre d'une expérience rare

Les publics des établissements et services sociaux et médicosociaux sont de plus en plus hétérogènes. Face à cela, qu'en est-il des catégories utilisées dans le champ du travail social et de l'intervention sociale ? Comment les personnes concernées par les orientations, et stigmatisations qui en résultent, réagissent-elles ? Il importe de cerner la possibilité même d'une catégorisation au vu de la complexité des problématiques individuelles et des situations particulières. Dans tous les cas, se jouent de nouveaux rapports à l'assistance, ce qui impose de sortir de la focalisation sur la thématique de « l'usager » pour mieux penser la question de la citoyenneté des personnes vulnérables.

Usagers ou citoyens ? - De l'usage des catégories en action sociale et médico-sociale

De quelle façon les personnes étiquetées perçoivent-elles les processus d'étiquetage qui les affectent, comment se les approprient-elles ? Comment les "négocient-elles" de soi à soi et de soi à autrui, en particulier dans les présentations de soi ? Cette recherche s'appuie sur l'analyse d'un débat de patients en santé mentale, filmé dans un objectif de transformation des représentations des publics sur les personnes en souffrance psychique. L'étiquetage est vu ici du côté des personnes étiquetées et traité comme une expérience dans son triple aspect de vécu immédiat, de retentissement et d'élaboration personnelle, de narration et de "transmission" à autrui. "Endosser l'étiquette", par exemple, devient une forme de négociation, tant subjective que sociale. "Communiquer" ne se limite pas à communiquer avec autrui, même avec un autrui pluriel. S'ouvrent ainsi des perspectives de compréhension et d'action tant pour la recherche que pour les personnes en interaction dans la relation soin/action sociale.

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