Centrée sur les grandes sculptures en plâtre non armé de l'artiste français, cette monographie offre un panorama des diverses techniques employées dans un travail expérimental sur les états transitoires de la matière, avec trois essais.

Arnaud Vasseux

Volume - sic

"Personne ne trouvera étonnant que j'aie tiré tout cela au jour, que je l'aie incliné sous la lumière (...)". Cette phrase de R. M. Rilke s'applique bien au livre de Mathieu Provansal, Folklore - Le désoeuvrement. L'artiste, écrivain, sculpteur, éditeur, est, aussi (d'abord) photographe. Il nous invite, dans ce livre d'images, à visiter ses domaines ; ceux de la mémoire. Les images de ce livre très composé (ainsi qu'on le dit d'un texte) courent de 1990 à 2012, sur une durée de vingt-deux années. On y voit l'artiste faire son autoportrait, les Cahiers de Malte à la main ; bien d'autres portraits l'accompagnent, qui "font famille", qui s'apparient, ainsi que les cartes dans le jeu dit "patience" ou "réussite". Les amis, les lieux, les courbes et les contours des corps aimés : chaque aspect du monde évoqué l'est dans le souci de trouver le "juste milieu". Là s'opère ce travail particulier de la mémoire, qui, par tri et par jeu, restitue, par-delà la posture folklorique de l'artiste, le sens profond de l'acte, à la fois remémoration et offrande. Hommage ou contre-don dédié à Roger Laporte, la biographie photographique de Provansal est un cadeau pour le lecteur : "A toi de voir" ce qui, de cette écriture impossible de l'oeuvre et de la vie, se donne le mieux à nous.

Folklore, le désoeuvrement

Contrairement aux apparences, le livre Aux circonstances est d'abord le fruit du travail d'un écrivain. Il reste certes livre d'artiste par sa forme et par le jeu avec les conventions éditoriales. La page de couverture contient les éléments d'une quatrième de couverture. Alors que le dos - la quatrième de couverture - donne la table des matières. Le contenu du livre, album de photographies composées, sensibles, et agencées par thèmes, met en réalité en place tous les éléments d'un récit à la fois fictionnel et intensément intime. Objets légers (palmier, desserts), charnels (le corps d'une aimée), vitaux (les amis), les images tiennent par elles-mêmes individuellement et mises en série, par leur force photographique. Mais l'invite de fiction littéraire présente sur la première page nous déroute sur la piste de la légèreté. Ce livre de Mathieu Provansal renferme bien d'autres strates (une géographie sous-jacente), bien d'autres aspects (la fonction des portraits). Une narrativité souterraine informe les contenus de ce livre d'images. Toutes choses qui appellent au commentaire.

Aux circonstances

Observateur de la vie du vallon de Marcillac, situé dans l'Aveyron entre Rodez et Conques, Mathieu Provansal donne à lire dans ce recueil une sélection des chroniques de son bulletin, une simple feuille pliée en deux, intitulé L'officier du vallon. Chaque mois depuis 2013, l'auteur, qui en est aussi le seul rédacteur, le distribue de main en main sur la marché dominical de Marcillac, dans certains commerces ou bien encore dans les vestiaires des centres sportifs, puis par abonnement. Les chroniques de L'officier du vallon se font caisse de résonance des enjeux de l'aménagement des territoires ruraux français : enjeux à la fois politiques, sociaux, urbanistiques et environnementaux, tous inéluctablement mêlés. Certaines de ces chroniques se développent aussi sur le mode du feuilleton. Mathieu Provansal mène des enquêtes, se renseigne, raconte et relate des soirées ou moments festifs, artistiques, tient le baromètre de l'environnement marcillacois. La démarche de l'auteur est proche de Charles-Albert Cingria, ou de certains écrits d'Alexandre Vialatte.

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