Envahissant les espaces et les temporalités individuelles, sociales et sociétales, la radicalisation comporte des implications multiples, complexes, toujours pénalisantes, dont il importe de tenter d'en comprendre les mécanismes. Cet ouvrage contextualise d'abord les circonstances d'émergence de la radicalisation violente et, par une approche multidimensionnelle (psychologique, sociologique et culturelle), propose des éléments de compréhension. Il se concentre sur l'adolescence, moment de fragilités prenant parfois forme de violences, surtout en milieu scolaire.

Déviances, transgressions et radicalisation

L'adolescence constitue une période cruciale dans l'évolution physique et psychique dans la vie de chaque personne. Les enjeux identitaires sont importants durant l'adolescence, tout particulièrement pour certaines catégories de jeunes issus de l'immigration. Les ruptures causées par le processus migratoire, l'impact du vécu social, les difficultés économiques, les problèmes sociaux liés à l'insertion des parents dans le pays d'accueil, les ruptures culturelles, les impératifs de l'environnement quotidien pour certains adolescents, influent sur leurs enjeux identitaires. Ainsi, des adolescents qui vivent dès leur enfance des situations ambivalentes, avec des relations traditionnelles au sein du foyer familial, les impératifs de la discipline éducative scolaire depuis la maternelle et l'exigence des règles de la société, peuvent devenir étrangers à eux-mêmes et à leur entourage. Se sentir doté de nouvelles capacités physiques et intellectuelles, sans en maîtriser les contours et les limites, peut entraîner, chez certains adolescents issus de l'immigration, des comportements d'attrait et de répulsion envers les schèmes et croyances de la culture traditionnelle des parents et les normes et règles de la société moderne dans laquelle ils ont toujours vécu. Entre ce va-et-vient et un manque de discernement pour maîtriser les contours et les limites de leurs comportements, la frontière de la transgression est vite atteinte. Elle peut se manifester sous différentes formes de déviance, dont la plus médiatisée, néanmoins la plus dangereuse est celle qui épouse les idées extrémistes, aboutissant à des actes terroristes. Le présent ouvrage s'intéresse à plusieurs champs socioculturels dans différents pays : Belgique, Brésil, France et Maroc, pour saisir les rapports des jeunes entre eux, avec leur entourage familial et les institutions scolaires et administratives. Mohamed El Moubaraki.

La santé mentale des jeunes

"Il n'y a, à la base, aucune différence, sur le plan épidémiologique entre les migrants et les autochtones. Les écarts au niveau des indicateurs de santé, entre ces deux catégories de population, sont dus au parcours migratoire, à ses conséquences socio-économiques et politiques. Le processus d'exil, les conditions de vie (travail, logement, accès aux droits et au système de soins), aggravées par les situations de fragilité et d'exclusion, sont les facteurs générateurs de la détérioration précoce de la santé physique et mentale des migrants. Si l'espérance de vie de la population française se situe autour de 80 ans, l'une des plus élevées dans le monde, grâce à un système de santé performant et une bonne hygiène de vie, celle des personnes âgées immigrées baisse à 70 ans. La détérioration de la santé des migrants pourrait s'expliquer par la pénibilité des travaux effectués dans les chantiers de bâtiment et des travaux publics, dans les mines, la construction automobile et métallurgique, les cultures maraîchères... travaux physiques qui usent précocement le corps et le font vieillir avant terme. C'est ainsi qu'on considère qu'à partir de 55 ans, les migrants ayant subi cette pénibilité du travail sont déjà des personnes âgées. A cela s'ajoute le handicap de la langue et le déficit d'une éducation à la santé appropriée." Mohamed El Moubaraki.

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