" Le gosse a eu un impétigo assez impressionnant. Les parents l'ont emmené à l'hôpital. Evidemment, on ne voulait plus le leur rendre. Il a fallu que je fasse pression sur les médecins. Je savais que si on leur enlevait leur gamin, ils le kidnapperaient. (...) Ils disaient : "On ira péter à coups de barre de fer la baraque où notre gosse est enfermé." J'ai réussi à faire comprendre ça aux médecins et aujourd'hui le couple accepte de rester dans une caravane sur le terrain de camping -que j'ai dû payer le premier mois... C'est tout à fait typique de gens qui, sûrement par peur d'être enfermés, ont tout refusé, mais qui ont quand même une relation très forte sur le plan affectif. Quand ils prennent des cuites dans les gares -car c'est impossible d'y tenir le coup sans se réchauffer de l'intérieur-, ils le font chacun à leur tour : un jour, c'est toi ; un jour, c'est moi, parce qu'il faut que l'un des deux reste à jeun pour soigner le bébé. J'ai pu faire remarquer au service hospitalier dans lequel le bébé est resté pendant trois semaines que ce bébé se tordait de rire quand les parents arrivaient. J'ai ainsi pu faire jouer la carte de la valeur éducative des parents. Et ils sont dans leur caravane depuis un mois. " (Extrait de la contribution d'Yves Bériot.)
Cet ouvrage a un ton assez inhabituel. Il ne s'inscrit pas dans une logique de grands discours : il laisse la place aux témoignages et au libre débat. Partie intégrante et point d'aboutissement de la formation de dix-neuf stagiaires ayant constitué la promotion du dispositif expérimental de formation, il a été construit sur la base de leurs recherches sur le terrain et des séquences de formation s'y référant. De leurs travaux émergent notamment une typologie des modes actuels d'intervention de la prévention spécialisée ainsi qu'un repérage de l'histoire de ses fonctions. Passé et présent sont mis en relation pour un questionnement sur les enjeux et les transformations de la prévention spécialisée.

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