Depuis la fin du XIXe siècle, la mort des juifs occupe une place importante, plus ou moins visible selon les périodes, sur la toile de fond de nos sociétés. Elle fut désirée et brandie dans le slogan " Mort aux juifs! ". Elle a été mise à exécution sous les ordres nazis. Elle est manipulée par le négationnisme, en divers lieux et à divers usages. La mort des juifs est interrogée par les sciences humaines. Des écrivains et des artistes ont affronté à son sujet la question de la disparition. Elle est parlée sur les divans des analystes. On la raconte, on la commémore, on l'enseigne. Des enjeux multiples se crispent autour d'elle, avivant périodiquement inquiétudes, irritations, tollés, instrumentalisations et mutuels anathèmes. Les textes qui composent ce livre ont pour objet cette mort. Celui qui l'ouvre, le plus récent, a été écrit en 2008. Celui par lequel il se termine, le plus ancien, en 1980. Entre les deux, donc, presque une génération d'écriture, individuelle et collective. Autant le comprendre et l'accepter: il faudra le passage d'une génération encore, au moins, pour que la mort des juifs réalisée au XXe siècle cesse peut-être enfin d'exaspérer le présent et de menacer l'avenir.

La mort des juifs

Punktem wyjścia wybitnego eseju Nadine Fresco jest osiem zdjęć ukazujących masakry Żydów na jednej z plaż w pobliżu łotewskiego miasta Lipawa. Widać na nich kobiety i dziewczęta, niekiedy nagie, zmuszane do pozowania przed śmiercią, i ciała rozstrzelanych, zsuwające się do wykopanych zawczasu dołów. Obrazy przedstawiające pierwsze prześladowania Żydów – bojkot ich przedsiębiorstw, "noc kryształową", łapanki – były publikowane w Trzeciej Rzeszy w celach propagandowych, ale robili je także – wbrew zakazom wydanym na początku masowych masakr – żołnierze i cywile, będący świadkami i uczestnikami tych zdarzeń. Nadine Fresco, opisując kilka z tych zdjęć z obiektywizmem i pozornym brakiem emocji charakterystycznym dla sztuki fotograficznej, osiąga efekt o nieprawdopodobnej sile.

La mort des Juifs

Entre silence et mémoire, quelle est la portée de la parole des " enfants cachés " Peuvent-ils devenir un objet d'étude historique, sociétal, psychanalytique ? Que dit leur récit de ce qu'on leur a tait et de ce qu'ils en ont fait ? Que racontent-ils de l'action de la population, rurale ou citadine, en France, en Pologne? Que relatent-ils des formes diverses prises par la Résistance' Quel peut être leur apport dans la transmission transgénérationnelle des persécutions et des sauvetages'? Comment l'histoire orale enrichit-elle notre compréhension de l'histoire? Ces thèmes de réflexion, dont l'examen constitue la matière de ce livre, ont été choisis et développés par treize spécialistes de sciences humaines (histoire, sociologie, psychanalyse), réunis au cours d'une Journée d'Étude (18 novembre 2005). Nous leur avions demandé de lire les récits d'anciens enfants cachés assemblés dans Traqués, Cachés, Vivants. Des enfants. juifs en France 1940-1945 - précédent ouvrage coordonné par Danielle Bailly, préfacé par Pierre Vidal-Naquet et paru aux Éditions I: Harmattan en 2004 - puis d'en proposer une libre analyse. Leur démarche d'interprétation méthodologiquement rigoureuse permet de dépasser le niveau des simples témoignages factuels et subjectifs, et d'en dégager un éclairage explicatif, des significations : d'où son utilité pour un travail de mémoire et de réflexion plus générale sur la Shoah, les autres génocides et l'engagement citoyen comme dispositif' de résistance. Aux contributions de ces chercheurs s'ajoute la transcription des débats qu'elles ont suscités avec les participants à cette Journée (une centaine de chercheurs, enseignants, anciens enfants cachés, militants d'associations de mémoire, etc.), illustrant la richesse du questionnement et l'émotion produites par les thèmes abordés. Enfin, une annexe comprend six courts textes de témoins co-auteurs de " Traqués, Cochés, Vivants ", qui ont souhaité prendre de la distance par rapport à leur propre histoire afin de mieux l'assumer : expérience pouvant servir à d'autres.

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