Le prêtre, le docteur et la sage-femme, dans le froid très vif de cette matinée de février, sous le soleil qui a enfin percé le brouillard matinal, se hâtent vers la place de l'église. Sans dire un mot, perdus dans les mêmes pensées, leur coeur au diapason, ils vont vers d'autres tâches, d'autres services, d'autres gens, d'autres joies, d'autres misères, d'autres vies. Ils n'ont pas vu le sein - gonflé du liquide de vie - jaillir de la chemise de Marie Coulon. Ils n'ont pas vu le geste tendre de Pierre Coulon, posant une couverture de laine sur les épaules de sa femme et, au passage, caressant le visage de son fils qui tête goûlument. Ils n'ont pas vu Marie, que la révolte a quittée au moins pour un temps, pleurer doucement, en caressant le semblant de main et le pauvre petit moignon. Ils n'ont pas vu Pierre Coulon dévaler l'escalier et, pleurant à chaudes larmes, s'activer pour ranimer le feu dans la cuisinière à charbon, et réchauffer les bienfaisantes bouillottes de son fils. Ils n'ont pas vu Pierre Coulon « barrer » la porte. Cette journée du 17 février 1907 a bousculé leur vie. Ils ont besoin d'être seuls. Quelques heures encore...

Le petit Monsieur

Au cœur de ce mouvement, Pierre Nadon est directeur d'une école privée dans un village d'Anjou. Sa femme Louise est enseignante dans une école publique à Angers et militante syndicale. Alors qu'elle multiplie les réunions de réflexion avec ses collègues, comment Pierre réagira-t-il compte tenu du devoir de réserve inhérent à sa fonction et face à la pression de son curé, du comité scolaire et de l'ensemble des parents ? Il va recevoir de Léa, sa maman qui habite Angers, un véritable appel au secours : Sylvie, sa fille aînée, une lycéenne volontiers rebelle, s'est engagée avec passion dans le mouvement et est tombée amoureuse de l'un de ses condisciples qui a coupé les ponts avec sa famille ! Quel que soit le jugement qu'on ait porté et qu'on porte encore sur les événements de Ce printemps-là, ils représentent, c'est désormais chose acquise, une référence. Rarement autant d'idées nouvelles n'ont été exprimées non seulement par les étudiants mais aussi dans tous les milieux en si peu de temps. L'idée qui sous-tend le livre de Paul Bourigault est que cette protestation parfois incohérente, excessive et maladroite a ému beaucoup de Français. Les masques sont tombés... les hommes se considéraient avec stupéfaction se demandant si le visage nouveau qu'ils découvraient était vraiment le leur. L'auteur utilise son talent de romancier pour parler de répercussions des événements en province et jusqu'au cœur des campagnes. Il s'attache à raconter avec ce sens de l'observation et son attachement profond à ses personnages, comment Mai 68 va amener les principaux protagonistes de son histoire à se révéler à eux-mêmes et à se remettre fondamentalement en cause. Dans la veine de ses précédents ouvrages Le café de l'église, Le journal d'un illettré, L'enfant et le bourrelier (Prix des écrivains régionalistes 2004) Paul Bourigault nous présente dans ce livre fort des personnages authentiques dont il dresse des portraits attachants.

Ce printemps-là

L'Enfant bourrelier

Le prêtre, le docteur et la sage-femme, dans le froid très vif de cette matinée de février, sous le soleil qui a enfin percé le brouillard matinal, se hâtent vers la place de l'église. Sans dire un mot, perdus dans les mêmes pensées, leur cour au diapason, ils vont vers d'autres tâches, d'autres services, d'autres gens, d'autres joies, d'autres misères, d'autres vies. Ils n'ont pas vu le sein - gonflé du liquide de vie - jaillir de la chemise de Marie Coulon. Ils n'ont pas vu le geste tendre de Pierre Coulon, posant une couverture de laine sur les épaules de sa femme et, au passage, caressant le visage de son fils qui tête goûlument. Ils n'ont pas vu Marie, que la révolte a quittée au moins pour un temps, pleurer doucement, en caressant le semblant de main et le pauvre petit moignon. Ils n'ont pas vu Pierre Coulon dévaler l'escalier et, pleurant à chaudes larmes, s'activer pour ranimer le feu dans la cuisinière à charbon, et réchauffer les bienfaisantes bouillottes de son fils. Ils n'ont pas vu Pierre Coulon « barrer » la porte. Cette journée du 17 février 1907 a bousculé leur vie. Ils ont besoin d'être seuls. Quelques heures encore...

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