D'une aussi petite province, devenue modeste département perdu au centre de la France, et sur laquelle il a déjà été tant écrit, tant répété, tant rabâché, il a su découvrir la substantifique moelle, c'est-à-dire qu'il s'est attaché à décrire - de la façon la plus originale possible - ce dont on ne parle que bien peu, et c'est ainsi que, tour à tour, il établit un calendrier subtil de ses Saints, s'efforce de mettre à jour ce qui peut justifier l'existence d'un art roman local, s'attarde à la visite de chapiteaux oubliés avec toutes leurs mains levées en thème obsessionnel, dresse une liste quasi exhaustive des croix de pierre sculptées dont, pour la France, il est l'un des rares spécialistes. Enfin, mêlant les leçons géographiques, historiques, artistiques et littéraires, il conduit le lecteur en trois régions plus particulièrement placées sous le signe sylvestre : forêt de Tronçais à la suite de Sainte Madeleine, forêt des Colettes aux rivages de la Sioule et aux abords du château de Chareil, bois éparpillés de Mercy avec leurs mythes, leurs légendes et leur réalité.

Le Bourbonnais (1). Ses églises et ses croix

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Les révoltés

De l'Azergues

Il est sur terre des lieux privilégiés. Ainsi de ce confluent du Rhône et de la Saône dont le triangle, déjà, écrit dans la géographie des ébats de sorcières. C'est ici qu'au IXe siècle débarquèrent des Tempestaires venus à travers les airs du pays de Magonie, c'est-à-dire « de la Magie » ; ici que naquit une hérésie bientôt transformée dans les campagnes proches en vauderie de chevaucheurs de balais et autres frères du Libre-Esprit, en attendant que les Templiers enfouissent leur trésor en un château voisin. Plus tard, Lyon devient la ville des kabbalistes puis des possédées, avant de s'affirmer, face au Paris rationaliste des Encyclopédistes, la capitale de l'ésotérisme. C'est un titre qu'elle va conserver désormais, avec ses dormeuses et ses margouillistes, plus tard Vintras et ses hosties sanglantes, l'abbé Boullan et ses messes noires. Là verra le jour le fondateur du spiritisme, Allan Kardec, et exercera ses activités un étonnant thaumaturge en la personne du Maître Philippe-de-Lyon. C'était hier : à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, sur les pentes de la Croix-Rousse, et en dehors de tout folklore mineur, dans l'attente de nouveaux prodiges, il est des soirs d'été où retentit au ciel le cri évoqué par Edgar Poe, entendu par Lovecraft, et qui est celui des oiseaux messagers : tikeli-li, tikeli-li.

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