Publié en 1955 après la mort de l'auteur - Pierre Teilhard de Chardin-, le Phénomène Humain a constitué un événement dans le monde catholique. Présentant une lecture profondément novatrice de la nature, de l'évolution, de l'humain et des relations entre la science et la foi, son succès dépassa rapidement les frontières de l'Eglise pour devenir un " best-seller " dans les années 60. Achevé en 1940, ce livre n'a pourtant jamais reçu, du vivant de son auteur, la permission de publication de la part de ses supérieurs. Le fond du problème : la nouveauté de l'approche teilhardienne décrivant, au coeur des phénomènes, le mouvement qui conduit progressivement de la Matière à la Vie, à la Pensée et à l'Humanité. Se fondant sur une analyse détaillée de sources souvent peu connues (correspondances, censures, multiples révisions des manuscrits, ...), cette histoire du Phénomène Humain s'attache à suivre, en le resituant dans le contexte ecclésial, le dédale des allers-retours entre Teilhard et ses supérieurs, en France et à Rome, à la recherche d'un " nihil obstat " jamais décroché. Elle met en évidence les difficultés récurrentes de certaines autorités ecclésiastiques de l'époque à s'ouvrir à une vision résolument évolutive de l'Univers et à intégrer " l'unité des choses sensibles " que révélaient néanmoins les sciences contemporaines. L'ouvrage étudie aussi, sans concession, les difficultés (épistémologiques et théologiques) inhérentes à l'oeuvre et à son statut (discours apologétique, de science ou de philosophie de la nature ? ). Il cerne de près le statut de l'oeuvre, sa portée, ses limites et sa fécondité pour la pensée actuelle, n'oubliant jamais que le texte doit être lu comme celui d'un scientifique qui pense comme un scientifique.

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