Paul e Daniel sono due fratelli francesi di origine marocchina. Paul è sempre stato bravo a scuola, ha un dottorato in letterature comparate ma tira a campare consegnando pizze e facendo il portiere di notte. Daniel ha sempre rifiutato le proprie origini, si esibisce in un peepshow e sogna di fare fortuna come bodybuilder, ma viene risucchiato nella pericolosa spirale del doping. Paul prova a scrivere la loro storia, da quando lui stesso si è avvicinato al pugilato per cercare di difendersi dai bulli al momento in cui si è accorto di provare qualcosa per la libraia Myriam, dal cambiamento che Daniel ha dovuto affrontare nel tentativo di accettarsi alla complicità intermittente che legherà i due fratelli per tutta la vita. Accolto all'uscita da un grandissimo successo di pubblico, Vivere mi uccide - che è stato al centro di un vero e proprio « scandalo editoriale » quando si è scoperto che dietro il nome di Paul Smaïl si nascondeva lo scrittore, traduttore e musicista bianco Jack-Alain Léger - esamina da vicino le discriminazioni della società francese nei confronti delle persone di origine africana, ma anche l'odio e la fuga dalla propria identità e la guerra che gli esclusi combattono gli uni contro gli altri: insomma, le contraddizioni, le paure e le complessità di un paese che somiglia ogni giorno di più al nostro.

Vivere mi uccide

Casa, la casa fait suite à Vivre me tue. "Suite" n'est pourtant pas vraiment le terme approprié pour qualifier ce qui s'apparente davantage à la poursuite d'une quête, quête d'identité, quête initiatique hilarante, caustique, désabusée de l'auteur-narrateur s'envolant vers le Maroc à la recherche de ses racines. Mais là encore, l'association des mots auteur et narrateur s'avère abusive. Car si le héros (ou l'antihéros) porte effectivement le nom de l'auteur, rien n'est plus éloigné de la démarche autobiographique que cette entreprise où le narrateur revendique son statut de personnage de fiction, de double romanesque d'un écrivain qui, en réalité, ne s'est jamais appelé Paul Smaïl, identité fictive, pseudonyme de circonstance.

Casa, la casa

Rentrée littéraire 1997 : Vivre me tue, le premier roman d'un inconnu, Paul Smaïl, narrant avec autant de rage que d'ironie mais beaucoup de tendresse aussi, le vécu tuant d'un Beur fou de littérature, fait l'effet d'une bombe. D'autant que l'auteur a choisi de se cacher à l'instar d'un Pynchon ou d'un Salinger. Rentrée littéraire 1997 : Jack-Main Léger publie une sorte de bilan de sa vie d'écrivain et de musicien : Ma Vie (titre provisoire) et subit une énième cabale. Janvier 2001 : Paul Smaïl publie Ali le Magnifique. La polémique fait rage : à son tour de subir un lynchage médiatique. Surtout quand est révélé enfin que Léger et Smaïl ne font qu'un ! La réédition d'un roman-culte devenu introuvable...

Vivre me tue

«Beauté berbère, disait avec les yeux de l'amour Myriam. Mais on ne me la fait pas. Et à un patron moins encore. Les pires sont les directeurs de ressources humaines. Ils vous repèrent tout de suite, ils vous flairent comme des chiens dressés à le faire, ils ont l'oeil. Je ne suis pas une ressource humaine, j'ai trop sale gueule. C'est tout vu.»Pour crier sa rage, Paul pourrait choisir la violence mais, nourri de littérature, c'est vers les mots qu'il se tourne, parce que seuls les mots peuvent le sauver de la haine. Jour après jour, il noircit les pages d'un carnet, et raconte Myriam, sa princesse juive, Daniel, le frère qui vit si mal sa condition de beur, les petits boulots, en attendant. En attendant quoi ?Interdit d'avenir, il choisit finalement de partir, pour conjurer le sort et aussi parce que Conrad, Melville, Stevenson lui ont soufflé que le salut était peut-être dans l'aventure.

Vous n'avez jamais lu ça.C'est Le Rouge et le Noir de notre temps. C'est notre Lolita. C'est notre Voyage au bout de la nuit. C'est l'histoire de Sid Ali - dit Ali le Magnifique, oui, comme Gatsby ! -, l'histoire tragicomique d'un jeune beur de génie, épileptique comme l'Idiot, odieux et charmeur, faux dur et vrai tendre, trop fragile pour endurer la dureté des temps, et qui a manqué d'amour dans son enfance, et qui a été fasciné, et perverti, par la société du Spectacle... Et qui en devient fou, et qui tue la seule femme qui l'ait jamais respecté et aimé - pour se venger, mais de quoi ? Et qui ensuite en tue trois autres, sans raison, sans plaisir - parce que, faute de devenir star, on devient serial killer, et on a droit alors, comme les stars, à la cover de Match et de Voici... C'est l'histoire de ce héros anti-héros, emblématique de notre époque, Ali le Magnifique, qui, en prison, retrouve la foi en Dieu - son Dieu ou un autre, qu'importe ? - et des vers de Rimbaud qu'il croyait oubliés, et un air de Mozart... Et il est sauvé et damné, innocent et coupable, comme nous tous, dans un monde qui ne sait plus la différence entre le Bien et le Mal - chez les morts vivants que nous sommes devenus devant nos écrans. Vivre le tue.

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