Né à Paris en 1925 dans un milieu modeste, Pierre Carré connaît les conditions d'existence des travailleurs manuels parmi lesquels il ne craint pas d'affirmer sa foi et de débuter une action militante, Cela le conduit peu à peu vers l'éclosion d'une vocation sacerdotale. Il a 28 ans quand il entre au séminaire. Puis, poussant plus avant dans le don de lui-même, il choisit la vie religieuse chez les Fils de la Charité, voués à l'évangélisation du monde ouvrier.
1965, c'est Vatican II et la nouvelle possibilité d'envoyer des " prêtres au travail ". Pressenti par les Fils de la Charité et la mission ouvrière de Villejuif, Pierre Carré accepte cette tâche nouvelle et devient l'un des 48 " nouveaux P.O. " de la " reprise " de 1966. Très sincèrement, il décrit les conditions et les circonstances à partir desquelles il pénètre à nouveau dans une usine. On assiste alors à l'évolution de l'auteur qui retrouve ses anciennes marques d'ouvrier, puis de militant. Et là, toutes les barrières, les recommandations de la hiérarchie vont tomber une à une pour faire du prêtre un travailleur parmi les travailleurs, à ceci près que Pierre maintient toujours en éveil son souci d'annoncer l'évangile, plus par sa vie que par sa parole.
Les péripéties vécues (mai 68, son arrivée à Fos-sur-mer, son militantisme à la Solmer avec sa participation à la grande grève de 1979, sa retraite, son investissement dans le monde associatif et municipal de Port de Bouc, ses activités prud'homales et syndicales) sont décrites avec beaucoup d'humanité, de compréhension, de lucidité. Sa " charité " vécue au jour le jour s'accompagne d'humilité, parfois d'humour, toujours de vérité. La conclusion du livre est d'une haute tenue.
Ce témoignage, d'un " P.O., 2e formule " constitue un document extrêmement intéressant, voire typique des cheminements de la génération des prêtres modelés par Vatican II, soucieux d'assurer une présence sacerdotale au sein de la classe ouvrière.

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