Ce livre nous invite à faire la connaissance d'Etienne-François Dutour de Salvert qui fut lauréat du prix sur l'aimant à l'Académie (1746), traducteur de Needham, de Jurin et de Symmer, minéralogiste à ses heures, adversaire des franklinistes en électricité, auteur d'expériences et de théories sur la vision, la réflexion, la réfraction, la diffraction, la capillarité, l'adhésion, la dissolution, la submersion, compatriote de Gilbert Romme et auteur d'une concordance entre les Evangiles...

Etienne-François Dutour de Salvert (1711-1789) - Un physicien auvergnat du XVIIIe siècle

Dans le premier XVIIIe siècle, à travers toute l'Europe, le « cartésianisme » et le « newtonianisme » suscitent des discussions parfois âpres. Qu'en est-il à Lyon ? Quel parti prennent les savants lyonnais ? Sur quels objets se portent leurs réflexions ? Dans quels cadres épistémologiques placent-ils leurs travaux ? Quelle place occupent ces réflexions et ces travaux au sein de la République des Lettres et sont-ils originaux ?
Cet ouvrage vise à répondre à ces questions en dressant le panorama d'un paysage scientifique essentiellement à l'aune des archives de deux institutions majeures et méconnues de la vie savante au siècle des Lumières : l'Académie des sciences et belles-lettres et l'Académie des beaux-arts de Lyon. Il fait ainsi revivre les questionnements et les pratiques scientifiques d'alors, en en soulignant toute la richesse et toute la complexité, et invite notamment à s'interroger sur la pertinence des catégories historiographiques « cartésiens » et « newtoniens ».

Autour de Descartes et Newton

Voici la première édition du Tableau historique des progrès de l'esprit humain, grand œuvre du mathématicien, philosophe et révolutionnaire Condorcet, auquel il a travaillé plus de vingt ans, depuis ses années de jeune savant à l'Académie royale des sciences, jusqu'à celles de sa proscription politique sous la Terreur. Son prospectus, sous le titre Esquisse d'un tableau historique..., est célèbre depuis deux siècles. Réédité plus de vingt fois en France depuis l'an III, ouvrage le plus connu et certainement le plus lu de Condorcet, il a nourri une très grande part des réflexions ultérieures sur l'histoire des sciences et celle des progrès que pouvait en espérer l'espèce humaine. Le présent volume rassemble en une même édition amplement commentée les projets initiaux des années 1770 et 1780, le texte de l'Esquisse, établi au plus près des manuscrits, et les développements qui devaient former la perspective restée inachevée, écrits quant à eux en 1793 et 1794. On sait que Malthus, quelques années après la parution de l'Esquisse, a conçu son Essai sur le principe de population en tant qu'il influe sur le progrès futur de la société pour contrer les thèses résumées par Condorcet. Dans cette querelle, les savoirs que l'on qualifiera bientôt de démographiques, ceux des sciences sociales, connaîtront une impulsion décisive. Mais aujourd'hui, ce que nous pouvons connaître de la philosophie de l'histoire chez l'héritier des Lumières est radicalement changé. Restitué au miroir des renouvellements considérables de l'histoire des sciences et des Lumières accomplis depuis une vingtaine d'années, situé rigoureusement dans ses contextes savants, intellectuels et politiques, le Tableau n'est plus ce credo aveuglément progressiste qu'on a lu dans l'Esquisse, tant on était dépendant de l'exposé résumé et des commentateurs ultérieurs, mais une subtile réflexion sur les conditions favorables ou défavorables à l'amélioration de l'humanité, et sur les limites de la connaissance de ses futurs possibles tels qu'on pouvait alors raisonnablement les conjecturer. L'édition est le résultat d'une dizaine d'années de travaux conduits par un groupe de chercheurs et d'enseignants qui ont contribué aux renouvellements historiographiques des deux dernières décennies, auquel se sont joints des experts aux compétences complémentaires notamment pour l'analyse matérielle des manuscrits.

Tableau historique des progrès de l'esprit humain - Projets, Esquisse, Fragments et Notes (1772-1794)

Cet ouvrage faillit deux fois être édité.
En 1777, Charles-François Bicquilley, garde du corps du roi, mathématicien original, issu d'une famille touloise ayant occupé à peu près toutes les responsabilités dans la magistrature locale, écrivit un poème héroï-comique de 2802 vers, La Croisade, à la mode de Voltaire. Il s'agissait de ridiculiser ceux qui, moyennant honneurs, pouvoirs ou finances, venaient d'accepter, voire de fomenter, le démembrement du diocèse de Toul. La ville recevait ainsi en effet un rude coup. Le style de l'ouvrage est mordant et agréable, la dénonciation des bassesses et de la vanité est toujours actuelle.
L'écrit, qui circulait sous le manteau, fit quelque bruit. Charles-François Bicquilley, en bon scientifique, en avait préparé une édition annotée avec pièces justificatives, importantes pour l'histoire de Toul. Malheureusement, pour des raisons inconnues (financières ? crainte de la répression ?), il ne fut pas publié. L'auteur, acquis aux idées nouvelles, mérita ensuite la confiance de ses concitoyens, puisqu'il fut élu maire de Toul en 1790, puis administrateur du département. Inquiété sous la Terreur, il en réchappa cependant et assuma d'autres responsabilités sous la République, se retirant de la vie politique au début de l'Empire qui ne correspondait pas à ses convictions.
Cent ans plus tard, Albert Denis, lui aussi maire de Toul et conseiller général, député, grand historien de la cité, rouvrit le dossier et prépara une nouvelle édition qui reprenait intégralement le manuscrit de l'Auteur et le complétait par plusieurs notices et documents historiques. Là encore, le manuscrit était prêt pour l'édition en 1892, mais une note en haut de la première page nous signale que le projet fut abandonné pour des raisons financières.

La croisade

Un correspondant de l'Académie des sciences a-t-il publié des mémoires dans chacun des six premiers volumes des Mémoires des Sçavans étrangers (1750-74) ? Existe-t-il un fonds d'archives publiques conservant plus d'une centaine de lettres inconnues de ou à destination de Buffon, Lavoisier, Lalande, Monge, D'Alembert, Hauy, Bézout, Guettard, et une correspondance suivie sur un demi-siècle avec les plus grands libraires-imprimeurs parisiens des Lumières ? Comment étudier des petits cahiers cousus d'écrits scientifiques, datés à l'heure près, avec les conditions atmosphériques, et surchargés de paperoles collées ou épinglées, de minutes de lettres et de réponses de savants prestigieux commentant ces expériences ? Un Auvergnat, qui doute des tourbillons cartésiens et renâcle devant les mystères de l'attraction newtonienne, peut-il se donner des consignes en anglais ? Si ces questions vous intéressent, faites la connaissance (à Bailleul, Avallon, Riom, Davayat, Salvert et Bellenave) d'Etienne Dutour de Salvert (1711-89), lauréat du prix sur l'aimant à l'Académie (1746), traducteur de Needham, de Jurin et de Symmer, minéralogiste à ses heures, adversaire des franklinistes en électricité, auteur d'expériences et de théories sur la vision, la réflexion, la réfraction, la diffraction, la capillarité, l'adhésion, la dissolution, la submersion, compatriote de Gilbert Romme et auteur d'une concordance entre les Evangiles.

Un ouvrage pour aborder la vie intellectuelle du siècle des Lumières au travers d'une de ses importantes, mais trop méconnue figure, Pierre Sigorgne. Il n'existait encore aucun ouvrage sur l'abbé Pierre Sigorgne (1719-1809), introducteur des idées de Newton à la Sorbonne et dans l'enseignement en France. Ce collectif brosse un tableau d'ensemble de la biographie, de l'oeuvre scientifique, philosophique et religieuse de cet homme des Lumières, original, savant et méconnu. 17 contributions y exposent dans un style accessible les péripéties de sa vie (de la Bastille au diocèse de Mâcon, en passant par ses ennuis sous la Révolution), ses apports en physique, ses relations avec les grands de son temps (Turgot, Madame du Deffand, D'Alembert, Charles Bonnet, J. J. Rousseau, Lamartine) et même ... ses fables.

Pierre Sigorgne (1719-1809) - Un polémiste newtonien, de l'université de Paris à l'évêché de Macon

Il y a deux cents ans, le 29 mars 1794, on retrouvait Condorcet sans vie dans la prison de Bourg-la-Reine : occasion pour le groupe de travail sur Condorcet de se joindre aux célébrations nationales et de présenter un état actuel des recherches menées depuis 1988, date du premier colloque consacré à l'un des grands hommes du XVIIIe siècle. Outre des aperçus sur la biographie, chantier toujours ouvert car bien des ignorances subsistent, on trouvera, groupés sous deux grands thèmes - " Sciences et instruction ", présenté par Michèle Crampe-Casnabet et " La Révolution et la République ", introduit par François Hincker - une vingtaine d'études apportant des éléments nouveaux à notre connaissance des œuvres et des activités de Condorcet. Les interventions et discussions lors de la table ronde : " Editer Condorcet aujourd'hui " terminent ce recueil de textes où les disciplines se complètent et s'unissent pour une meilleure approche de la complexité.

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