L'Occident reste aujourd'hui emprisonné dans une pensée duelle. Adulant l'individualisme à l'extrême, après avoir désacralisé et "désenchanté" le quotidien, il semble s'être replié sur ses peurs et osciller entre une fuite en avant non maîtrisée, appuyée sur les prévisions souvent erronées des "experts" ou sur une futurologie scientiste, et un enfermement dans les superstitions, les sectes et intégrismes de tous bords.

En revanche, la science contemporaine occidentale, confrontée aux interrogations de la mécanique quantique, du discontinu, du chaos et des fractales, tend à relativiser les principes de la logique binaire et du tiers exclu, pour appréhender le niveau du ternaire, qui se fonde sur l'axiome du tiers inclus. Ces concepts nouveaux, issus des mathématiques et de la physique, s'étendent au champ des sciences humaines et rejoignent les démarches sacrées de l'humanité.

Le Vide dont il est question dans le titre du présent ouvrage n'est vide que pour une forme de réflexion exclusivement hypothéticodéductive et causale. Il renvoie à une lecture non analytique mais qualitative et synchronique des nombres, respectueuse du sens qu'ont entendu leur donner les grandes Traditions.

Cette attitude transreligieuse, exempte de syncrétisme, peut ainsi nous permettre d'approcher et de saisir le sens des évolutions que le quantitatif se révèle incapable de mesurer, avec même l'outil informatique le plus sophistiqué. Le passage d'un nombre à un autre, saut à un niveau supérieur de réalité, peut conduire à expliquer l'ordre apparemment abstrus et crypté d'un grand Canon traditionnel de l'Orient sinisé, le Yijing (Yi King) et à poser un autre regard sur la divination.

Dans toute sa sphère d'influence, le monde chinois réhabilite à présent les valeurs traditionnelles ayant assuré son équilibre, socialement confucéennes et individuellement taoïstes. Le Yijing, pivot et trait d'union en Chine entre confucianisme et taoïsme, jette peut-être un des ponts qu'un Orient renaissant offre aujourd'hui à l'Occident.

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