" Je croyais que l'institutrice était un peu comme la religieuse ", écrit ce père de famille d'Orcet (Puy-de-Dôme) en 1903. Il se veut ardent républicain et il applaudit à la fermeture de l'école du couvent de sa commune. Mais pour lui l'institutrice laïque, prières et catéchisme en moins, doit ressembler à sa rivale d'hier : l'austérité de sa conduite, de son vêtement, le dévouement de tous les instants que permet son célibat, son esprit d'obéissance envers ses supérieurs doivent faire de cette " demoiselle " quelque chose comme une " sœur laïque ". Il est très déçu par celle qui vient ouvrir la nouvelle école laïque de filles du village. Elle laisse tomber ses cheveux sur le front et se promène le soir avec des célibataires. C'est le scandale auquel M. l'inspecteur d'académie et M. le préfet doivent mettre fin. L'institutrice de la " Belle Epoque " participe officiellement à une œuvre d'émancipation, mais que de tutelles pèsent sur elle ! L'inspecteur primaire, le maire, le député, les " comités républicains ", les parents la surveillent, l'encadrent et la corsètent à qui mieux mieux. Les douze vies d'institutrices de ce recueil montrent comment ces femmes ont subi cette dépendance ou comment elles ont
essayé de s'en affranchir.

Institutrices - Soeurs laïques de la République ?

Allier, Puy-de-Dôme, Cantal, Haute-Loire Pendant une année, Pierre Mazataud a collecté 50 000 données de base sur les 15 consultations les plus révélatrices de l'évolution politique de l'Auvergne depuis 1946. Il a établi la biographie de quelques 650 candidats ou élus, analysé leurs déclarations et leurs écrits, consulté systématiquement archives et journaux. Il a consacré une nouvelle année pour affiner son analyse à l'échelle des petits pays, voire des cantons, et pour proposer cette synthèse de géopolitique. Cette étude, originale à bien des titres, constate que les cartes officielles de la vie politique, les limites administratives et les découpages électoraux sont souvent de mauvais compromis entre le poids des habitudes et les situations de force. L'auteur montre bien leur contingence et donne tous les éléments pour apprécier avec une bonne précision les effets des derniers découpages. Cet observateur extérieur aux appareils des partis, renonce pourtant à neutralité stérile. Il propose non pas les cadres définitifs pour la vie civique de l'Auvergne de demain, mais ceux qui, compte tenu des nouvelles techniques télématiques et médiatiques, seraient les plus proches à assurer une vie administrative et politique simplifiée, moins coûteuse et plus respectueuse des diverses cultures politiques ancrées dans la région Auvergne. Entre le pôle de la gauche au Nord-Ouest de la région et pôle conservateur au Sud-Est, existe un des plus forts gradients de sensibilité politique qu'on puisse observer en France. Les responsables de l'Auvergne devraient pouvoir tirer parti de cette situation exceptionnelle en associant les forces complémentaires indispensables à la naissance d'une conscience régionale. À l'aube de la naissance des régions, cette conscience est bien nécessaire à l'Auvergne, prochain carrefour des voies de communication européennes qui peuvent, comme les chemins de fer par le passé, en faire un bastion centrifuge qui perdra un peu plus de sa substance humaine ou, comme aux périodes de crise, un refuge accueillant d'où naîtront les initiatives originales. Les portraits en situation de quelques hommes politiques majeurs de la région ne manqueront pas d'attirer le lecteur qui, s'il sait extrapoler et approfondir, pourra ainsi se livrer au jeu des prévisions pour les prochaines consultations électorales.

Géopolitique d'une région : l'Auvergne

L'archipel de Clermont

Longtemps on a su résister en Auvergne à ce curieux besoin de changer en attraction ce qui est simplement beauté du monde. L'Auvergne est donc restée souvent brute, naturelle, à peine effleurée par les aménageurs. Certes, les choses changent. Certains se contentent de la découvrir sur les étals des aires de repos où le saint-nectaire fait la culbute parmi les poupées auvergnates fabriquées au bout du monde. Les itinéraires de ce guide voudraient faciliter l'effort des autres, de ceux qui méritent l'Auvergne. Chacun des itinéraires, organisés autour d'un thème, suggère les petites routes et les sentiers qui, tout en passant près des sites majeurs, permettent d'aller à l'essentiel. L'essentiel, c'est d'abord cette nature où même les pierres peuvent redevenir fleuves de feu, c'est aussi tout ce qui s'est accumulé au cours des siècles dans la culture d'un des plus vieux peuples de l'Europe : l'art de conserver ce qui mérite de l'être, l'art de trouver les solutions les plus simples et les plus sûres, l'art de tirer parti des forces que tout semble opposer. Cela se sent dans les paysages, dans les églises romanes, dans les burons comme dans les cuvages. Cela s'éprouve lorsque, au pied des volcans, dans les premières lueurs de l'aurore, sortant des rêves de la nuit, on se surprend à croire, selon le vieux dire des paysans auvergnats, " qu'au jour d'aujourd'hui, mille ans commencent ".

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