A Bordeaux à la fin de la dernière guerre. A Bordeaux et dans sa campagne, le Paradis pour le narrateur qui s'appelle Adam. « Père » voulait être marin. Une chute a brisé net cette ambition. Il est devenu armateur. « Mère », issue d'une famille chic, lui a donné deux enfants, Adam... et Zoé. Les Saisons du Paradis sont une chronique acide de cette enfance, bercée par la lecture des Mille et Une nuits, des virées à Arcachon, jusqu'à la dune du Pyla. La famille embarque dans une superbe automobile, une berline Chenard et Walcker 10 CV. On boit de l'orangeade. On joue à se faire peur. Bordeaux est libéré. Adam entre à Saint-Symphorien, un collège privé. Père est ruiné. Les meubles sont vendus. De saison en saison, la vraie vie commence. Le narrateur quitte un royaume pour un autre, aux dimensions du monde.

Les saisons du paradis

S'il est acquis que Proust est "entre deux siècles", comme l'a dit Antoine Compagnon, cet ouvrage entend clairement replacer l'écrivain face au siècle qui l'a vu naître. En effet, la majeure partie de son oeuvre depuis Les Plaisirs et les jours reste à bien des égards plongée dans, et tournée vers, le XIXe siècle. Vingt-deux contributions détaillent ce tropisme déterminant. Fût-ce sous la forme de la parodie (Sainte-Beuve) ou du pastiche (Goncourt), l'hommage aux grandes figures tutélaires se confirme (Balzac, Haubert, Baudelaire, Vigny, Tolstoï, Stendhal). La genèse de la critique révèle d'autres dettes, qui conduisent à réévaluer en partie l'originalité de Proust : critique de Leconte de Lisle et de Haubert, critique musicale autour de "la bande à Franck" critique d'art aussi, qui s'émancipe de la tradition des Salons, cependant qu'on est amené à s'interroger sur certaines lacunes d'un panthéon artistique où Courbet, par exemple, fait défaut. Critique de la Cité, enfin : on revient sur l'affaire Dreyfus et le traitement romanesque de l'antijudaïsme, pour remettre, avec Proust, le XIXe siècle dans une "longue durée" défiant toute périodisation.

Proust face à l'héritage du XIXe siècle - Tradition et métamorphose

Comme le chevalier des Grieux dans Manon Lescaut, le jeune homme de bonne famille de ce roman est prêt à suivre celle qu'aime jusqu'au bout du monde. Il en est tombé follement amoureux, lui pardonne ses infidélités, ses fuites, ses trahisons, espérant qu'un jour elle lui rendra son amour. L'un avec l'autre, l'un sans l'autre, l'un à la poursuite de l'autre, ils iront jusqu'en Égypte, après diverses péripéties qui, de Paris, les conduiront aux Pays-Bas puis dans le Nord de la France et en Angleterre. Vivant d'expédients, changeant d'état sinon d'apparence au gré des circonstances, le jeune héros fera son éducation en chemin, sous la houlette du frère de sa bien-aimée, voyou, escroc et tricheur, aussi différent de lui que Caïn l'était d'Abel.
Il y gagnera une sagesse désabusée qui lui permettra de surmonter les chagrins dont l'accable sa belle aventurière sans scrupules. Pleure pas, mon coeur, toutes les blessures guérissent un jour. Un roman d'action et d'amour dans le monde contemporain dont le héros, qui raconte sa propre histoire à un inconnu de rencontre, n'est pas dupe.

Pleure pas, mon coeur

Il y a des universitaires qui débattent, un infirmier belge, sculpteur sur métaux, amoureux de la beauté asiatique, un traducteur à court de mots, des gens qui ne savent que faire de leur coffre-fort, un type qui arrivera en retard à un enterrement. Des voyages au long cours à l'allure de la flânerie où l'on trouve matière à sourire au milieu des désastres ordinaires.

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