Le " Deep South " ? C'est cette Amérique profonde du sud-est des Etats-Unis, gorgée de mythologies attachantes, littéraires ou musicales, au capital culturel unique. Avec ses villes rêvant encore de leur héritage flamboyant, telle La Nouvelle-Orléans, capitale de la Louisiane, souvent meurtrie par des catastrophes économiques ou naturelles. Avec cet esprit sudiste si particulier, qu'infusent encore le regret poignant d'un passé désormais évanescent ou le gothique morbide cher à l'écrivain Ambrose Bierce. Et la photographie dans tout cela ? Le Sud profond lui doit ses plus belles images. En voici trois exemples inoubliables, entre les mises en scène surréalistes, exacerbées, de Clarence John Laughlin, celles, inquiétantes et subtiles, de Ralph Eugene Meatyard, et la volonté documentaire lyrique d'Alex Harris. Les Suds profonds de l'Amérique incarnent le débordement romanesque d'un pays toujours réticent et frileux face aux pulsions de son inconscient.

Les suds profonds de l'Amérique

Jusqu'à sa mort en 1972, Ralph Eugene Meatyard réalisa de nombreuses photographies en noir et blanc créant un univers étrange fait de déguisements et de masques, de doubles expositions, et principalement concentré sur les textures et la lumière. Ce travail donna vie à L'album de famille de Lucybelle Crater, une série de portraits de couples masqués et photographiés dans des situations caractéristiques de la vie d'un couple de la banlieue américaine. Stages for Being accompagne une exposition présentée en 2018 au Kentucky Art Museum et montre comment le photographe autodidacte a su théâtraliser et spectaculariser sa réalité urbaine et sociale, pour une narration originale de cet univers inquiétant.

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