Jean-André Deluc (1727-1817) was one of the leading natural philosophers of the eighteenth century. He was a corresponding member of the Paris Academy of Sciences, a Fellow of the Royal Society of London, and for a time, Professor of Geology at the University of Göttingen. But he was not a man of the Enlightenment. Originally a Genevan democrat close to Rousseau and an occasional visitor at Voltaire's home in Ferney, he spent the last half of his long life in the service of the King and Queen of England and drifted easily and congenially to the right under their influence. His reputation as a sober and religious philosopher recommended him for his main assignment, reading natural philosophy to the pious Queen, who rejoiced to find a francophone man of science who was not a philosophe. Deluc managed to combine the strict empiricism of an instrument designer, experimentalist, and collector of fossils with extravagant speculations about geology (to adapt a word he invented), meteorology, and physics, and increasingly problematic schemes for unifying natural, sacred, and human history. In Jean-André Deluc, Historian of Earth and Man, J.L. Heilbron, René Sigrist, and their colleagues trace Deluc's life beginning with his political activities in Geneva; moving through his career in science and apologetics; and ending with his service as a British secret agent and his denunciations of unbelievers, revolutionaries, deists, and chemists. The man that emerges from this assessment eludes classification in the usual historiographical categories. His combination of empiricism and exactness, speculation and romanticism, shrewdness and self-delusion, science and religion, though unusual was not unique. His story, as assembled in this book, is a timely reminder that not all the creators of modern science were modern scientists.

Jean-André Deluc ; historian of earth and man

Au XVIIIe siècle, la philosophie expérimentale ne se limite pas à décrire un environnement naturel longtemps ignoré, ni à réactualiser le projet baconien de maîtrise de la nature. À Genève du moins, elle vise aussi à éclairer les mécanismes de la Création. Le régime narratif qui la caractérise, fondé sur le récit détaillé des opérations effectuées, exprime une raison naturelle qui entend régir l'ordre intellectuel, religieux et social tout en préparant l'avènement des sciences utiles.

La nature à l'épreuve - Les débuts de l'expérimentation à Genève (1670-1790)

Du siècle des Lumières à l'aube de l'ère industrielle, Genève abritait la communauté de chercheurs la plus importante de Suisse. Dans quelques familles et cénacles d'un microcosme très européen, l'approche et la passion de la nature se sont élevées, d'une génération à l'autre, jusqu'à une pratique scientifique moderne. René Sigrist décrit comment, du 16e au 19e siècle, on a passé progressivement de l'érudition aux travaux de terrain, des cercles de lettrés aux sociétés savantes, d'une vaste curiosité à une expérimentation rigoureuse. Diverses figures, comme Bonnet, Trembley, les Saussure ou les Candolle, illustrent cet élan d'où naîtront des avancées décisives en biologie, en physique, en géologie, ainsi que maintes innovations techniques et médicales. Par la transformation du discours et des méthodes de recherche, la quête des faits et le désir impérieux de mesurer et de comprendre, l'histoire d'une ville s'inscrit dans celle d'une entreprise de connaissance à vocation universelle.

L'essor de la science moderne à Genève

Longtemps relégués au rang de simples barbiers, certains chirurgiens prennent au lendemain de la Révolution une place plus en rapport avec leurs mérites. Tel est le cas de Louis Jurine, qui accède vers 1800 à une notoriété européenne par sa maîtrise de l'art, mais aussi par ses études sur les gaz du corps humain, sur
l'allaitement artificiel, et sur les pathologies les plus diverses. La gloire académique, voire mondiale, n'empêche pourtant pas ce fils d'artisan de cultiver l'histoire naturelle avec ardeur. Nourrie de Bonnet, de Linné et du Rousseau, cette passion le pousse à collecter des minéraux, à observer des crustacés, à classer des insectes, à décrire des poissons, mais aussi à disséquer des 	oiseaux et même des chauves-souris.
Avec Jurine, nous entrons véritablement dans l'atelier d'un naturaliste de la fin du XVIIIe siècle. On y voit s'élaborer une science concrète, voire familière et volontiers contemplative. En contrepoint d'une pratique hospitalière qui reflète les misères, et parfois les espoirs, d'une époque entre Lumières et Romantisme.

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