De l'Atlas à l'Euphrate, aucun pays arabe ne semble pouvoir échapper à de profonds bouleversements juridiques depuis quelques années. L'adoption d'un nouveau code de la famille au Maroc, la création d'une deuxième assemblée
parlementaire en Tunisie, la promulgation d'une nouvelle Constitution à Bahreïn et au Qatar ne sont que les exemples les plus marquants de ces transformations qui pénètrent le monde arabe en ce début de XXIe siècle. Ces évolutions, qui s'inspirent du libéralisme occidental, peuvent sembler curieuses dans des États jaloux de leurs spécificités juridiques, politiques et religieuses. Elles reflètent cependant l'ambiguïté inhérente aux systèmes constitutionnels arabes, tiraillés entre la référence à la Loi islamique et l'intégration de principes juridiques libéraux. Ce pluralisme du droit, parfois perçu comme une source d'incertitude et de conflits juridiques, constitue pourtant un instrument d'évolution des régimes politiques : par son ancrage à l'Islam et à la Charia, il en favorise la légitimation ; par sa reconnaissance des valeurs libérales, il en autorise la modernisation. La lecture des Constitutions arabes - de leur lettre comme de leur pratique - par le biais du pluralisme juridique permet donc de comprendre la nature et la portée des transformations qui sont à l'œuvre dans ces États, tant ceux qui restent essentiellement attachés à des valeurs traditionnelles que les plus avancés dans les processus de démocratisation et de protection des droits fondamentaux.

Les constitutions arabes et l'Islam - Les enjeux du pluralisme juridique

Le 11 septembre 2001, trois avions commerciaux détournés par des islamistes kamikazes s'écrasaient sur New York et Washington. La révélation brutale de la vulnérabilité des Etats-Unis face au terrorisme a conduit le Gouvernement américain sous la direction de George W Bush à redéfinir l'ensemble de ses orientations stratégiques. Ces attentats meurtriers ont ainsi été à l'origine d'une véritable radicalisation de la politique de sécurité nationale américaine, qui s'est traduite par un renforcement sans précédent de l'Administration présidentielle et un durcissement sans équivoque des objectifs sécuritaires des Etats-Unis. Sur le plan national, ces bouleversements politiques et juridiques ont contribué à la présidentialisation du régime américain, marquée par l'affaiblissement des pouvoirs du Congrès et par l'hypertrophie des prérogatives du Chef de l'Etat. Sur le plan international, la conduite d'une politique étrangère unilatérale et offensive, dont la guerre en Irak constitue une illustration frappante, a participé à l'affirmation de l'hégémonie des Etats-Unis face à une communauté internationale divisée. Désormais à la tête d'une Administration toute-puissante dont les prétentions ne paraissent limitées par aucun contre-pouvoir effectif, George W Bush concentre l'essentiel des pouvoirs en matière de sécurité nationale, au risque de porter atteinte aux mécanismes de checks and balances propres au système présidentiel américain et aux valeurs libérales et démocratiques dont se réclament les Etats-Unis.

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