Gagner l'opinion publique pour mener à bien sa politique a toujours été une nécessité, et ce bien longtemps avant notre époque. Charles le Téméraire (1433-1477) et ses adversaires le savaient, d'où un échange de manifestes tout au long de ses douze ans de règne. Quand il prit le pouvoir, en 1465, il fit accompagner son action par deux manifestes successifs contre la famille de Croy. En 1470, Louis XI expliqua dans un manifeste l'ouverture de la guerre contre lui, le Téméraire lui répondit de la même façon. Dans le même temps, Baudouin, bâtard de Bourgogne, et quelques autres changèrent de camp : le duc le leur reprocha avec virulence, la chancellerie française les défendit, accusant le duc d'homosexualité par des textes qui ne furent probablement jamais publiés. Un an plus tard, le duc attaqua Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, ce qui lui valut une rude réponse de militaire. En 1472, nouvelle guerre, nouvelle propagande contre le roi qu'il accusa d'avoir fait empoisonner son frère, Charles de France. En 1473, le duc de Bourgogne fit précéder sa conquête de la Gueldre par des mises en demeure. Les manifestes atteignirent leur plus grande extension européenne au cours de la tentative bourguignonne de mettre la main sur l'électorat de Cologne lors de la "guerre de Neuss" de 1474-1475, quand le duc, l'empereur Frédéric III et l'Empire prirent la parole l'un contre l'autre. Ils connurent un dernier apogée avec la conquête de la Lorraine en 1475. Tous ces textes, la plupart inédits ou mal publiés, sont édités d'après les sources d'archives et commentés dans une introduction historique détaillée.

Guerre des manifestes - Charles le Téméraire et ses ennemis (1465-1475)

Comptes de l'argentier de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne - Volume 5, Index général des matières, des personnes et des lieux

Comptes de l'argentier de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne - Volume 4, Rôles mensuels et fragments des années 1471-1475 conservés aux Archives départementales du Nord, Lille

Après la publication, en 2001 et en 2002, des années 1468 et 1469, celle de l'année 1470 contenant le troisième compte de l'argentier, et dernier conservé pour le règne de Charles le Téméraire, était particulièrement attendue. Les richesses offertes par ce volumineux registre de 908 folios sont très grandes : l'on y trouve le magnifique compte de la flotte armée, les dépenses pour la mobilisation sur terre contre le roi de France, Louis XI, et ses partisans, mais aussi les affaires anglaises avec l'exil bourguignon du roi Edouard IV et sa réinstallation, et maints aspects de la vie quotidienne à la cour ducale. Le troisième volume est également pourvu d'index (personnes, lieux, fonctions et offices) et d'un lexique pour les termes techniques et les mots difficiles.

Comptes de l'argentier de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne - Volume 3/1, Le registre CC 1925 des archives générales du royaume, Bruxelles (année 1470)

Cet ouvrage, le premier de la série sur "les textes fondateurs des institutions militaires", met à disposition d'un large public trente textes soigneusement édités et intelligemment commentés. Plusieurs de ces textes étaient jusqu'alors inédits. Le point de départ retenu est le XIVe siècle, époque où, avec le début de ce qui allait devenir la guerre de Cent Ans, la royauté française commença à promulguer des ordonnances, des édits, des règlements destinés aux forces armées qu'elle levait et employait, avec un succès à vrai dire inégal, sur terre comme sur mer. A partir des années 1350, sous la pression des événements, Post du roi de France devint une véritable institution. Les textes couvrent la période allant jusqu'au milieu du XVIe siècle, terme de ce premier volume. Tous les aspects de la chose militaire se trouvent éclairés : le recrutement, le financement, l'encadrement, le ravitaillement, l'équipement individuel et collectif, la discipline et la justice, le rôle des villes, la destinée des différentes armes (cavalerie, infanterie, artillerie), les offices ou charges, depuis le connétable et l'amiral de France jusqu'aux capitaines de compagnie. A parcourir ces documents, on assiste concrètement à la genèse institutionnelle et sociale de l'armée d'Ancien Régime : c'est une page de l'histoire de France qui se trouve désormais mise en lumière et en vedette, grâce à cette étude de première main, que l'on peut qualifier d'exemplaire.

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