Dans le salon de la bibliothèque de l'Arsenal dont il était le conservateur en chef depuis 1824, Charles Nodier accueillit chaque dimanche soir toute l'élite littéraire et artistique durant les dernières années de la Restauration et les premières années de la Monarchie de Juillet. Loin de n'être qu'un lieu de divertissement, le " salon de l'Arsenal " fut un des hauts lieux du romantisme, une " institution littéraire " ouverte à toutes les spécialités (littérature, théâtre, histoire, critique, peinture, musique, sculpture). Le Tout-Paris littéraire et mondain franchit au moins une fois son seuil, de Victor Hugo à Alfred de Musset en passant par Dumas, Balzac, Gautier, Nerval, Delacroix, Liszt... Le salon de Charles Nodier s'imposa alors rapidement comme le principal carrefour d'idées pour la pensée romantique et comme l'une des grandes tribunes avant permis aux idées nouvelles de se répandre. Les " octaves dominicales ", comme les qualifia joliment Auguste Jal, furent des réunions qui, malgré leur caractère improvisé et informel, donnèrent lieu à la construction de l'idée romantique, dont le siècle entier subira l'influence. Mais l'Arsenal ne fut pas seulement une aventure théorique : il devint aussi occasionnellement une fabrique de la littérature à travers la mise en œuvre de projets de collaboration. Le rassemblement de tous les acteurs de la chaîne du livre (poète, illustrateur, graveur, éditeur, imprimeur, relieur, journaliste, directeur de revue) en favorisa l'éclosion : ainsi naquirent des albums, des recueils de partitions ou de poèmes, livres magnifiques et ambitieux auxquels collaborèrent tous les amis de Nodier. Cet ouvrage donne une approche renouvelée du romantisme en le recentrant sur les hommes et sur la description de cette vie littéraire intense dont l'Arsenal a été l'un des principaux foyers de 1824 à 1834.

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