Une richissime mélomane russe, la baronne von Mekk, passe - avec le musicien désargenté Piotr Illytch Tchaikovsky - un pacte singulier : Nadejda von Mekk, passionnément éprise du compositeur, pourvoira à tous ses besoins, à condition toutefois qu'ils ne se rencontrent jamais, ce qui enchante Tchaïkovsky, dont elle ignore qu'il est homosexuel. Dans les salles de concert où ses oeuvres se jouent, dans les palais que lui prête la baronne à Brailov, sa propriété d'Ukraine, à Florence, dans les palaces parisiens, Tchaikovsky sent la présence impalpable, à la fois fascinante et à demi détestée, de sa bienfaitrice. Celle-ci voudrait violer le pacte d'invisibilité dont elle a été l'instigatrice. Sans cesse, il doit se dérober à cet amour, comme se dérobe aux soupirs de la Bête la Belle du conte. Mais il ne prononcera pas l'aveu final de la Belle à la Bête mourante. De plus en plus, une haine farouche répondra à l'ardente passion de la baronne von Mekk, qu'il figurera sous les traits de la redoutable comtesse de sa Dame de Pique. Nadejda y voit alors la révélation de ce qu'elle parvenait - plus ou moins - à se cacher, à savoir que seul son argent avait intéressé Tchaikovsky. Le conte tourne au noir. Le musicien meurt en maudissant sa bienfaitrice, à qui il ne pardonne pas d'avoir rompu la relation. Elle ne lui survit que quelques mois : destins rivés dans la mort, comme dans la vie... Wanda Bannour, s'appuyant sur d'abondants matériaux inédits, restitue avec une extraordinaire intensité les dessous de cartes de l'inquiétante partie qui se joue entre ces deux êtres, et les trois derniers coups qui la couronnent : le valet qui se démasque, là où on attendait un roi, la Dame de Pique qui, odieusement outragée, se retire du jeu et, dernière carte comme dans Carmen, la mort qui disperse tout...

L'étrange baronne von Mekk

À une époque où la thématique de l'imaginaire est (re)devenue omniprésente dans beaucoup de disciplines, au prix peut-être d'une banalisation et d'une usure sémantique et épistémologique, cette décade inédite, tenue à Cerisy en 1978, se révèle, trente-six ans après, dotée d'une pertinence et d'une acuité exceptionnelles. Loin d'être anachroniques ou d'être une simple archive, les actes de ce colloque se présentent comme profondément ancrés dans de solides problématiques, plus que jamais actuelles, abordant avec précision des questions majeures de l'imaginaire, confirmant ainsi le bien-fondé du sujet et la clairvoyance des organisateurs, Maurice de Gandillac et Wanda Bannour, auxquels ce volume rend par là hommage.

Lieux et figures de l'imaginaire

Tradition, paresse, niaiserie, hypocrisie se sont liguées pour banaliser et étouffer dans l'institution ces deux grands vivants, artistes-hommes de lettres : Jules et Edmond de Goncourt. Leur intelligence, leur prodigieuse sensibilité, leur étrange sexualité : on a oublié tout ce qui, dans ce foisonnant dix-neuvième siècle, fait d'eux des êtres différents - et inclassables. Wanda Bannour, qui pense - comme les Goncourt - que la vérité nous est livrée par l'imaginaire le plus audacieux, sait apercevoir la figure de l'essentiel dans ce singulier « ménage » : la figure inattendue de l'Androgyne, Juledmond sous Jules et Edmond. Parcourant le Journal avec l'auteur, nous découvrons les hautes intensités de cette vie gémellaire, en même temps que les rites de sa quotidienneté. Haines, répulsions, ferveurs, adorations, tocades et fureurs, mais, aussi, promenades, migraines, conversations, cris de la rue, potins, menus, ciels de brume, salauderies, guêtres, bibelots, maîtresses et tables d'hôte : l'intérêt de cette étude originale, qui choquera plus d'un des gardiens du temple bien bouclé de la mémoire et de l'oeuvre des frères, réside entre autres, dans l'extraordinaire aptitude qui y éclate à saisir la profondeur jusque dans la peau des êtres et des choses, et à faire d'une biographie une oeuvre de vie, une oeuvre vive, un roman vrai. C'est l'empathie, plus qu'une appréhension strictement intellectuelle, qui, dans une grande vibration d'intelligence critique, guide Wanda Bannour vers le secret des Goncourt. Son profil singulier - de culture cosmopolite et, plus particulièrement, slavisante, elle est aussi agrégée de philosophie, docteur d'État, et elle a enseigné les arts plastiques - explique probablement la manière singulière dont elle a su aborder le continent de Juledmond.

Edmond et Jules de Goncourt ou Le génie androgyne

Tatiana, la narratrice, part déterrer un coffre en Crimée dans lequel se trouvent un mémoire biographique sur Tchekhov, son journal et sa correspondance avec son éditeur, Souvorine. Si le livre reproduit ce mémoire et ce journal, les lettres seront par contre détruites car elles mentionnent la passion de Souvorine pour Tchekhov, passion qui ne doit pas être divulguée.
Souvorine, qui a fait la carrière de Tchekhov en le publiant dans sa revue puis en l'éditant, finit en effet par tomber amoureux de Tchekhov. Il avait pourtant sa propre famille, et Tchekhov était de son côté marié à Olga Knipper. Une relation passionnelle naquit néanmoins entre les deux hommes. Le livre fait alterner la reproduction des documents (imaginaires) du coffre et l'analyse
de Tatiana sur son propre travail. Olga Knipper Tchekhova, veuve de Tchekhov, et Macha Tchekhova la soeur d'Anton apporteront également leur témoignage. La vie de Tchekhov, sa rencontre avec Souvorine, sont tour à tour racontés par Souvorine, Tchekhov, Olga et Macha. Tout est agencé de manière vivante, vibrante et très intelligente.

Cadre rouge le secret de tchekhov

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

L'initiation par les gouffres

Jean-Martin Charcot et l'hystérie

Les nihilistes russes

Une richissime mélomane russe, la baronne von Mekk, passe - avec le musicien désargenté Piotr Illytch Tchaikovsky - un pacte singulier : Nadejda von Mekk, passionnément éprise du compositeur, pourvoira à tous ses besoins, à condition toutefois qu'ils ne se rencontrent jamais, ce qui enchante Tchaïkovsky, dont elle ignore qu'il est homosexuel. Dans les salles de concert où ses ouvres se jouent, dans les palais que lui prête la baronne à Brailov, sa propriété d'Ukraine, à Florence, dans les palaces parisiens, Tchaikovsky sent la présence impalpable, à la fois fascinante et à demi détestée, de sa bienfaitrice. Celle-ci voudrait violer le pacte d'invisibilité dont elle a été l'instigatrice. Sans cesse, il doit se dérober à cet amour, comme se dérobe aux soupirs de la Bête la Belle du conte. Mais il ne prononcera pas l'aveu final de la Belle à la Bête mourante. De plus en plus, une haine farouche répondra à l'ardente passion de la baronne von Mekk, qu'il figurera sous les traits de la redoutable comtesse de sa Dame de Pique. Nadejda y voit alors la révélation de ce qu'elle parvenait - plus ou moins - à se cacher, à savoir que seul son argent avait intéressé Tchaikovsky. Le conte tourne au noir. Le musicien meurt en maudissant sa bienfaitrice, à qui il ne pardonne pas d'avoir rompu la relation. Elle ne lui survit que quelques mois : destins rivés dans la mort, comme dans la vie... Wanda Bannour, s'appuyant sur d'abondants matériaux inédits, restitue avec une extraordinaire intensité les dessous de cartes de l'inquiétante partie qui se joue entre ces deux êtres, et les trois derniers coups qui la couronnent : le valet qui se démasque, là où on attendait un roi, la Dame de Pique qui, odieusement outragée, se retire du jeu et, dernière carte comme dans Carmen, la mort qui disperse tout...

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