Gradiva - Une fantaisie pompéienne

Un charme étrange se dégage de ce récit fantastique de Wilhelm Jensen, dont la montagne et les ruines d’un mystérieux château forment le cadre romantique. Sur fond d’amour absolu et de poésie, troubles de la perception, souvenirs, réminiscences et hallucinations porteront peu à peu le héros au seuil de la folie. On reconnaît là, du même auteur, les thèmes de la célèbre Gradiva, oeuvre à laquelle Freud consacra une remarquable étude en 1907. Mais alors que la femme représentée sur un bas-relief de Pompéi y troublait le coeur d’un homme timide cherchant à esquiver une réalité inquiétante, ici, à l’inverse, c’est une jeune fille bien vivante qui occulte l’image d’une porteuse d’ombrelle rouge, morte à l’adolescence, et que le narrateur croyait avoir oubliée… Ce bref roman - jamais traduit depuis sa parution en 1892 - constitue une curiosité qui ne manque ni de style, ni d’authenticité, ni de suggestions sur certains mécanismes de l’inconscient. Jean Bellemin-Noël traduit, présente et commente, avec brio, ce texte célèbre en son temps et injustement méconnu aujourd’hui.

L'Ombrelle rouge - Suivi de Essai de lecture freudienne

Gradiva, celle qui avance. Gradiva rediviva, celle qui réapparaît à l'heure de midi dans les ruines de Pompéi et qui va donner vie, forme, objet au désir de Norbert Hanold, jeune archéologue. Gradiva, fantaisie pompéienne, écrite par Wilhelm Jensen en 1903, est surtout connue par le texte de Sigmund Freud publié en 1907. Désireux de percer le secret de la création artistique, il analyse le texte de Jensen : "Nous brûlons de savoir, écrit-il, si une guérison du genre de celle que Zoé/Gradiva réalise chez Hanold est compréhensible ou, tout au moins possible, et si le romancier a aussi bien saisi les conditions de la disparition du délire que celles de sa genèse." 

Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen, Sigmund Freud, préface de J. B. Pontalis, Folio essais, 1992

Gradiva

Si Freud n'avait pas commenté la Gradiva et si André Breton n'avait pas reconnu le surréel à l'oeuvre dans cette merveilleuse «fantaisie pompéienne», le nom de Jensen serait enseveli dans l'oubli. Pourtant Jensen est loin d'être l'auteur de la seule Gradiva ; dans bien d'autres de ses récits on retrouve la même part de rêve, on retrouve aussi le même attrait pour l'inoubliable amour d'enfance qui, avec la Maison gothique, s'approche de l'inceste entre frère et soeur. Dans cette maison chargée du poids du passé, où les temps se mêlent, le lecteur n'aura pas de peine à voir une métaphore de l'inconscient et, dans le narrateur-médecin, l'anticipation de la figure d'un psychanalyste capable de dénouer les fils du destin et de nous délivrer de cette mélancolie qui nous rend esclave de l'objet perdu.

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