Pétrole, drogue, fanatisme, terrorisme:tous les paramètres font de l'Afghanistan et de cette zone stratégique une véritable poudrière.Observateur privilégié de ce pays depuis 1979, Ahmed Rashid, journaliste pakistanais, en est devenu l'un des meilleurs spécialistes. Cette enquête nous plonge au coeur de l'histoire du mouvement des taliban depuis leur soudaine et spectaculaire apparition en 1994, à travers l'étude de ses racines historiques, idéologiques et géopolitiques, et livre une analyse sans équivalent de ce groupe islamiste extrême, dont le nom, qui était sur toutes les lèvres dans les années 1990, constitue encore l'un des plus grands enjeux du XXI? siècle.Best-seller mondial, cet ouvrage fait référence depuis sa parution et a été enrichi et mis à jour après le retour au pouvoir des taliban en 2021.

L'ombre des taliban

Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan : telle est la nouvelle focalisation d'Ahmed Rashid, auteur de L'ombre des taliban et spécialiste mondialement reconnu de l'Asie centrale qu'il parcourt et analyse depuis plus de vingt ans. L'auteur a rencontré entre 1988 et 2001 les principaux acteurs - hommes politiques, chefs militaires et opposants - de ces cinq républiques turbulentes, largement ignorées en Occident jusqu'à aujourd'hui, il en dresse un portrait précis et alarmant. Après l'Afghanistan " redécouvert " brutalement, c'est un nouveau champ de guerres potentiel que nous décrit Ahmed Rashid, en analysant l'histoire de ces terres concurrentes confrontées à la montée d'un islam radical. Certaines de ces républiques possèdent des stocks d'armes nucléaires hérités de l'URSS, des ressources énergétiques importantes au cœur des stratégies politico-financières de la Russie, de la Chine et des Etats-Unis. Une fois encore, les volcans ne sont pas éteints et cette zone géographique peut bousculer l'équilibre mondial.

Asie Centrale, champ de guerres. - Cinq républiques face à l'islam radical

Ahmed Rashid nous livre une analyse sans équivalent du mouvement islamiste extrême, dont le nom est sur toutes les lèvres, comme une des plus grandes menaces inattendues qui pèse sur l'Asie Centrale, le Moyen-Orient et le monde. Il nous plonge au coeur de l'histoire du mouvement des talibans depuis leur soudaine et spectaculaire apparition en 1994, à travers l'étude de ses racines historiques, idéologiques et géopolitiques. Pétrole, drogue, fanatisme, terrorisme,-tous les paramètres font de l'Afghanistan et de cette zone stratégique une véritable poudrière internationale

L'ombre Des Taliban

Ahmed Rashid (en ourdou : احمد رشید ; né en 1948 au Pakistan à Rawalpindi) est un journaliste et auteur d'ouvrages traitant de politique, principalement à propos de l'Afghanistan, du Pakistan et l'Asie centrale.

Je suis convaincu qu'il existe des fonds spéculatifs, des banques ou des sociétés d'investissement qui pourraient allouer cinq pour cent de leurs portefeuilles pour des investissements risqués. Quoi qu'il en soit, pour des pays comme l'Afghanistan, la formation d'une classe entrepreneuriale est d'une importance vitale.

L'Amérique ne tient pas à la tradition coloniale. L'Amérique est venue, a libéré l'Afghanistan des talibans et d'Al-Qaïda, s'est arrangée avec Hamid Karzaï, a voulu organiser des élections au plus vite et s'est ensuite retirée. L'administration Bush pensait qu'une fois qu'il y aurait une démocratie, tout le reste se mettrait en place. Si vous parlez aujourd'hui aux architectes de la conférence de 2001 sur l'Afghanistan à Bonn, ils vous diront qu'au lieu de faire une fixation sur les élections, nous aurions dû d'abord construire un État en Afghanistan avec une armée et une police.

Si des soldats afghans continuent de tuer des soldats américains comme cela se produit ces jours-ci, on peut difficilement supposer qu'ils resteront en Afghanistan à long terme. Et quel rôle deviennent-ils? Il n'y aura pas assez de soldats pour assurer la sécurité du pays. Mais les États-Unis seront-ils toujours autorisés à tuer des terroristes en Afghanistan et au Pakistan avec des drones non gérés? Cela pourrait aggraver la situation dans les États voisins et ils pouvaient considérer l'Afghanistan comme une menace.

Vous avez beaucoup de soupçons des voisins de l'Afghanistan sur les intentions américaines. L'Iran est déjà, dans une certaine mesure, essayant de saper les États-Unis en Afghanistan. La Russie devient maintenant de plus en plus nerveuse à propos d'une présence américaine plus permanente en Asie centrale. Et la Chine ne veut pas que les États-Unis soient si proches de ses frontières sur une longue période. Certes, si les États-Unis sont là pendant longtemps, cela va aggraver les tensions régionales.

Le fait qu'il n'y ait plus de grandes unités d'Al-Qaïda qui courent signifie que vous n'avez pas besoin de B-52. Vous avez besoin d'intelligence et de forces spéciales. Et, plus important encore, vous devez ressusciter l'Afghanistan par rapport à ce qui est littéralement le cimetière des pays et le transformer en un pays normal, que les Afghans veulent.

Nos élites pakistanaises sont gâtées par une aide étrangère permanente et ont donc du mal à changer de cap. Le Pakistan a besoin de quelqu'un qui se lève et dit: l'intégrisme est mauvais, le capitalisme est bon. Cette région abrite un énorme potentiel. Le Pakistan pourrait devenir le centre de l'énergie transportée de l'Asie centrale en Asie du Sud. Cela pourrait changer toute la région.

La plus grande erreur que Barack Obama aurait pu faire est de changer pas mal de choses dans sa politique afghan. Il a augmenté le nombre de troupes et a en même temps fixé la date de retrait des États-Unis à 2014. Les États-Unis doivent maintenant s'assurer que l'Afghanistan ne s'effondre pas immédiatement après avoir été laissé à lui-même en 2014.

Il n'y a aucun moyen que les Américains puissent effectuer une guerre à grande échelle contre l'Irak et en même temps maintenir le même type de pression sur le réseau d'Al-Qaïda dans des pays aussi divers que l'Indonésie, les Philippines et le Pakistan, ainsi que Comme en Europe.

Ce que tout le monde a sous-estimé était l'impopularité aiguë des talibans, même dans les zones pachtounes. Des gens comme moi disaient que les talibans seraient chassés très rapidement du nord de l'Afghanistan, mais étant donné que leur base de soutien principale était dans la ceinture pachton, il y aurait une plus grande résistance là-bas. Cela ne s'est pas produit. Les talibans étaient devenus profondément impopulaires et ont été rejetés par la population pachtoune presque aussi rapidement qu'ils étaient au nord. Je ne vois en aucune façon les talibans.

Les Soviétiques ont tenu la tradition du colonialisme. Ils ont violé le pays et tué beaucoup de gens. Mais ils ont également construit des barrages, des centrales électriques, des rues et des écoles techniques. Ils étaient communistes et avaient la même vision de l'Afghanistan que Staline et Lénine avaient pour l'Union soviétique: le progrès est le communisme plus l'électrification. Et aujourd'hui? Aujourd'hui, Kaboul obtient sa puissance électrique d'Ouzbékistan, Herat d'Iran et Jalalabad du Pakistan.

La clé pour briser le tabou des talibans contre les femmes et le lavage culturel du cerveau que les talibans ont imposé à de nombreux Afghans est de ramener les femmes dans le marché du travail.

La stratégie de consolidation de la paix en Afghanistan est l'aide économique, la reconstruction, les forces de sécurité internationales. Sur ces lignes, les États-Unis ont été extrêmement lents. Et il a même bloqué l'expansion des forces de sécurité de Kaboul vers d'autres villes.

J'ai rencontré beaucoup de talibans seniors et je leur ai demandé précisément [sur le mollah Omar]. La réponse la plus courante a été qu'il est humble. Et c'était très vrai. Nous n'avons jamais eu de rapports de mollah Omar Living luxueusement ni de faire de l'argent en grande quantité ou quelque chose comme ça.

Je pense que dans un an environ, peut-être, si le 11 septembre ne s'était pas produit, en Afghanistan aurait été un soulèvement général très large contre les talibans.

[Mollah Omar] s'est donné ce titre religieux. C'était donc quelque chose dont toutes ces personnes qui lui avaient prêté serment de loyauté en tant que chef religieux ne pouvaient pas facilement se débarrasser de lui.

L'Occident serait bien avisé de modifier son approche vers les États défaillants. À l'heure actuelle, aucune puissance majeure ne peut trouver les bonnes manières - et le nombre d'états défaillants augmente. Cette année, nous avons regardé l'effondrement du Mali, conséquence de la guerre civile libyenne. Le sud de la Libye et du Mali et le Niger aussi sont en bonne voie pour devenir un no-man's Land. Après le 11 septembre, George W. Bush et Tony Blair ont fait la promesse qu'ils ne toléreraient pas les États ratés parce qu'ils pourraient devenir un paradis pour les terroristes. Et aujourd'hui? Le nombre augmente.

Malgré toutes les prédictions désastreuses faites en 2001, les Afghans ont donné à la communauté internationale, à ses travailleurs humanitaires et aux soldats une grande fenêtre d'occasion pour réparer les dommages causés par 25 ans de guerre. Cette fenêtre, qui est restée ouverte pendant près de cinq ans, avec une bonne volonté incroyable des Afghans, menace de fermer à moins que le monde ne se réveille et ne traite de la crise.

Les États dysfonctionnels comme l'Afghanistan ont besoin de gens d'affaires qui sont profondément enracinés dans leur pays et qui y investissent. Ils peuvent ajouter de la stabilité. Mais tous les programmes de développement des États-Unis et des pays européens excluent malheureusement le secteur privé, qui pourrait faire des investissements en fonction de la rentabilité.

Il y a un sentiment de désespoir en Afghanistan en raison du manque de financement et du fait que les États-Unis n'ont qu'une stratégie militaire à une piste. Il n'a pas de plan de jeu économique et politique.

Il aurait été préférable que les Nations Unies aient envoyé une équipe au Mali immédiatement pour médier entre le gouvernement et les rebelles. Mais où est l'initiative politique? Les Américains font leurs recommandations habituelles. Ils veulent former l'armée pour le combat avec les rebelles. Les forces spéciales américaines sont déjà au Mali.

Le nationalisme pachtoune se réaffirme. Son histoire politique s'étend sur plusieurs centaines d'années. Les Pachtounes sont en colère contre les Américains parce que, l'un, ils sont toujours bombardés, et deux, ils perçoivent que les Américains soutiennent la faction tadjik, qui contrôle l'armée et les forces de sécurité à Kaboul.

À mon avis, le modèle occidental d'influencer le développement des pays du tiers monde est voué à l'échec. L'Occident ne comprend pas comment traiter avec des États qui n'ont plus d'autorité et sont menacés par la dissolution. Leurs efforts ont échoué en Irak ainsi qu'en Afghanistan. Ils ne sont tout simplement pas capables de promouvoir l'économie autochtone. Plusieurs milliards de dollars ont été inondés en Afghanistan, mais sans aucun effet significatif.

Les Pachtounes se sentent victimes de discrimination par les Américains parce qu'ils ont soutenu les talibans et que la guerre se poursuit dans leur région avec des bombardements américains continus. Ils sont également mécontents du pouvoir écrasant de leurs rivaux ethniques les Tadjiks, qui dominent les forces de sécurité à Kaboul et contrôlent les principaux leviers du pouvoir politique. Bien que Karzaï soit également un pachtoune, de nombreux pachtounes le considèrent comme un otage pour les Tadjiks et les Américains.

Certains Pakistanais se sont battus pour les talibans. Les groupes extrémistes pakistanais ont fourni un soutien aux infrastructures à Al-Qaïda. Il y a eu des militants d'Al-Qaïda et des dirigeants entre l'Afghanistan et le Pakistan pendant plusieurs années. Tout ce qui s'est vraiment passé, c'est qu'Al-Qaïda s'est échappé de l'Afghanistan à venir au Pakistan, a contacté leurs contacts et amis dans ces groupes extrémistes, qui leur ont ensuite fourni des maisons, des voitures et pas seulement dans les zones frontalières mais aussi dans les villes. Enracinant Al-Qaïda au Pakistan est maintenant l'endroit où la bataille principale se déroule.

Le problème en ce moment, que je soulignais très franchement vers les responsables américains à Washington, est que les États-Unis n'ont aucune présence économique en Afghanistan. Les Afghans ne peuvent pas pointer et dire: "Oh, les Américains ont construit cette route. Ils ont construit cette installation de télécommunications. Ils ont construit cette centrale électrique", car rien n'a été construit jusqu'à présent.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ahmed_Rashid

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