Theodor W. Adorno n'a que vingt-deux ans lorsqu'il part pour Vienne, en 1925, y suivre l'enseignement d'Alban Berg. Élève du compositeur pendant quelque six mois, il en devient presque aussitôt l'ami, puis le correspondant fidèle, au cours d'échanges épistolaires qui se poursuivront jusqu'à la mort, en décembre 1935, de celui qu'il n'a cessé d'appeler son «maître». Leur correspondance, que leurs recontres interrompent seulement à deux reprises, noue le récit de leur vie et celui de la vie musicale d'une époque. Aux menus événements du quotidien qui sont, pour Adorno, ses démêlés avec l'Université, ses voyages en Italie, son activité de plus en plus engagée dans la presse musicale en faveur de l'avant-garde, malgré son désir constant de composer, et, pour Berg, ses problèmes de santé, son succès inattendu et grandissant, la découverte de la voiture et de la radio, se mêlent comptes rendus de concerts, annonces d'articles, descriptions de compositions en cours, récits de lectures et propos théoriques sur l'atonalité et la technique dodécaphonique. Témoignage vivant d'une amitié nourrie de lectures, de dialogues incessants et d'entraide, toujours plus étroite en dépit de l'exil d'Adorno en Angleterre et la mise au ban de l'oeuvre musicale de Berg, ces quelque cent quarante lettres retracent en même temps un chapitre essentiel de l'histoire de la musique et de l'école de Vienne.

Correspondance, 1925-1935

Alban Maria Johannes Berg est un compositeur autrichien, né le 9 février 1885 à Vienne et mort dans la même ville le 24 décembre 1935.

Je suis fier que [j'étais] ,,, pour guider ce grand talent. . . Vers la superbe réalisation de ses potentialités individuelles, vers la plus grande indépendance.

La musique est à la fois le produit du sentiment et de la connaissance, car il exige de ses disciples, compositeurs et artistes, non seulement le talent et l'enthousiasme, mais aussi la connaissance et la perception qui sont le résultat d'une étude et d'une réflexion prolongées.

La musique est à la fois le produit du sentiment et des connaissances.

Je peux vous dire, mon plus cher ami, que s'il devenait connu à quel point l'amitié, l'amour et un monde de références humaines et spirituelles que j'ai introduits en contrebande dans ces trois mouvements, les adhérents de la musique de programme - s'il en resterait - deviendrait fou avec joie.

Je pense que l'origine de toute cette clameur pour la tonalité n'est pas tant la nécessité de ressentir une relation avec le tonique, comme un besoin de accords familiers: soyons franc et disons "pour la triade"; Et je crois que j'ai de bonnes raisons de dire que tant qu'un certain type de musique contient suffisamment de telles triades, cela ne provoque aucune offense, même si, à d'autres égards, il se heurte le plus violemment aux lois sacrées de la tonalité.

La meilleure magie résulte toujours des extases de la logique.

Pourquoi la musique de Schoenberg est-elle si difficile à comprendre?

Ses oeuvres