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Alphonse Daudet

Auteurplume

Alphonse Daudet, né le 13 mai 1840 à Nîmes et mort le 16 décembre 1897 à Paris, est un écrivain et auteur dramatique français notamment connu pour sa pièce de théâtre La Dernière Idole et son livre Lettres de mon moulin qui contient plusieurs histoires courtes connues, comme La Chèvre de monsieur Seguin. Il est le mari de Julia Rosalie Céleste Allard, et le père de Léon Daudet, Lucien Daudet et Edmée Daudet.

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Poésies

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    Aux Petits Enfants Enfants d’un jour, ô nouveau-nés, Petites bouches, petits nez, Petites lèvres demi-closes, Membres tremblants, Si frais, si blancs, Si roses ; Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés, Pour le bonheur que vous donnez, À vous voir dormir dans vos langes, Espoir des nids Soyez bénis, Chers anges ! Pour vos grands yeux effarouchés Que sous vos draps blancs vous cachez. Pour vos sourires, vos pleurs même, Tout ce qu’en vous, Êtres si doux, On aime ; Pour tout ce que vous gazouillez, Soyez bénis, baisés, choyés, Gais rossignols, blanches fauvettes ! Que d’amoureux Et que d’heureux Vous faites ! Lorsque sur vos chauds oreillers, En souriant vous sommeillez, Près de vous, tout bas, ô merveille ! Une voix dit : « Dors, beau petit ; Je veille. » C’est la voix de l’ange gardien ; Dormez, dormez, ne craignez rien ; Rêvez, sous ses ailes de neige : Le beau jaloux Vous berce et vous Protège. Enfants d’un jour, ô nouveau-nés, Au paradis, d’où vous venez, Un léger fil d’or vous rattache. À ce fil d’or Tient l’âme encor Sans tache. Vous êtes à toute maison Ce que la fleur est au gazon. Ce qu’au ciel est l’étoile blanche, Ce qu’un peu d’eau Est au roseau Qui penche. Mais vous avez de plus encor Ce que n’a pas l’étoile d’or, Ce qui manque aux fleurs les plus belles : Malheur à nous ! Vous avez tous Des ailes.

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    Autre Amoureuse Lorsque je vivais loin de vous, Toujours triste, toujours en larmes, Pour mon cœur malade et jaloux Le sommeil seul avait des charmes. Maintenant que tu m’appartiens Et que mon cœur a sa pâture, — Il ne m’est plus qu’une torture, Le sommeil cher aux jours anciens. Lorsque je dormais loin de vous, Dans un rêve toujours le même, Je vous voyais à mes genoux Me dire chaque nuit : « Je t’aime ! » Maintenant que tu m’appartiens, Dans les bras chaque nuit je rêve Que tu pars, qu’un méchant t’enlève Et que je meurs quand tu reviens.

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    Dernière amoureuse A l’heure d’amour, l’autre soir, La Mort près de moi vint s’asseoir ; S’asseoir, près de moi, sur ma couche. En silence, elle s’accouda. Sur mes yeux clos elle darda Son grand œil noir, lascif et louche ; Puis, comme l’amante à l’amant, Elle mit amoureusement Sa bouche sur ma bouche ! « Viens, dit le spectre en m’enlaçant, « Viens sur mon cœur, viens dans mon sang « Savourer de longues délices. « Viens ; la couche, ô mon bien-aimé ! « A son oreiller parfumé, « Ses draps chauds comme des pelisses. « Nous nous chérirons nuit et jour : « Nos âmes sont deux fleurs d’amour, « Nos lèvres deux calices. » Je crus, sur mon front endormi, Sentir passer un souffle ami D’une saveur déjà connue. J’eus un rêve délicieux. Je lui dis, sans ouvrir les yeux : « Chère, vous voilà revenue ! « Vous voilà ! mon cœur rajeunit. « Fauvette, qui revient au nid, « Sois-y la bienvenue. « Sans remords comme sans pitié, « Méchante, on m’avait oublié ; « Allons, venez, Mademoiselle. « Je consens à vous pardonner, « Mais avant, je veux enchaîner « Ma folle petite gazelle. » Et, comme je lui tends les bras, Le spectre me répond tout bas : « C’est moi…ce n’est pas elle… » « – C’est toi, la Mort ! eh bien ! tant mieux. « Mon âme est veuve ; mon cœur vieux, « J’avais besoin d’une maîtresse. « Une tombe est un rendez-vous « Comme un autre ; prélassons-nous « Dans une éternelle caresse ! » Je l’embrasse ; elle se défend, Recule et me dit : « Cher enfant, « Attends, rien ne nous presse !… « Gardons-nous pour des temps meilleurs ; « Mais aujourd’hui, je cherche ailleurs « Des amoureux en hécatombe. « Ailleurs, je vais me reposer « Et couper en deux le baiser « D’un ramier et de sa colombe ! « Sois heureux, tu me reverras ; « Sois amoureux, et tu seras « Mûr pour la tombe ! »

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    Fanfaronnade Je n’ai plus ni foi ni croyance ! Il n’est pas de fruit défendu Que ma dent n’ait un peu mordu Sur le vieil arbre de science : Je n’ai plus ni foi ni croyance. Mon cœur est vieux ; il a mûri Dans la pensée et dans l’étude ; Il n’est pas de vieille habitude Dont je ne l’aie enfin guéri. Mon cœur est vieux, il a mûri. Les grands sentiments me font rire ; Mais, comme c’est très bien porté, J’en ai quelques uns de côté Pour les jours où je veux écrire Des vers de sentiment…pour rire. Quand un ami me saute au cou, Je porte la main à ma poche ; Si c’est mon parent le plus proche, J’ai toujours peur d’un mauvais coup, Quand ce parent me saute au cou. Veut-on savoir ce que je pense De l’amour chaste et du devoir ? Pour le premier…allez-y voir ; Quant à l’autre, je me dispense De vous dire ce que je pense C’est moi qui me suis interdit Toute croyance par système, Et, voyez, je ne crois pas même Un seul mot de ce que j’ai dit.

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    La rêveuse Elle rêve, la jeune femme ! L’œil alangui, les bras pendants, Elle rêve, elle entend son âme, Son âme qui chante au dedans. Tout l’orchestre de ses vingt ans, Clavier d’or aux notes de flamme, Lui dit une joyeuse gamme Sur la clef d’amour du printemps… La rêveuse leva la tête, Puis la penchant sur son poète, S’en fut, lui murmurant tout bas : « Ami, je rêve ; ami, je pleure ; « Ami, je songe que c’est l’heure… « Et que mon coiffeur ne vient pas. »

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    La vierge à la crèche Dans ses langes blancs, fraîchement cousus, La vierge berçait son enfant-Jésus. Lui, gazouillait comme un nid de mésanges. Elle le berçait, et chantait tout bas Ce que nous chantons à nos petits anges… Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas. Étonné, ravi de ce qu’il entend, Il rit dans sa crèche, et s’en va chantant Comme un saint lévite et comme un choriste ; Il bat la mesure avec ses deux bras, Et la sainte vierge est triste, bien triste, De voir son Jésus qui ne s’endort pas. « Doux Jésus, lui dit la mère en tremblant, « Dormez, mon agneau, mon bel agneau blanc. « Dormez ; il est tard, la lampe est éteinte. « Votre front est rouge et vos membres las ; « Dormez, mon amour, et dormez sans crainte. » Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas. « Il fait froid, le vent souffle, point de feu… « Dormez ; c’est la nuit, la nuit du bon dieu. « C’est la nuit d’amour des chastes épouses ; « Vite, ami, cachons ces yeux sous nos draps, « Les étoiles d’or en seraient jalouses. » Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas. « Si quelques instants vous vous endormiez, « Les songes viendraient, en vol de ramiers, « Et feraient leurs nids sur vos deux paupières, « Ils viendront ; dormez, doux Jésus. » Hélas ! Inutiles chants et vaines prières, Le petit Jésus ne s’endormait pas. Et marie alors, le regard voilé, Pencha sur son fils un front désolé : « Vous ne dormez pas, votre mère pleure, « Votre mère pleure, ô mon bel ami… » Des larmes coulaient de ses yeux ; sur l’heure, Le petit Jésus s’était endormi.

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    Le croup Alors Hérode envoya tuer dans Bethléem Et dans les pays d’alentour les enfants de Deux ans et au-dessous.Saint Matthieu, III. I Dans son petit lit, sous le rayon pâle D’un cierge qui tremble et qui va mourir, L’enfant râle. Quel est le bourreau qui le fait souffrir ? Quel boucher sinistre a pris à la gorge Ce pauvre agnelet que rien ne défend ? Qui l’égorge ? Qui sait égorger un petit enfant ? Sombre nuit ! La chambre est froide. On frissonne. Dans l’âtre glacé fume un noir tison. L’heure sonne. Le vent de la mort court dans la maison. II Aux rideaux du lit la mère s’accroche. Elle est nue. Elle est pâle. Elle défend Qu’on l’approche : Elle veut rester seule avec l’enfant. Son fils ! Il faut voir comme elle lui cause ! « Ami, ne meurs pas. Je te donnerai « Quelque chose ; « Ami, si tu meurs, moi je pleurerai. » Et pour empêcher que l’oiseau s’envole, Elle lui promet du mouron plus frais… Pauvre folle ! Comme si l’oiseau s’envolait exprès. Le père est debout dans l’ombre. Il se cache, Il pleure. On l’entend dire en étouffant : « Ô le lâche « Qui n’ose pas voir mourir son enfant ! » Dans un coin, l’aïeul accroupi par terre Chante une gavotte, et quand on lui dit De se taire, Il répond : « Hé ! hé ! j’endors le petit. » III Le cierge s’éteint près du lit qui sombre… Un râle de mort, un cri de douleur, Et dans l’ombre On entend quelqu’un fuir comme un voleur. Qui va là ? Qui vient d’ouvrir cette porte ?… Courons ! C’est un spectre armé d’un couteau, Il emporte Le petit enfant dans son grand manteau. Oh ! je te connais, – ne cours pas si vite, Massacreur d’enfants ! Je t’ai reconnu Tout de suite À ton manteau rouge, à ton couteau nu. Hérode t’a fait ce legs effroyable. Tu portes sa pourpre et son yatagan. Vas au diable Comme Hérode, spectre, assassin, forban !

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    Les bottines Ce bruit charmant des talons qui résonnent sur le parquet : clic ! clac ! est le plus joli thème pour un rondeau. GŒTHE, Wilhelm Meister. I Moitié chevreau, moitié satin, Quand elles courent par la chambre, Clic ! clac ! Il faut voir de quel air mutin Leur fine semelle se cambre. Clic ! Clac ! Sous de minces boucles d’argent, Toujours trottant, jamais oisives, Clic ! clac ! Elles ont l’air intelligent De deux petites souris vives. Clic ! clac ! Elles ont le marcher d’un roi, Les élégances d’un Clitandre, Clic ! clac ! Par là-dessus, je ne sais quoi De fou, de railleur et de tendre. Clic ! clac ! II En hiver au coin d’un bon feu, Quand le sarment pétille et flambe, Clic ! clac ! Elles aiment à rire un peu, En laissant voir un bout de jambe. Clic ! clac ! Mais quoique assez lestes, – au fond, Elles ne sont pas libertines, Clic ! clac ! Et ne feraient pas ce que font La plupart des autres bottines. Clic ! clac ! Jamais on ne nous trouvera, Dansant des polkas buissonnières, Clic ! clac ! Au bal masqué de l’Opéra, Ou dans le casion d’Asnières. Clic ! clac ! C’est tout au plus si nous allons, Deux fois par mois, avec décence, Clic ! clac ! Nous trémousser dans les salons Des bottines de connaissance. Clic ! clac ! Puis quand nous avons bien trotté, Le soir nous faisons nos prières, Clic ! clac ! Avec toute la gravité De deux petites sœurs tourières. Clic ! clac ! III Maintenant, dire où j’ai connu Ces merveilles de miniature, Clic ! clac ! Le premier chroniqueur venu Vous en contera l’aventure. Clic ! clac ! Je vous avouerai cependant Que souventes fois il m’arrive, Clic ! clac ! De verser, en les regardant, Une grosse larme furtive. Clic ! clac ! Je songe que tout doit finir, Même un poème d’humoriste, Clic ! clac ! Et qu’un jour prochain peut venir Où je serai bien seul, bien triste, Clic ! clac ! Lorsque, – pour une fois, Mes oiseaux prenant leur volée, Clic ! clac ! De loin, sur l’escalier de bois, J’entendrai, l’âme désolée : Clic ! clac !

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    Les prunes I Si vous voulez savoir comment Nous nous aimâmes pour des prunes, Je vous le dirai doucement, Si vous voulez savoir comment. L’amour vient toujours en dormant, Chez les bruns comme chez les brunes ; En quelques mots voici comment Nous nous aimâmes pour des prunes. II Mon oncle avait un grand verger Et moi j’avais une cousine ; Nous nous aimions sans y songer, Mon oncle avait un grand verger. Les oiseaux venaient y manger, Le printemps faisait leur cuisine ; Mon oncle avait un grand verger Et moi j’avais une cousine. III Un matin nous nous promenions Dans le verger, avec Mariette : Tout gentils, tout frais, tout mignons, Un matin nous nous promenions. Les cigales et les grillons Nous fredonnaient une ariette : Un matin nous nous promenions Dans le verger avec Mariette. IV De tous côtés, d’ici, de là, Les oiseaux chantaient dans les branches, En si bémol, en ut, en la, De tous côtés, d’ici, de là. Les prés en habit de gala Étaient pleins de fleurettes blanches. De tous côtés, d’ici, de là, Les oiseaux chantaient dans les branches. V Fraîche sous son petit bonnet, Belle à ravir, et point coquette, Ma cousine se démenait, Fraîche sous son petit bonnet. Elle sautait, allait, venait, Comme un volant sur la raquette : Fraîche sous son petit bonnet, Belle à ravir et point coquette. VI Arrivée au fond du verger, Ma cousine lorgne les prunes ; Et la gourmande en veut manger, Arrivée au fond du verger. L’arbre est bas ; sans se déranger Elle en fait tomber quelques-unes : Arrivée au fond du verger, Ma cousine lorgne les prunes. VII Elle en prend une, elle la mord, Et, me l’offrant : « Tiens !… » me dit-elle. Mon pauvre cœur battait bien fort ! Elle en prend une, elle la mord. Ses petites dents sur le bord Avaient fait des points de dentelle… Elle en prend une, elle la mord, Et, me l’offrant : « Tiens !… » me dit-elle. VIII Ce fut tout, mais ce fut assez ; Ce seul fruit disait bien des choses (Si j’avais su ce que je sais !…) Ce fut tout, mais ce fut assez. Je mordis, comme vous pensez, Sur la trace des lèvres roses : Ce fut tout, mais ce fut assez ; Ce seul fruit disait bien des choses. IX À MES LECTRICES. Oui, mesdames, voilà comment Nous nous aimâmes pour des prunes : N’allez pas l’entendre autrement ; Oui, mesdames, voilà comment. Si parmi vous, pourtant, d’aucunes Le comprenaient différemment, Ma foi, tant pis ! voilà comment Nous nous aimâmes pour des prunes.

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    À Clairette Croyez-moi, mignonne, avec l’amourette Que nous gaspillons à deux, chaque jour (Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette), On pourrait encore faire un peu d’amour. On fait de l’amour avec l’amourette. Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs. Qui sait ? cherchons bien…pardon, je m’arrête ; Vous avez la bouche et l’œil trop moqueurs (Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette) : Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs. Voyons, si j’avais dans quelque retraite Le nid que je rêve et que j’ai cherché, (Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette), On aime bien mieux quand on est caché. Si j’avais un nid dans quelque retraite ! Un nid ! des vallons bien creux, bien perdus. Plus de falbalas, plus de cigarette ; Champagne et mâcon seraient défendus, (Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette)… Un nid, des vallons bien creux, bien perdus. Quel bonheur de vivre en anachorète, Des fleurs et vos yeux pour tout horizon, (Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette) ! Par le dieu Plutus, j’ai quelque raison Pour désirer vivre en anachorète. Eh bien ! cher amour, la nature est prête, Le nid vous attend… Comment ! vous riez ? (Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette), C’était pour savoir ce que vous diriez.

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    À Célimène Je ne vous aime pas, ô blonde Célimène, Et si vous l’avez cru quelque temps, apprenez Que nous ne sommes point de ces gens que l’on mène Avec une lisière et par le bout du nez ; Je ne vous aime pas… depuis une semaine, Et je ne sais pourquoi vous vous en étonnez. Je ne vous aime pas ; vous êtes trop coquette, Et vos moindres faveurs sont de mauvais aloi ; Par le droit des yeux noirs, par le droit de conquête, Il vous faut des amants. (On ne sait trop pourquoi.) Vous jouez du regard comme d’une raquette ; Vous en jouez, méchante… et jamais avec moi. Je ne vous aime pas, et vous aurez beau faire, Non, madame, jamais je ne vous aimerai. Vous me plaisez beaucoup ; certes, je vous préfère À Dorine, à Clarisse, à Lisette, c’est vrai. Pourtant l’amour n’a rien à voir dans cette affaire, Et quand il vous plaira, je vous le prouverai. J’aurais pu vous aimer ; mais, ne vous en déplaise, Chez moi le sentiment ne tient que par un fil… Avouons-le, pourtant, quelque chose me pèse : En ne vous aimant pas, comment donc se fait-il Que je sois aussi gauche, aussi mal à mon aise Quand vous me regardez de face ou de profil ? Je ne vous aime pas, je n’aime rien au monde ; Je suis de fer, je suis de roc, je suis d’airain. Shakespeare a dit de vous : « Perfide comme l’onde » ; Mais moi je n’ai pas peur, car j’ai le pied marin. Pourtant quand vous parlez, ô ma sirène blonde, Quand vous parlez, mon cœur bat comme un tambourin. Je ne vous aime pas, c’est dit, je vous déteste, Je vous crains comme on craint l’enfer, de peur du feu ; Comme on craint le typhus, le choléra, la peste, Je vous hais à la mort, madame ; mais, mon Dieu ! Expliquez-moi pourquoi je pleure, quand je reste Deux jours sans vous parler et sans vous voir un peu.

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