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Amable Tastu

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Poésies

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    Amable Tastu

    @amableTastu

    La mer Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée ; Qu'aux vents capricieux ma barque soit livrée. Tu seras ma compagne, alors que le soleil Colore l'Océan de son éclat vermeil, Ou lorsque, s'échappant de la nue orageuse, La neige au sein des flots tombe silencieuse. Que nous font des saisons les changements divers ! La flamme qui nous luit ne connaît point d'hivers. Ah ! qu'importe le sort si ta main caressante S'appuie au gouvernail de ma nef inconstante ! Si nous sommes unis, si l'amour suit nos pas, La vie est près de toi, la mort où tu n'es pas. Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée ; Qu'aux vents capricieux ma barque soit livrée, Oublions des saisons les changements divers : La flamme qui nous luit ne connaît point d'hivers. Crois-moi, fuyons la terre et ses brillantes chaînes, L'Océan fût créé pour les âmes hautaines ; Confions-nous sans crainte à son sein indompté, Refuge de l'amour et de la liberté. Là, point d'œil curieux, point de langues traîtresses N'oseront épier ou blâmer nos caresses : Nous n'aurons pour témoin qu'un ciel propice et doux Qui semble s'abaisser entre le monde et nous. Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée, Qu'aux vents capricieux ma barque soit livrée ; Oublions des saisons les changements divers : La flamme qui nous luit ne connaît point d'hivers.

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    Amable Tastu

    @amableTastu

    La neige Si peu nombreux encore, tes jours coulent bien sombres, Jeune année, et ton front est enveloppé d'ombres. De ces nuages noirs, qui déguisent les cieux, Descendant les frimas à flots silencieux. Comme le froid chagrin sur une âme oppressée, La neige sur le sol tombe lente et glacée. Dans mes yeux abattus je sens rouler des pleurs ! Hélas! mon cher pays, qu'as-tu fait de tes fleurs ? Quel sinistre pouvoir a flétri ta parure ? En vain mon cœur gémit et ma bouche murmure ; Demain, hélas! demain, de ses blancs tourbillons La neige aura comblé tes fertiles sillons ; Les oiseaux, que la bise atteint dans leurs retraites, Demain s'exileront de tes forêts muettes ; Demain ces flots nombreux qui, dans leur liberté. Te vont porter la vie et la fécondité, S'arrêteront captifs, et ce réseau de glace Comme un voile de mort couvrira ta surface ! Mais ce linceul pesant, sous sa morne pâleur, Double en la comprimant la féconde chaleur : Telle, dans nos hameaux la couveuse fidèle Cache un germe inconnu sous l'ombre de son aile, Et peut-être, trompée en son aveugle amour, S'étonnera des fruits qui vont éclore au jour. Déjà dans sa puissance où la terre se fie Fermente sourdement le principe de vie ; Déjà la sève errante en ses mille canaux Promet aux troncs vieillis des rejetons nouveaux, Et sur le froid sommeil de la nature entière Plane un songe d'espoir, de joie et de lumière. Pour hâter le moment d'un glorieux réveil, France, que te faut-il ? Un rayon du soleil ! Le soleil, il est là, brillant sous ce nuage, Comme la vérité, dont son astre est l'image : Comme elle aussi, couvert d'un voile passager, Qui l'obscurcit un jour, mais ne peut le changer. Ah ! si l'ombre est rapide et lui seul immuable, S'il faut subir du temps le cours inexorable, Si le plus long hiver est suivi d'un printemps, Il vient ! l'hiver s'enfuit ; le temps vole !... j'attends !

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    Amable Tastu

    @amableTastu

    Rêverie Alors que sur les monts l'ombre s'est abaissée, Des jours qui ne sont plus s'éveille la pensée ; Le temps fuit plus rapide, il entraîne sans bruit Le cortège léger des heures de la nuit. Un songe consolant rend au cœur solitaire Tous les biens qui jadis l'attachaient à la terre, Ses premiers sentiments et ses premiers amis, Et les jours de bonheur qui lui furent promis. Calme d'un âge heureux, pure et sainte ignorance, Amitié si puissante, et toi, belle espérance, Doux trésors qui jamais ne me seront rendus, Ah ! peut-on vivre encore et vous avoir perdus !

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    Amable Tastu

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    Découragement Ils me l’ont dit : parfois, d’un mot qui touche, J’ai réveillé le sourire ou les pleurs, Quelques doux airs ont erré sur ma bouche, Sous mes pinceaux quelques fraîches couleurs. Ils me l’ont dit ! connaissent-ils mon âme, Pour lui vouer sympathie ou dédain ? Non, je le sens, la louange ou le blâme Tombe au hasard sur un fantôme vain. Ah! si mes chants ont brigué leur estime, C’est que la mienne a passé mes efforts ; Car mon talent n’est qu’une lutte intime D’ardents pensers et de frêles accords. Bruits caressants de la foule empressée, Oh ! que mon cœur vous compterait pour rien Si je pouvais, seule avec ma pensée, Me dire un jour : Ce que j’ai fait est bien ! Un jour, un seul! pour jeter sur ces pages, Pour, à mon gré, répandre dans mes vers Ce que je vois de brillantes images, Ce que j’entends d’ineffables concerts !… Un jour, un seul !… mais non, pas même une heure ! Pour m’épancher, pas un mot, pas un son ; L’esprit captif qui dans mon sein demeure Bat vainement les murs de sa prison. Ainsi s’accroît la flamme inaperçue D’un incendie en secret allumé : Lorsqu’au dehors elle s’ouvre une issue, C’est qu’au dedans elle a tout consumé. Si vous deviez aux voûtes éternelles Dès le berceau fixer mes faibles yeux, Pourquoi, mon Dieu, me refuser ces ailes Qui d’un essor nous portent dans vos cieux ? Moi qui, du monde aisément détachée, Aspire à fuir les chaînes d’ici-bas, Dois-je glaner, vers la terre penchée, Ce peu d’épis répandus sous mes pas ? Faut-il quêter dans la moisson commune Mon lot chétif de peine et de plaisirs, Quand il n’est point de si haute fortune Que de bien loin ne passent mes désirs !… Puis, qu’après moi rien de moi ne demeure ! Penser ! souffrir ! sans qu’il en reste rien, Sans imposer, devant que je ne meure, A d’autres cœurs les battements du mien !… Sons enchantés, qu’entend ma seule oreille, Divins aspects, rêves où je me plus, Vous, qui m’ouvrez un monde de merveille, Où serez-vous quand je ne serai plus ?

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    Amable Tastu

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    La barque Mon œil rêveur suit la barque lointaine Qui vient à moi, faible jouet des flots ; J’aime à la voir déposer sur l’arène D’adroits pécheurs, de joyeux matelots. Mais à ma voix, nulle voix qui réponde ! La barque est vide, et je n’ose approcher. Nacelle vagabonde, A la merci de l’onde, Pourquoi voguer sans rame et sans nocher ? La mer paisible et le ciel sans nuage Sont embellis des feux du jour naissant ; Mais dans la nuit grondait un noir orage ; L’air était sombre et le flot menaçant !… Quand l’espérance, en promesses féconde, Ouvrit l’anneau qui t’enchaîne au rocher, Nacelle vagabonde, A la merci de l’onde, Pourquoi voguer sans rame et sans nocher ? Oui, ton retour cache un triste mystère ! D’un poids secret il oppresse mon cœur. Sur cette plage, errante et solitaire, J’ai vu pleurer la femme du pêcheur ! Es-tu l’objet de sa douleur profonde ? Ses longs regards allaient-ils te chercher ? Nacelle vagabonde, A la merci de l’onde, Pourquoi voguer sans rame et sans nocher ?

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    Amable Tastu

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    La jeune fille Qu’elle est gracieuse et belle ! Est-il rien d’aussi beau qu’elle ? Me diras-tu, matelot, Sur ta galère fidèle, Si la galère, ou le flot, Ou l’étoile est aussi belle ? Me diras-tu, chevalier, Toi dont l’épée étincelle, Si l’épée, ou le coursier, Ou la guerre est aussi belle ? Me diras-tu, pastoureau, En paissant l’agneau qui bêle, Si la montagne, ou l’agneau, Ou la plaine est aussi belle ? Qu’elle est gracieuse et belle ! Est-il rien d’aussi beau qu’elle ?

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    Amable Tastu

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    Sur la mort de Madame Dufrénoy Une brise inconnue a passé sur la lyre, La lyre lui répond par un lugubre accord, Et de vagues terreurs tout bas semblent me dire: C'est un souffle de mort! Je vois sur l'Hélicon un long crêpe s'étendre; De ses harpes en deuil les gémissantes voix S'élèvent, et le nom que je tremblais d'entendre A retenti deux fois. Je ne le pouvais croire! Il est donc vrai, c'est elle, C'est elle qui nous fuit, c'est elle que je perds! Cessez, fils d'Apollon, cette plainte fidèle, Et ces pieux concerts. Non, non, ce n'est pas vous, c'est moi qu'elle a nommée; La crédule amitié l'aveuglait dans son choix; C'est à mes faibles chants que de sa renommée Elle a légué le poids. Hélas! en exhalant ma promesse timide, Un sourire peut-être en a suivi l'essor, Tant ce malheur si prompt, tant cette mort rapide Paraissait loin encore! Pleurs, cessez de couler ; un solennel office Enchaîne ma douleur aux pompes du cercueil: Sa tombe attend de moi le dernier sacrifice Et les hymnes du deuil. Belle âme, que trop tôt le sort nous a ravie, D'un culte universel n'as-tu pas tressailli, Toi, qui, de tous les maux, fruits amers de la vie, Ne craignais que l'oubli? Du volage public l'indifférent silence Te fit douter parfois de ton noble avenir: Mais tu meurs, et ce jour aux fastes de la France Inscrit ton souvenir. Comme un juge indolent, si la foule sommeille, Aux bruits des chants rivaux qui s'élèvent en chœurs, A la fin du combat sa justice s'éveille Pour nommer les vainqueurs. Son arrêt sur ton front a posé la couronne. Le poétique essaim de tes succès épris Contemple avec respect l'éclat qui t'environne, Et te cède le prix. Qui pourrait y prétendre, et d'une main avide Ravir à ton cercueil ces lauriers éclatants? Qui s'oserait asseoir à cette place vide Où tu régnas longtemps? Ah ! que ce rang suprême à jamais t'appartienne! Quel Français oubliera, pour de nouveaux accords, Celle qui réveilla la lyre lesbienne Inconnue à nos bords! Chants d'amour, purs accents dignes du siècle antique, Mélodieux soupirs, chers au sacré vallon, Contre le temps ingrat votre pouvoir magique Protégera son nom! Mais que lui fait la gloire, autrefois son idole? Sans doute elle dédaigne en un séjour plus beau Ce bien, le seul pourtant, de ce monde frivole, Qui nous suive au tombeau. Le seul ! ah, qu'ai-je dit! l'amitié plus puissante Sur les hôtes du ciel conserve encore ses droits; Et peut-être, parmi la foule gémissante, Tu reconnais ma voix. Eh bien, tu l'as voulu, j'ai rempli ma promesse, J'ai chanté ; dans mon sein étouffant mes soupirs, Retenant mes sanglots, j'immolai ma tristesse A tes derniers désirs... Maintenant laissez-moi dans l'ombre et le mystère Fleurer les doux avis dont l'espoir m'animait, L'accueil accoutumé, la voix qui m'était chère, Et le cœur qui m'aimait; Heureuse de pouvoir, dans ma douleur profonde, Sur sa tombe en secret déposer quelques fleurs, La regretter tout bas, et dérober au monde Des yeux mouillés de pleurs!

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    Amable Tastu

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    La veille de Noël Entre mes doigts guide ce lin docile, Pour mon enfant tourne, léger fuseau; Seul tu soutiens sa vie encore débile, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Les entends-tu, chaste Reine des anges ; Ces tintements de l'airain solennel? Le peuple en foute entourant ton autel, Avec amour répète tes louanges. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Si je ne puis unir aux saints mystères Des vœux offerts sous les sacrés parvis, Si le devoir me retient près d'un fils, Prête l'oreille à mes chants solitaires. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Porte des cieux, Vase élu, Vierge sainte, Toi qui du monde enfantas le Sauveur, Pardonne, hélas ! trahissant ma ferveur, L'hymne pieux devient un chant de plainte. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Le monde entier m'oublie et me délaisse ; Je n'ai connu que d'éternels soucis: Vierge sacrée, au moins donne à mon fils Tout le bonheur qu'espérait ma jeunesse! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Paisible, il dort du sommeil de son âge, Sans pressentir mes douloureux tourments. Reine du ciel, accorde-lui longtemps Ce doux repos, qui n'est plus mon partage! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Tendre arbrisseau menacé par l'orage, Privé d'un père, où sera ton appui? A ta faiblesse il ne reste aujourd'hui Que mon amour, mes soins et mon courage. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Mère du Dieu que le chrétien révère, Ma faible voix s'anime en t'implorant; Ton divin fils est né pauvre et souffrant: Ah! prends pitié des larmes d'une mère! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Des pas nombreux font retentir la ville; Ce bruit confus, s'éloignant par degrés, M'apprend la fin des cantiques sacrés. J'écoute encore... déjà tout est tranquille. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Tout dort, hélas ! je travaille et je veille; La paix des nuits ne ferme plus mes yeux. Permets du moins, appui des malheureux, Que ma douleur jusqu'au matin sommeille! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Mais non, rejette, ô divine Espérance! Ces lâches vœux, vains murmures du cœur ; Je veux bénir cette longue souffrance, Gage certain d'un immortel bonheur. Entre mes doigts guide ce lin docile, Pour mon enfant tourne, léger fuseau; Seul tu soutiens sa vie encore débile; Tourne sans bruit auprès de son berceau.

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    Amable Tastu

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    Le dernier jour de l'année Déjà la rapide journée Fait place aux heures du sommeil, Et du dernier fils de Vannée S'est enfui le dernier soleil. Près du foyer, seule, inactive, Livrée aux souvenirs puissants, Ma pensée erre, fugitive, Des jours passés aux jours présents. Ma vue, au hasard arrêtée, Longtemps de la flamme agitée Suit les caprices éclatants, Ou s'attache à l'acier mobile Qui compte sur l'émail fragile Les pas silencieux du temps. Un pas encore, encore une heure, Et l'année aura sans retour Atteint sa dernière demeure; L'aiguille aura fini son tour. Pourquoi, de mon regard avide, La poursuivre ainsi tristement, Quand je ne puis d'un seul moment Retarder sa marche rapide? Du temps qui vient de s'écouler, Si quelques jours pouvaient renaître, II n'en est pas un seul, peut-être, Que ma voix daignât rappeler! Mais des ans la fuite m'étonne; Leurs adieux oppressent mon cœur; Je dis : C'est encore une fleur Que l'âge enlève à ma couronne, Et livre au torrent destructeur; C'est une ombre ajoutée à l'ombre Qui déjà s'étend sur mes jours ; Un printemps retranché du nombre De ceux dont je verrai le cours! Écoutons!... Le timbre sonore Lentement frémit douze fois; Il se tait... Je l'écoute encore, Et l'année expire à sa voix. C'en est fait ; en vain je l'appelle, Adieu!... Salut, sa sœur nouvelle, Salut ! Quels dons chargent ta main? Quel bien nous apporte ton aile? Quels beaux jours dorment dans ton sein? Que dis-je ! à mon âme tremblante Ne révèle point tes secrets : D'espoir, de jeunesse, d'attraits, Aujourd'hui tu parais brillante; Et ta course insensible et lente Peut-être amène les regrets! Ainsi chaque soleil se lève Témoin de nos vœux insensés; Ainsi toujours son cours s'achève, En entraînant comme un vain rêve, Nos vœux déçus et dispersés. Mais l'espérance fantastique, Répandant sa clarté magique Dans la nuit du sombre avenir, Nous guide d'année en année, Jusqu'à l'aurore fortunée Du jour qui ne doit pas finir.

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    Amable Tastu

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    Le printemps Viens, charmante saison, jeunesse de l’année, Viens animer encore le luth des Troubadours, Des fleurs que tu fais naître accours environnée, Elles seront le prix de nos chansons d’amours. Voici venir le jour où la Reine des anges, Seule, au pied de la croix, répandit tant de pleurs, Qu’elle entende aujourd’hui l’hymne de nos louanges Redire aux saints autels ses sublimes douleurs. Cité de mes aïeux, Toulouse tant chérie, Sois à jamais l’orgueil, l’amour de tes enfants ; Qu’ils trouvent dans les murs de leur belle patrie Le sujet et le prix de leurs nobles accents ! Poètes orgueilleux, caressez l’espérance De laisser après vous un renom immortel ; Le mien s’éteindra vite ; et le nom de Clémence Ne sera point connu du jeune Ménestrel. La rose du matin le soir jonche la terre ; Avec indifférence on la voit se flétrir ; Et le vent de la nuit, de son aile légère, Disperse dans les airs son dernier souvenir.

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    Amable Tastu

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    Les saisons du Nord Connaissez-vous ces bords qu'arrose la Baltique, Et dont les souvenirs, aimés du Barde antique, Ont réveillé la harpe amante des torrents ? Connaissez-vous ces champs qu'un long hiver assiège, L'orgueil des noirs sapins que respecte la neige, Ces rocs couverts de mousse et ces lacs transparents ? D'un rapide printemps la fugitive haleine Y ranime en passant et les monts et la plaine ; Un prompt été le suit, et, prodigue de feux, Se hâte de mûrir les trésors qu'il nous donne ; Car l'hiver menaçant laisse à peine à l'automne Le temps de recueillir ses présents savoureux. Mais ces rares beaux jours, quel charme les décore ! La nuit demi-voilée y ressemble à l'aurore : Une molle douceur se répand dans les airs ; Et cette heure rapide où le soleil repose, Clisse avec le murmure et les parfums de rose Des bouleaux agités par la brise des mers. Hâtez-vous de goûter d'éphémères délices ; L'hiver qui vous poursuit de ses tristes prémices, D'un givre étincelant a blanchi ces climats : Bientôt l'onde s'arrête à sa voix redoutable, Et sur les champs muets que son empire accable D'une haleine puissante il souffle les frimas. Mais aux natals plaisirs lui seul offre un théâtre, Ses chemins de cristal et ses tapis d'albâtre Ouvrent leur blanche arène aux traîneaux triomphants ; Et malgré ses rigueurs et sa morne durée, Lui seul prête ses traits à l'image sacrée Qui grave la patrie au cœur de ses enfants. Beaux climats du Midi, terres du ciel aimées ! Que sont au fils du Nord vos brises embaumées ? Les jasmins de Grenade et leurs parfums si doux Ne pourraient l'arracher à sa mélancolie, Sous vos rameaux en fleurs, citronniers d'Italie, Il rêve un sol de glace et des cieux en courroux.

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    Amable Tastu

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    Marie Stuart Adieu, plaisant pays de France, O ma patrie La plus chérie, Qui a nourri ma jeune enfance. Adieu! France! adieu, mes beaux jours! La nef qui déjoint nos amours N’a cy de moi que la moitié; Une part te reste, elle est tienne; Je la fie à ton amitié Pour que de l’autre il te souvienne. MARIE STUART. Vers la France, ô légers nuages, Que chasse un vent rapide et frais, Portez à ses joyeux rivages Mes vœux, mes soupirs, mes regrets. Pays si cher à ma mémoire, Objet constant de mes désirs, Tu gardes mes songes de gloire, D’amour, de joie et de plaisirs. Loin de toi la perte d’un trône Ne peut éveiller mes douleurs, Et j’ai moins pleuré ma couronne Que tes eaux, ton ciel et tes fleurs. Vers la France, o légers nuages, Que chasse un vent rapide et frais, Portez à ses joyeux rivages Mes vœux, mes soupirs, mes regrets. O vous, qui d’une cour ravie Naguère excitiez les transports, Talents, délices de la vie, Frétez-moi vos brillants accords! Harpe sonore, ton empire Du sort n’éprouve point les coups, Et toujours le malheur t’inspire Des chants plus puissants et plus doux. Vers la France, ô légers nuages, Que chasse un vent rapide et frais, Portez à ses joyeux rivages Mes vœux, mes soupirs, mes regrets. O France que mon cœur appelle, J’aime à dire en rêvant à toi: Peut-être une larme fidèle Sur ces bords coule encor pour moi; Peut-être une voix attendrie, De mes chants émue en secret, Murmure le nom de Marie, Tressaille, soupire et se tait! Vers la France, ô légers nuages, Que chasse un vent rapide et frais, Portez à ses joyeux rivages Mes vœux, mes soupirs, mes regrets.

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    Amable Tastu

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    Que je voudrais te voir Que je voudrais te voir, quand la tardive aurore Annonce le réveil de nos derniers beaux jours! Ces derniers jours si doux, bien que déjà si courts, A tes côtés, pour moi, seraient plus doux encore! Que je voudrais te voir! Que je voudrais te voir! Ici le tiède automne Déjà de pourpre et d'or teint les ombrages verts; Quelque feuille séchée en tombe au gré des airs, Et j'écoute en rêvant sa chute monotone... Que je voudrais te voir! Que je voudrais te voir, te voir sourire encore A ces chants imparfaits où se comptait ma voix, Que la tienne si douce embellit quelquefois... Tout nouveau sur ma bouche un autre vient d'éclore: Que je voudrais te voir! Que je voudrais te voir, et, tant que le jour dure, Errer muets tous deux, et, la main dans la main, Le soir sans nous quitter nous redire : A demain! Mais seule je m'endors, et tout bas je murmure: Que je voudrais te voir!

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