Amedeo Bordiga (1889–1970), l’un des fondateurs du parti communiste italien, est une des figures les plus originales et l’un des auteurs les plus prolifiques du mouvement communiste.Les textes sélectionnés et présentés ici par Jacques Camatte sont parus entre 1954 et 1957 dans Il Programma Communista. Bordiga s’adresse aux membres du parti communiste international, pour lesquels le « diagnostic » de Bordiga (la révolution de 1917 a engendré le capitalisme) n’est pas immédiatement acceptable, car il pourrait faire naître un « doute révisionniste sur la doctrine ». Mais l’analyse de Bordiga repose en particulier sur les critères suivants :« 1. On ne construit pas le socialisme ; on détruit seulement les entraves à son développement.2. Le socialisme n’est possible qu’à l’échelle internationale3. On ne peut dire qu’il y a disparition du mode de production capitaliste que lorsqu’il n’y a plus salariat, mercantilisme (dont le salariat est une expression), anarchie de la production, entreprises ; toutes choses jamais éliminées en Russie. »Tout l’intérêt des approches de Bordiga réside dans son utilisation du marxisme, qu’il désigne comme « théorie du prolétariat ». Pour lui, la révolution russe est « une vérification indiscutable du marxisme ». Au fil des textes, il analyse l’histoire économique de l’Union soviétique depuis la Révolution jusqu’à l’époque où il écrit ; loin de nier les caractéristiques singulières de ce capitalisme soviétique, il les explique à la lumière du marxisme, sans faire appel, comme beaucoup d’auteurs, à l’apparition d’une classe particulière, la bureaucratie. En Russie, l’accélération du développement du capitalisme a été due à une révolution prolétarienne, conformément à la vision que Marx et Engels ont esquissée dès le Manifeste, et cette particularité permet d’en expliquer bien des aspects.

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