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Amédée Pommier

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Poésies

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    Amédée Pommier

    @amedeePommier

    Aux Coquettes Derrière le miroir, ce démon aux aguets, Dans ce discret asile où l'élégance règne, Ces roses, ces bijoux, tout ici vous enseigne A ne pas trop vous plaire aux ornements coquins. Apprenez le danger des colliers, des bouquets. Démêlant vos cheveux, quand, au matin, le peigne Dans leurs longs flots dorés avec amour se baigne, Que, dans l'écrin ouvert, brillent vos affiquets; Que, vous applaudissant du bonheur d'être belles, Vous venez contempler, dans vos glaces fidèles, Les contours serpentins que votre corps décrit; Que, comme un souple jonc, votre taille se cambre, Cherchez bien : vous verrez, dans un coin de la chambre, Quelque diable embusqué qui regarde et qui rit.

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    Amédée Pommier

    @amedeePommier

    La lune de miel En négligé galant, trônant dans son boudoir, La nouvelle épousée (elle est au moins marquise), Avec ses traits mutins et d'une grâce exquise, Regarde le mari qui vaque à son devoir. Aux pieds de son Omphale Hercule a dû s'asseoir. Omphale exerce en plein l'autorité conquise, Et l'Alcide à jabot qu'elle mène à sa guise, Préparant fil, aiguille, atteste son pouvoir. La rose est fraîche encore. Les désirs que fait naître Ce corsage entr'ouvert où le regard pénètre Rendent jusqu'à présent vos ordres absolus. Mais le temps fuit, madame ; on n'est pas toujours belle. Dans peu, sachez-le bien, votre esclave rebelle, Même quand vous prieriez, ne travaillera plus.

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    Amédée Pommier

    @amedeePommier

    Le bonheur de l'obscurité Faux éclat des grandeurs pour lequel on soupire, Opulentes cités, ambitieux palais, Princes, et toi, Fortune, au perfide sourire, J'ai trouvé loin de vous l'innocence et la paix. Exilé de la cour, oublié de l'envie, Dans le sein du silence et de l'oisiveté, Sans désirs, sans douleurs, je vais couler ma vie, Et mon plus cher trésor sera ma pauvreté. Lieux qui m'avez vu naître, aimable solitude, Au moment du retour que vos charmes sont doux! Je pourrai donc enfin, libre d'inquiétude, Goûter des plaisirs purs et simples comme vous. Je reconnais les champs, le clocher, la colline, Tous les premiers objets qui frappèrent mes yeux, Et le chêne isolé dont la tête s'incline Sur le modeste toit qu'habitaient mes aïeux. Séjour du vrai bonheur, retraites pacifiques, Accueillez aujourd'hui le nouveau villageois: C'en est fait, je renonce aux lambris magnifiques Pour le gazon des prés et l'ombrage des bois. Qu'on vante les héros dont le fatal courage S'ouvre un chemin sanglant vers l'immortalité; Refrains des vendangeurs, travaux du labourage, Combien je vous préfère à leur célébrité ! Le vain bruit de la gloire et le faste des villes N'ont pas encore trouble le calme de ces lieux; Les jours y sont sereins, les cœurs y sont tranquilles; En fuyant les pervers, j'ai trouvé les heureux. Toi pour qui je respire, ô maîtresse adorée, Le bocage t'appelle et s'embellit pour toi; Viens partager mes biens, ma chaumière ignorée; Viens vivre loin d'un monde où l'amour est sans foi. Souvent, parmi les fleurs des riantes prairies, Nous irons contempler le déclin d'un beau jour; Souvent, le cœur bercé de douces rêveries, Nous irons parcourir les forêts d'alentour. Ces berceaux odorants, ces dômes de feuillage, Ennemis du soleil et versant la fraîcheur, Les timides désirs que leur ombre encourage, Tout ici nous promet un facile bonheur. Nous pourrons savourer l'aspect de la nature, Dans les bras l'un de l'autre et d'amour consumés; Ces lieux nous prêteront leurs rideaux de verdure, Et leurs sièges de mousse, et leurs lits parfumés. Promenant leur cristal en gracieux méandres, Les limpides ruisseaux couleront près de nous ; Je chanterai pour toi : mes vers, seront plus tendres, Dictés par tes regards, écrits sur tes genoux! Hélas ! Bientôt peut-être, abrégeant ma carrière, L'inexorable mort viendra nous séparer; Les pavots du cercueil couvriront ma paupière ; Je sentirai ma vie et ma flamme expirer. A cette heure suprême, ô ma chère Zélie! Tu seras près de moi pour calmer mes douleurs; Je presserai ta main de ma main affaiblie, Et mon dernier regard verra couler tes pleurs. Mes vœux seront remplis, si ton cœur me regrette, Si celle que les dieux firent pour tout charmer Vient rêver quelquefois sur la cendre muette D'un mortel inconnu qui vécut pour t'aimer!

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    Amédée Pommier

    @amedeePommier

    À une jolie femme Savez-vous bien, Madame, à quel risque on s'expose En acceptant des vers d'indiscrets tels que moi? C'est une occasion de parler, et, ma foi, Je dis ce que je pense et permets qu'on en glose. Un poète ose tout. — Si j'allais (je suppose) Vous proclamer déesse et préciser pourquoi; Dire que votre taille et tout ce que je vois Me font imaginer mainte autre belle chose; Que l'épaule si pure et le bras et le sein, Dont mon regard furtif a surpris le dessin, Sont dignes de Vénus par leur délicatesse; Que vous m'avez fait croire à la réalité De ce qu'en marbre blanc sculpta l'antiquité; Si je disais cela, qu'en d'iriez-vous, comtesse?

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