Réédition de cette petite monographie, excellente introduction à l'oeuvre du couple de photographes allemands dont les vestiges de la culture industrielle - tours de forage, gazomètres, haut fourneaux, silos à grains - ont été les thèmes de prédilection.

Bernd & Hilla Becher : Grundformen / formes élémentaires

La photographie documentaire est une catégorie ambiguë située entre l'information et l'art, entre le reportage et une esthétique apparemment objective (clarté, frontalité, sérialité) héritée du fameux "style documentaire" de Walker Evans. Ce volume entend rendre compte de cette complexité. Il réunit des artistes issus de l'art conceptuel, comme Bernd et Hilla Becher, qui ont documenté de manière systématique les formes de l'industrie minière, ou de la photographie de presse, à l'instar de Luc Delahaye, qui a continué à suivre l'actualité mais dont les grands tableaux sont parfois qualifiés de post-documentaires. Ces interviews soulignent aussi la dimension engagée du documentaire avec Allan Sekula, acteur du nouveau documentaire social américain dans les années 1980, ou Gilles Saussier, qui en appelle aujourd'hui à un documentaire "expérimental et performatif".

La photographie - Tome 3, (Post-)documentaires

Les clichés des Becher se livrent comme les fiches signalétiques d'un catalogue de bâtiments industriels désaffectés regroupant sous forme de planches des tours de refroidissement, des châteaux d'eau, des gazomètres, des hauts-fourneaux,... Cet inventaire du patrimoine industriel constitue autant de " typologies " dans la tradition des maîtres allemands de la photographie objective. Même si son iconographie couvre une large période. allant de la fin des années 1960 à la fin des années 1970. Typologies anciennes revient sur un moment de l'œuvre. Les planches photographiques présentées dans ce livre ont été présentées pour la première fois à la 14 Biennale Internationale de São Paulo, en 1977.

Typologies anciennes

Pratiques. Reflexions Sur L'Art N°5

La question de savoir s'il s'agit d'une œuvre d'art ou non n'est pas très intéressante pour nous. Il est probablement situé entre les catégories établies. Quoi qu'il en soit, le public intéressé par l'art serait le plus ouvert d'esprit et le plus disposé à y penser.

Quand quelqu'un découvre quelque chose dans sa vie qui les intéresse vraiment, alors il devrait se contenter de le faire - sans avoir à aller allonger sur une plage une fois par an.

Notre appareil photo ne produit pas de jolies images, mais des duplications exactes qui, grâce à notre renoncement aux effets photographiques, se révèlent relativement objectives. La photo peut remplacer optiquement son objet dans une certaine mesure. Cela prend une signification particulière si l'objet ne peut pas être préservé.

Nous pensions simplement que nous serions considérablement plus pauvres en Europe si nous n'avions pas les bâtiments sacrés des époques antérieures. Il est toujours possible de vivre la période gothique, sans parler du romantique. Il ne reste plus rien de l'ère industrielle. Nous avons donc pensé que nos photos donneraient au spectateur la possibilité de revenir à une période qui a disparu pour toujours.

Au fil du temps, nous avons développé une sorte d'idéologie sans jamais la formuler en tant que telle. J'ai toujours dit que nous documentons les bâtiments sacrés du calvinisme. Le calvinisme rejette toutes les formes d'art et n'a donc jamais développé sa propre architecture. Les bâtiments que nous photographions proviennent directement de cette pensée purement économique.

Nous ne sommes pas d'accord avec la représentation des bâtiments dans les années 20 et 1930. Les choses ont été vues d'en haut ou d'en-dessous qui avaient tendance à monumentaliser l'objet. Cela a été exploité en termes de vision socialiste - une nouvelle vision du monde, un nouvel homme, un nouveau départ.

Nous n'avons fait que remonter le temps vers une photographie d'une précision supérieure à l'œil humain.

Il s'agit d'objets, pas de motifs. La photo ne remplace qu'un objet; Il ne convient pas comme une image au sens habituel.

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