Né en Hollande en 1895, mort en 1981 à Grimaud près de Saint-Tropez, Bram van Velde a produit une oeuvre solitaire, en marge de tous les mouvements et de tous les groupes, une oeuvre peu abondante mais d'une richesse chromatique et d'une unité formelle rares. Les lettres ou simples billets recueillis ici couvrent la seconde moitié de sa vie, à partir du tournant biographique de 1936 - année de la mort de son épouse, la peintre allemande Lilly Klöker avec qui il vivait depuis 1929 -, et de son rapatriement d'Espagne en France. Ecrites en français, elles s'adressent essentiellement à trois destinataires privilégiés: Marthe Arnaud, sa compagne, Jacques Putman, collectionneur et ami, et Françoise Porte, épouse de ce dernier et amie. Ces documents nous sont d'autant plus précieux que, comparé à d'autres artistes majeurs du vingtième siècle, Bram van Velde s'est peu exprimé sur sa vie ou sur son art. Ayant jusqu'alors vécu dans un environnement germanique, Bram ne possède pas parfaitement la langue française, aussi sa parole paraît se raréfier. Le choix d'une autre langue, avec la part d'inconnu que cela signifie, travaille son expression écrite de manière si singulière, au cours de cette nouvelle phase de sa vie, qu'elle en tire une force étonnante en même temps que le propos se réduit à son énoncé le plus quotidien, le plus tendu et le plus obstiné dans la difficulté dé dire et de créer.

Lettres - A Marthe Arnaud, Jacques Putman, Françoise Porte

L'art n'est pas pour la satisfaction personnelle de l'un ou de l'autre, mais l'art veut rendre tout ce qu'il y a dans la vie... L'art veut rendre tout ce qu'il y a dans nos vies. Plus l'artiste est compréhensif dans la vie, plus son œuvre parlera avec puissance, et donc une œuvre d'art est une mesure de la taille mentale de son créateur.

La vie et l'esprit sont continuellement en conflit les uns avec les autres. Je veux le bonheur, la sécurité. Je n'atteins pas cela par des considérations de mon esprit; Au contraire, ils mèneront à un certain désespoir de la personne intérieure. Pas ce qu'il pense engage l'artiste, mais ce qu'il ressent.

C'était vraiment révélateur. La force de l'intervention, l'intensité des couleurs et le bonheur de ce travail, ne m'ont jamais quitté.

Paris avec sa multitude de directions artistiques appelle continuellement la pénétration et la reconnaissance la plus profonde de votre essence intérieure. Ce n'est que de cette manière qu'il est possible de créer un travail qui fait référence à la durée.

La chose la plus incroyable est que tant de choses se passent en dehors de la volonté. Vous ne pouvez rien. Même la solitude n'est pas un acte de volonté. Vous le supportez simplement. Vous devez vous accrocher jusqu'à la fin, sans affaiblir. Vous ne pouvez rien faire d'autre. Mais vous ne devez pas croire que parce que vous acceptez d'être rien, vous êtes quelqu'un de spécial.

Ses oeuvres