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Cécile Sauvage

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Poésies

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Mes pieds touchent-ils le pré ? Mes pieds touchent-ils le pré ? Une hirondelle s’envole. Ah ! comme le jour doré Pèse peu sur mes épaules ; Comme il pâlit et se fond Dans la brume de la lune Et m’entraîne et me confond Avec la ramure brune.

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    Cécile Sauvage

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    Comme un geste ancien j’ai vu sur le mur Comme un geste ancien j’ai vu sur le mur S’allonger la treille Et parmi l’azur Flotter les abeilles. M’habituai-je, cependant, À voir la lune pâle et ronde Sortir de la courbe du monde, S’élever dans l’air en glissant Et s’effacer à l’aurore, Plus lente et plus pâle encore ?

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    Cécile Sauvage

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    Je suis née au milieu du jour Je suis née au milieu du jour, La chair tremblante et l’âme pure, Mais ni l’homme ni la nature N’ont entendu mon chant d’amour. Depuis, je marche solitaire, Pareille à ce ruisseau qui fuit Rêveusement dans les fougères Et mon coeur s’éloigne sans bruit.

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    Cécile Sauvage

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    Arbres, Montagnes, Champs Neigeux Arbres, montagnes, champs neigeux, Je vous vois naître Dans un rayonnement laiteux A ma fenêtre. Le jour passera somnolent Sans autre fête Que l'averse des flocons blancs Lente et muette, Et grave, je m'étonnerai De quelque livre Où les jours tièdes et dorés Aident à vivre. Tant mes regards s'habitueront A voir descendre L'averse molle des flocons En froide cendre.

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    Cécile Sauvage

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    Je t’apporte ce soir Je t’apporte ce soir ma natte plus lustrée Que l’herbe qui miroite aux collines de juin ; Mon âme d’aujourd’hui fidèle à toi rentrée Odore de tilleul, de verveine et de foin ; Je t’apporte cette âme à robe campagnarde. Tout le jour j’ai couru dans la fleur des moissons Comme une chevrière innocente qui garde Ses troupeaux clochetant des refrains aux buissons. Je fis tout bas ta part de pain et de fromage ; J’ai bu dans mes doigts joints l’eau rose du ruisseau Et dans le frais miroir j’ai cru voir ton image. Je t’apporte un glaïeul couché sur des roseaux. Comme un cabri de lait je suis alerte et gaie ; Mes sonores sabots de hêtre sont ailés Et mon visage a la rondeur pourpre des baies Que donne l’aubépine quand les mois sont voilés. Lorsque je m’en revins, dans les ombres pressées Le soc bleu du croissant ouvrait un sillon d’or ; Les étoiles dansaient cornues et lactées ; Des flûtes de bergers essayaient un accord. Je t’offre la fraîcheur dont ma bouche était pleine, Le duvet mauve encor suspendu dans les cieux, L’émoi qui fit monter ma gorge sous la laine Et la douceur lunaire empreinte dans mes yeux.

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    Cécile Sauvage

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    Beauté, dans ce vallon Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue Et que ta chevelure alentour répandue S’allonge sur la mousse en onduleux rameaux ; Que l’immatérielle et pure voix de l’eau, Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure, Module doucement ta plainte intérieure. Une souple lumière à travers les bouleaux Veloute ta blancheur d’une ombre claire et molle ; Grêle, un rameau retombe et touche ton épaule Dans le fin mouvement des arbres où l’oiseau Voit la lune glisser sous la pâleur de l’eau, Ô silence et fraîcheur de la verte atmosphère Qui semble dans son calme envelopper la terre Et t’endormir au sein d’un limpide univers, Ô silence et fraîcheur où tes yeux sont ouverts Pour suivre longuement ta muette pensée Sur l’eau, dans le feuillage et dans l’ombre bercée. Immortelle beauté, Pensée harmonieuse embrassant la nature, Endors sereinement ton rêve et ton murmure Au-dessus des clameurs lointaines des cités. Le monde à ton regard s’efface et se balance Autour de ces bouleaux pleureurs Et l’hymne de ton âme infiniment s’élance Dans l’insaisissable rumeur. Vallon, pelouse, silence Où l’ombre vient s’allonger ; Une pâle lueur danse Et de son voile léger Effleure ta forme claire Sur qui rêvent les rameaux Et le mouvement de l’eau Paisible entre les fougères.

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    Dans l’ombre de ce vallon Dans l’ombre de ce vallon Pointent les formes légères Du Rêve. Entre les bourgeons Et du milieu des fougères Émergent des fronts songeurs Dans leurs molles chevelures, Et des mamelles plus pures Que le calice des fleurs. Ô rêve, de cette écorce Dégage ton souple torse, Tes deux seins roses et blancs, Et laisse dans le branchage Retomber le long feuillage De tes cheveux indolents. Ne sors jamais qu’à demi De cette écorce native Et reste à jamais captive De ce silence endormi, Ô Beauté triste et pensive.

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    Enfant, pâle embryon Enfant, pâle embryon, toi qui dors dans les eaux Comme un petit dieu mort dans un cercueil de verre. Tu goûtes maintenant l’existence légère Du poisson qui somnole au-dessous des roseaux. Tu vis comme la plante, et ton inconscience Est un lis entr’ouvert qui n’a que sa candeur Et qui ne sait pas même à quelle profondeur Dans le sein de la terre il puise sa substance. Douce fleur sans abeille et sans rosée au front, Ma sève te parcourt et te prête son âme ; Cependant l’étendue avare te réclame Et te fait tressaillir dans mon petit giron. Tu ne sais pas combien ta chair a mis de fibres Dans le sol maternel et jeune de ma chair Et jamais ton regard que je pressens si clair N’apprendra ce mystère innocent dans les livres. Qui peut dire comment je te serre de près ? Tu m’appartiens ainsi que l’aurore à la plaine, Autour de toi ma vie est une chaude laine Où tes membres frileux poussent dans le secret. Je suis autour de toi comme l’amande verte Qui ferme son écrin sur l’amandon laiteux, Comme la cosse molle aux replis cotonneux Dont la graine enfantine et soyeuse est couverte. La larme qui me monte aux yeux, tu la connais, Elle a le goût profond de mon sang sur tes lèvres, Tu sais quelles ferveurs, quelles brûlantes fièvres Déchaînent dans ma veine un torrent acharné. Je vois tes bras monter jusqu’à ma nuit obscure Comme pour caresser ce que j’ai d’ignoré, Ce point si douloureux où l’être resserré Sent qu’il est étranger à toute la nature. Écoute, maintenant que tu m’entends encor, Imprime dans mon sein ta bouche puérile, Réponds à mon amour avec ta chair docile Quel autre enlacement me paraîtra plus fort ? Les jours que je vivrai isolée et sans flamme, Quand tu seras un homme et moins vivant pour moi, Je reverrai les temps où j’étais avec toi, Lorsque nous étions deux à jouer dans mon âme. Car nous jouons parfois. Je te donne mon coeur Comme un joyau vibrant qui contient des chimères, Je te donne mes yeux où des images claires Rament languissamment sur un lac de fraîcheur. Ce sont des cygnes d’or qui semblent des navires, Des nymphes de la nuit qui se posent sur l’eau. La lune sur leur front incline son chapeau Et ce n’est que pour toi qu’elles ont des sourires. Aussi, quand tu feras plus tard tes premiers pas, La rose, le soleil, l’arbre, la tourterelle, Auront pour le regard de ta grâce nouvelle Des gestes familiers que tu reconnaîtras. Mais tu ne sauras plus sur quelles blondes rives De gros poissons d’argent t’apportaient des anneaux Ni sur quelle prairie intime des agneaux Faisaient bondir l’ardeur de leurs pattes naïves. Car jamais plus mon coeur qui parle avec le tien Cette langue muette et chaude des pensées Ne pourra renouer l’étreinte délacée : L’aurore ne sait pas de quelle ombre elle vient. Non, tu ne sauras pas quelle Vénus candide Déposa dans ton sang la flamme du baiser, L’angoisse du mystère où l’art va se briser, Et ce goût de nourrir un désespoir timide. Tu ne sauras plus rien de moi, le jour fatal Où tu t’élanceras dans l’existence rude, Ô mon petit miroir qui vois ma solitude Se pencher anxieuse au bord de ton cristal.

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    Femme pensive, nue et qui flottes sur l’eau Femme pensive, nue et qui flottes sur l’eau Entre les pâles lys et les grêles bouleaux, Les deux bras repliés, les jambes allongées Et toute ta beauté vaguement émergée ; Que regardent tes yeux dans le ciel bas et gris ? Ne te sens-tu pas fuir sur ce fleuve endormi Et dont le mouvement invisible et tranquille T’entraîne abandonnant les rives immobiles ?

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    Fuite d’automne Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voici L’Automne. Un long baiser du soleil a roussi Les étangs ; les lointains sont vermeils de feuillage, Le flexible arc-en-ciel a retenu l’orage Sur sa voûte où se fond la clarté d’un vitrail ; La brume des terrains rôde autour du bétail Et parfois le soleil que le brouillard efface Est rond comme la lune aux marges de l’espace. Mon âme, sors de l’ombre épaisse de ta chair C’est le temps dans les prés où le silence est clair, Où le vent, suspendant son aile de froidure, Berce dans les rameaux un rêve d’aventure Et fait choir en jouant avec ses doigts bourrus La feuille jaune autour des peupliers pointus. La libellule vole avec un cri d’automne Dans ses réseaux cassants ; la brebis monotone A l’enrouement fêlé des branches dans la voix ; La lumière en faisceaux bruine sur les bois. Mon âme en robe d’or faite de feuilles mortes Se donne au tourbillon que la rafale apporte Et chavire au soleil sur la pointe du pied Plus vive qu’en avril le sauvage églantier ; Cependant que de loin elle voit sur la porte, Écoutant jusqu’au seuil rouler des feuilles mortes, Mon pauvre corps courbé dans son châle d’hiver. Et mon âme se sent étrangère à ma chair. Pourtant, docilement, lorsque les vitres closes Refléteront au soir la fleur des lampes roses, Elle regagnera le masque familier, Et, servante modeste avec un tablier, Elle trottinera dans les chambres amères En retenant des mains le sanglot des chimères.

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    Il est né… Il est né, j’ai perdu mon jeune bien-aimé, Je le tenais si bien dans mon âme enfermé, Il habitait mon sein, il buvait mes tendresses, Je le laissais jouer et tirailler mes tresses. À qui vais-je parler dans mon coeur à présent ? Il écoutait mes pleurs tomber en s’écrasant, Il était le printemps qui voit notre délire Gambader sur son herbe et qui ne peut en rire. Il me donnait la main pour sauter les ruisseaux, Nous avions des bonheurs et des peines d’oiseaux ; Son sommeil s’étendait comme un aveu candide. Mon oeil grave flottait sur son âme limpide, Je couvais dans son coeur les oeufs de la bonté, J’effeuillais sur son front des roses de clarté. Le silence des fleurs reposait sur sa bouche, Son doux flanc se gonflait de mon orgueil farouche ; Son souffle était le mien, il voyait par mes yeux. Son petit crâne avait la courbure des cieux. Je le tenais des dieux que j’ai conçus moi-même ; C’était le jardin clos où la vérité sème, C’était le petit livre où des contes naïfs Me reposaient de l’ombre et des rayons pensifs. Ses doigts tendres savaient caresser ma misère. Devant ce front de lait, devant cette âme claire Mon coeur n’éprouvait point de honte d’être nu, Mon être était l’instinct dans son geste ingénu, J’étais bonne d’avril nouveau comme la terre, Je donnais mes ruisseaux, mes feuilles, ma lumière ; La mort cachait ses os sous les duvets herbeux, Nous étions le mystère et la vie à nous deux. Notre âme, au ras du sol mollement étendue, Était un blé qui berce une vague pelue. Maintenant il est né. Je suis seule, je sens S’épouvanter en moi le vide de mon sang ; Mon flair furète dans son ombre Avec le grognement des femelles. Je sombre D’un bonheur plus puissant que l’appel d’un printemps Qui ferait refleurir tous les mondes des temps. Ah ! que je suis petite et l’âme retombée, Comme lorsque la graine ayant pris sa volée La capsule rejoint ses tissus aplanis. Ô coeur abandonné dans le vent, pauvre nid !

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    J'ai perdu mon jeune bien-aimé Il est né, j'ai perdu mon jeune bien-aimé, Je le tenais si bien dans mon âme enfermé, Il habitait mon sein, il buvait mes tendresses, Je le laissais jouer et tirailler mes tresses. À qui vais-je parler dans mon cœur à présent? Il écoutait mes pleurs tomber en s'écrasant, Il était le printemps qui voit notre délire Gambader sur son herbe et qui ne peut en rire. Il me donnait la main pour sauter les ruisseaux, Nous avions des bonheurs et des peines d'oiseaux; Son sommeil s'étendait comme un aveu candide. Mon œil grave flottait sur son âme limpide, Je couvais dans son cœur les œufs de la bonté, J'effeuillais sur son front des roses de clarté. Le silence des fleurs reposait sur sa bouche, Son doux flanc se gonflait de mon orgueil farouche; Son souffle était le mien, il voyait par mes yeux. Son petit crâne avait la courbure des cieux. Je le tenais des dieux que j'ai conçus moi-même; C'était le jardin clos où la vérité sème, C'était le petit livre où des contes naïfs Me reposaient de l'ombre et des rayons pensifs. Ses doigts tendres savaient caresser ma misère. Devant ce front de lait, devant cette âme claire Mon cœur n'éprouvait point de honte d'être nu, Mon être était l'instinct dans son geste ingénu, J'étais bonne d'avril nouveau comme la terre, Je donnais mes ruisseaux, mes feuilles, ma lumière; La mort cachait ses os sous les duvets herbeux, Nous étions le mystère et la vie à nous deux. Notre âme, au ras du sol mollement étendue, Était un blé qui berce une vague pelue. Maintenant il est né. Je suis seule, je sens S'épouvanter en moi le vide de mon sang; Mon flair furète dans son ombre Avec le grognement des femelles. Je sombre D'un bonheur plus puissant que l'appel d'un printemps Qui ferait refleurir tous les mondes des temps. Ah! que je suis petite et l'âme retombée, Comme lorsque la graine ayant pris sa volée La capsule rejoint ses tissus aplanis. Ô cœur abandonné dans le vent, pauvre nid!

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    Je me souviens de mon enfance Je me souviens de mon enfance Et du silence où j’avais froid ; J’ai tant senti peser sur moi Le regard de l’indifférence. Ô jeunesse, je te revois Toute petite et repliée, Assise et recueillant les voix De ton âme presque oubliée.

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    Je ne peux rien retenir Je ne peux rien retenir, Ni la lune ni la brise, Ni la couleur rose et grise D’un étang plein de dormir ; Ni l’amitié ni ma vie, Ombre fuyante et pâlie Dont je perds le souvenir.

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    Je ne veux qu’un rêve Je ne veux qu’un rêve À demi-flottant, Que mon âme brève Passe en voletant, Que la brume fine L’enveloppe aussi ; Qu’elle s’achemine Sans autre souci Que celui d’errer Avec une brise, Sur l’arbre léger, Sur la terre grise.

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    Jusqu’au ciel d’azur gris le pré léger s’élève Jusqu’au ciel d’azur gris le pré léger s’élève Comme une route fraîche inconnue aux vivants ; La mouillure de l’herbe et de la jeune sève Répand dans l’air rêveur son haleine d’argent. Sur les bords de ce pré le bouleau se balance Avec le merisier profond dans ses rameaux Où des moineaux dorés sautillent en silence Comme aux pures saisons d’un univers nouveau. Je te pénètre, ô pré que longent des collines Où la fougère étend son feuillage en réseau. Et j’écoute parler la voix molle et divine De la calme nature au milieu des oiseaux.

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    La corbeille Choisis-moi, dans les joncs tressés de ta corbeille, Une poire d’automne ayant un goût d’abeille, Et dont le flanc doré, creusé jusqu’à moitié, Offre une voûte blanche et d’un grain régulier. Choisis-moi le raisin qu’une poussière voile Et qui semble un insecte enroulé dans sa toile. Garde-toi d’oublier le cassis desséché, La pêche qui balance un velours ébréché Et cette prune bleue allongeant sous l’ombrage Son oeil d’âne troublé par la brume de l’âge. Jette, si tu m’en crois, ces ramures de buis Et ces feuilles de chou, mais laisse sur tes fruits S’entre-croiser la mauve et les pieds d’alouette Qu’un liseron retient dans son fil de clochettes.

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    La maison sur la montagne Notre maison est seule au creux de la montagne Où le chant d’une source appelle des roseaux, Où le bout de jardin plein de légumes gagne La roche qui nous tient dans son âpre berceau. Septembre laisse choir sur les molles argiles La pomme abandonnée aux pourceaux grassouillets. Nous avons dû poser des cailloux sur les tuiles ; Car la bise souvent s’aiguise aux peupliers, Le volet bat la nuit, le crochet de la porte Danse dans son anneau. Nous avons peur et froid. La mare des moutons réveille son eau morte Et soudain un caillou branlant tombe du toit. J’aime, sous mon poirier rongé de moisissures, Des champignons serrés voir surgir le hameau, Un petit dahlia me plaît par ses gaufrures, Mes brebis ont le nez et les yeux du chameau. Notre univers s’étend au gré de notre rêve, Le silence est mouillé par la voix du torrent, La lune de rondeur sort quand elle se lève D’un nid de thym perché sur les monts déclinants. Assise dans le jour de la porte qui pose Son reflet sur la cruche verte et le chaudron, Pour la pomme de terre au ventre dur et rose Je couds des sacs. Je vois blondir le potiron. Les pruneaux violets se rident sur leurs claies, La salade du soir est dans le seau de bois Et des corbeaux goulus qui frôlent les futaies Font en se querellant tomber de vieilles noix. C’est le temps où la feuille aux ramures déborde, La montagne nourrit des herbes de senteur, Notre chèvre s’ennuie et tire sur sa corde Pour atteindre aux lavandes fines des hauteurs. Le maître près d’ici laboure un champ de pierres ; Je vais pour son retour tremper le pain durci, Préparer à sa faim une assiette fruitière Et le verre où le vin palpite et s’assoupit. Nous nous plaisons de vivre à côté de l’espace ; Un vol d’abeilles tourne avec des cris de fleurs, La neige qui l’été reste dans les crevasses Semble se détacher des nuages bougeurs. Des guêpes au long corps tettent les sorbes mûres, La maison qui se hâle a des mousses au dos, La cloche des béliers sonne nos heures pures. Pour nous chauffer, sitôt que la lune a l’oeil clos, Le soleil comme un boeuf fume dans l’aube nue ; Car sur nos pics le ciel de lin tiède est tendu Et notre front obscur est touché par la nue Lorsqu’elle vient dormir dans les chênes tordus.

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    La tasse Dans cette tasse claire où luit un cercle d’or J’ai versé du lait blanc pour ta lèvre vermeille. Comme un enfant dolent le long du corridor Un rayon de soleil s’étant couché sommeille. Vois, la mouche gourmande est plus sage que toi. Perchée au bord du vase où son aile se mouille, Avec sa trompe fine et subtile elle boit Tandis que le jour bleu dévide sa quenouille. Ah ! si la nuit venait, comme nous aurions peur ; La nuit fait les gros yeux avec la lune ronde Et tous les astres blonds qui pressent leur lueur Sur le front noir de l’ombre où l’angoisse est profonde. Vite ! bois cette tasse avant que soit le soir ; Le moineau de la cage aime l’eau que je verse, La fleur du pot d’argile accueille l’arrosoir, Comme les champs nouveaux se plaisent à l’averse. Et surtout ne va pas avec tes doigts fripons Déranger le niveau de la crème dormante ; On apporte la lampe et son nimbe au plafond Bouge comme au matin une source mouvante. Dieu ! c’est l’ombre déjà ! Déjà le ver luisant Répand sa goutte d’or sur la verdure moite… Vite ! l’étoile fait les cornes en passant Et la lune a caché le soleil dans sa boîte.

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    Le bonheur est mélancolique Le bonheur est mélancolique. Le cri des plus joyeux oiseaux Paraît lointain comme de l’eau Où se noierait une musique. À l’oeil qui s’en repaît longtemps La couleur des fleurs est moins fraîche ; L’herbe a parfois l’air d’être sèche Sur le sein même du printemps. L’allégresse comme un mensonge Hausse sa note d’un degré Et l’angoisse au coeur se prolonge Sous un jour trop longtemps doré.

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    Le jour Levons-nous, le jour bleu colle son front aux vitres, La note du coucou réveille le printemps, Les rameaux folichons ont des gestes de pitres, Les cloches de l’aurore agitent leurs battants. La nuit laisse en fuyant sa pantoufle lunaire Traîner dans l’air mouillé plein de sommeil encor Et derrière les monts cachant sa face claire Le soleil indécis darde trois flèches d’or. Il monte. Notre ferme en est tout éblouie, Les volets sont plus verts et le toit plus vermeil, La crête des sapins dans la brume enfouie S’avive de clarté. Voilà le plein soleil Avec son blanc collier de franges barbelées, Avec ses poudroiements de cristal dans les prés, Avec ses flots nacrés, ses cascades brûlées, Ses flûtes, ses oiseaux et ses chemins pourprés. L’abeille tôt levée, attendant sa venue, Essayait d’animer les boutons engourdis, Dérangeait l’ordre neuf de la rose ingénue, Pressait de toutes parts les lilas interdits. Dès qu’elle vit au ciel fuser la bonne gerbe, Son gorgerin blondit, son aile miroita, Et, tandis que les fleurs se découpaient dans l’herbe, Sur un lis qui s’ouvrait son ivresse pointa. Quel massacre badin de vierges cachetées ! La nonnain-violette en conserve un frisson, Les corbeilles d’argent aux blancheurs dépitées S’inquiètent du vent rural et sans façon. Sur l’églantine fraîche aux saveurs paysannes Voici que les frelons éthiopiens vont choir, Les bambous en rumeur entre-choquent leurs cannes, Sur un brin d’amandier sifflote un merle noir. Levons-nous. Notre chien lappe son écuelle, Les chevaux affamés piaffent après le foin, On entend barboter un refrain de vaisselle Et des appels de coqs s’égosiller au loin. Déjeunons sur le seuil de tartines miellées, Dans nos verres en feu le soleil boit sa part, Les arbres font danser leurs feuilles déroulées Et teignent leurs bourgeons d’un petit point de fard. C’est l’heure puérile où la margelle est rose, Où la jeune campagne éclose au jour nouveau Dans ses terrains bêchés brille comme une alose, Où l’araignée étend son lumineux réseau. C’est l’heure où les lapins se grisent de rosée, Où l’enfant matinal aux gestes potelés, Agitant le soleil de sa tête frisée ; Rit tenant à deux mains un pesant bol de lait. La montagne se vêt de légères buées Et semble perdre un peu de son austérité, Les cyprès accusant leurs grâces fuselées Dressent des cierges verts sur l’autel de l’été. Ô rajeunissement du réveil, ô lumière Qui laves les noirceurs, les fanges, les chagrins, Qui donnes des splendeurs au bourbier de l’ornière Et mets une ombre d’or sur nos charniers humains.

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    L’enchantement lunaire L’enchantement lunaire endormant la vallée Et le jour s’éloignant sur la mer nivelée Comme une barque d’or nombreuse d’avirons, J’ai rassemblé, d’un mot hâtif, mes agneaux ronds, Mes brebis et mes boucs devenus taciturnes Et j’ai pris le chemin des chaumières nocturnes. Que l’instant était doux dans le tranquille soir ! Sur l’eau des rayons bleus étant venus s’asseoir Paraissaient des sentiers tracés pour une fée Et parfois se plissaient d’une ablette apeurée. Le troupeau me suivait, clocheteur et bêlant. Je tenais dans mes bras un petit agneau blanc Qui, n’ayant que trois jours, tremblait sur ses pieds roses Et restait en arrière à s’étonner des choses. Le silence était plein d’incertaines rumeurs, Des guêpes agrafaient encor le sein des fleurs, Le ciel était lilas comme un velours de pêche. Des paysans rentraient portant au dos leur bêche D’argent qui miroitait sous un dernier rayon, Et des paniers d’osier sentant l’herbe et l’oignon. Les champs vibraient encor du jeu des sauterelles. Je marchais. L’agneau gras pesait à mes bras frêles. Je ne sais quel regret me mit les yeux en pleurs Ni quel émoi me vint de ce coeur sur mon coeur, Mais soudain j’ai senti que mon âme était seule. La lune sur les blés roulait sa belle meule ; Par un même destin leurs jours étant liés, Mes brebis cheminaient auprès de leurs béliers ; Les roses défaillant répandaient leur ceinture Et l’ombre peu à peu devenait plus obscure.

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    Musique Une lente voix murmure Dans la verte feuillaison ; Est-ce un rêve ou la nature Qui réveille sa chanson ? Cette voix dolente et pure Glisse le long des rameaux : Si fondue est la mesure Qu’elle se perd dans les mots, Si douces sont les paroles Qu’elles meurent dans le son Et font sous les feuilles molles Un mystère de chanson. Ô lente voix réveillée Qui caresse la feuillée Comme la brise et le vent ; Voix profondes de la vie Et de l’âme réunies Qui murmurez en rêvant. Une forme s’effaçant Dont les gestes nus et blancs Flottent dans l’ombre légère Sous un rideau de fougères Semble exhaler à demi De ses lèvres entr’ouvertes Un chant de silence aussi Berceur que les branches vertes. À peine si le murmure De la muette chanson Poursuit sa note et s’épure Dans la douce feuillaison ; Et la main passe en silence Sur la tige d’un surgeon Dont le rythme fin balance Les branches de ce vallon. Ô musique qui t’envoles Sur les papillons glissants Et dans la plainte du saule Et du ruisseau caressant ! Passe, chant grêle des choses, Coule, aile fluide qui n’ose Peser sur l’azur pâli, Sur les rameaux endormis ; Efface-toi, chant de l’âme Où se mêlent des soupirs Dans la fuite molle et calme Des voix qu’on ne peut saisir.

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    Cécile Sauvage

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    Peut-être serai-je plus gaie Peut-être serai-je plus gaie Quand, dédaigneuse du bonheur, Je m’en irai vieille et fanée, La neige au front et sur le coeur : Quand la joie ou les cris des autres Seront mon seul étonnement Et que des pleurs qui furent nôtres Je n’aurai que le bavement. Alors, on me verra sourire Sur un brin d’herbe comme au temps Où sans souci d’apprendre à lire Je courais avec le printemps.

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    Quelle molle inexistence Quelle molle inexistence Descend en pâle lueur De ce bouleau qui balance Sa ramure de fraîcheur. Cette fraîcheur endormie De lumière verte et calme A la rêveuse harmonie Et le silence de l’âme.

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    Souvent le coeur qu’on croyait mort Souvent le coeur qu’on croyait mort N’est qu’un animal endormi ; Un air qui souffle un peu plus fort Va le réveiller à demi ; Un rameau tombant de sa branche Le fait bondir sur ses jarrets Et, brillante, il voit sur les prés Lui sourire la lune blanche.

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    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Voeux simples Vivre du vert des prés et du bleu des collines, Des arbres racineux qui grimpent aux ravines, Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ; Vivre du cliquetis allègre des moissons, Du clair halètement des sources remuées, Des matins de printemps qui soufflent leurs buées, Des octobres semeurs de feuilles et de fruits Et de l’enchantement lunaire au long des nuits Que disent les crapauds sonores dans les trèfles. Vivre naïvement de sorbes et de nèfles, Gratter de la spatule une écuelle en bois, Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes, Des fromages caillés couverts de sarriettes. Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel, Prodiguer des baisers sagement sensuels Ayant le goût du miel et des roses ouvertes Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes À l’ami que bien seule on possède en secret. Ensemble recueillir le nombre des forêts, Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe, Courir dans l’infini sans entendre la tourbe Bruire étrangement sous la vie et la mort, Ignorer le désir qui ronge en vain son mors, La stérile pudeur et le tourment des gloses ; Se tenir embrassés sur le néant des choses Sans souci d’être grands ni de se définir, Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir Et toujours conservant le rythme et la mesure Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre. Voir sans l’interroger s’écouler son destin, Accepter les chardons s’il en pousse en chemin, Croire que le fatal a décidé la pente Et faire simplement son devoir d’eau courante. Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a, Repousser le rayon que l’orgueil butina, N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles, Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille, Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau, Croire que tout est bon parce que tout est beau, Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.

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