My Luck a quinze ans. Enrôlé à la tête d'une unité d'enfants-soldats, il tue pour survivre et parfois pour le plaisir, comme le lui ont appris les adultes. Il ne crie plus, car on lui a coupé les cordes vocales, mais il entend toujours les hurlements de sa mère assassinée devant lui, les légendes que lui racontait son grand-père, et la voix d'Ijeoma, une gamine de son unité qui a sauté sur une mine.

Dans cet enfer où les fleuves ne charrient que des cadavres, où le mal et le bien n'ont plus de sens, et où victimes et bourreaux mènent un même combat, la déroute infernale de My Luck sonne comme une terrible prophétie...

Récompensé par de nombreux prix pour Graceland et Le Corps rebelle d'Abigail Tansi, le romancier nigérian Chris Abani évoque un continent à la dérive dans ce roman fulgurant qui mêle lyrisme et poésie. Par-delà l'horreur de la réalité - celle d'une Afrique de l'Ouest resituée dans le contexte d'une guerre globale -, c'est l'ambigüité de la nature humaine qu'il explore, quand l'innocence bafouée devient la plus cynique des armes.

 « Comme les personnages d'Un coeur simple de Flaubert ou d'En attendant les barbares de Coetzee, My Luck est à la fois un archétype et une création originale... Un roman d'une extraordinaire férocité et d'une beauté vulnérable. » New York Times « On songe à Babel, Hemingway, McCarthy. »Esquire

Comptine pour l'enfant-soldat

Lagos, fin des années 70. Une ville tentaculaire, grouillante, où grandit Elvis, un garçon fasciné par Presley, et qui imite son idole sur les plages dans l'espoir de gagner quelques sous. Elvis n'a qu'une idée : s'évader du ghetto, où il survit entre un père alcoolique, une marâtre indifférente et une bande de délinquants. Quand on a seize ans au Nigeria, qu'on s'est gavé de films américains, de reggae et de jazz, que votre mère, morte prématurément, vous a légué un trésor de tendresse, pourquoi choisir Presley pour horizon, et comment s'assurer d'un Graceland bien à soi ? Avec ce roman intensément visuel, lyrique, à l'ironie percutante, le Nigérian Chris Abani, plusieurs fois emprisonné dans son pays pour " activités subversives ", a reçu aux Etats-Unis le célèbre prix Pen-Hemingway. On ne saurait saisir plus crûment que lui l'espérance au cœur d'un continent à la dérive.

Graceland

Christopher Abani, dit Chris Abani, né le 27 décembre 1966 à Afikpo (Nigéria), est un écrivain américano-nigérian.

Chaque artiste à succès vient d'une famille - parents ou frères et sœurs ou les deux - qui, bien que également doués, ont choisi de ne pas poursuivre le chemin perfide et difficile de l'artiste.

Je pense que la plupart des écrivains qui essaient d'écrire des livres importants et difficiles remettent en question leur propre humanité. Parfois, le voyage consiste à découvrir où vous êtes en relation avec votre propre humanité et à l'humanité des autres.

Le récit est une arme très faible face à l'obscurité humaine et pourtant c'est tout ce que nous avons. Que nous devons accrocher la transformation et la survie de notre espèce dans le voyage et la transformation d'une personne singulière si loin de ce que nous attendons de faire.

Je pense que ceux d'entre nous qui sont ordinaires disparaissent facilement dans le contexte de la vie et que nous prenons les choses pour acquises. Nous nous réveillons souvent dans nos vies et nous nous demandons comment nous y sommes arrivés. Mais les personnages que je crée, les gens qui me sont dessints, sont assez extraordinaires (et pas toujours de manière saine), et ils nous offrent la chance de comprendre qui nous sommes vraiment et comment nous sommes devenus qui nous sommes.

Vous savez, vous pouvez acquérir votre cœur contre tout type de problème, toute sorte d'horreur. Mais le simple acte de gentillesse d'un étranger complet vous découragera.

Mon ami Ronald Gottesman dit ... que la cause de tous nos problèmes est la croyance en une identité essentielle et pure: religieuse, ethnique, historique, idéologique.

Je n'ai pas quitté l'Afrique, j'ai quitté le Nigéria et pour des raisons politiques. Mais ... Je n'ai jamais, jamais quitté l'Afrique, et je n'ai certainement jamais laissé ce que signifie être IBO. C'est quelque chose que vous portez avec vous.

Toute puissance dans le microcosme de mon monde a été tenue et exercée par des gens qui me ressemblent. De plus, je pense que les Nigérians ont tous l'impression qu'ils sont meilleurs que tout le monde, y compris les blancs. J'ai donc le privilège d'une certaine distance. C'est peut-être cela. Donc, dans un sens, je ne peux pas prétendre que comme aucune capacité que j'ai, simplement une question de circonstance.

Une grande partie de l'image de l'incroyable de l'Amérique vient des films dans d'autres cultures. Et c'est à peu près la même chose lorsque vous l'inversez. Une grande partie de l'Afrique est présentée par la pauvreté, par la sécheresse et la guerre. [Mais] vous ne présentez pas aux gens, vous ne présentez pas les pays, vous ne présentez pas de complexité, et donc les gens ne peuvent pas se soucier d'une masse amorphe appelée Afrique.

Je suis né en 1966, au début de la guerre civile du Biafran-Nigériane, et la guerre s'est terminée après trois ans. Et je grandissais à l'école, et le gouvernement fédéral ne voulait pas que nous enseignons l'histoire de la guerre, car ils pensaient que cela nous ferait probablement générer une nouvelle génération de rebelles.

La fiction est plus dangereuse que la non-fiction car elle peut mieux séduire. Je pense que nous le savons tous, savons que des vérités plus profondes peuvent être approchées dans la fiction qu'en fait. Il y a des risques pour le lecteur, car après avoir lu certains livres, vous trouvez que vous avez changé de façon irréversible. Il y a des risques pour les écrivains: en Chine, maintenant, et l'Éthiopie et d'autres pays en ce moment, les écrivains sont confrontés à une réelle persécution.

Je pense que c'est une agrégation de tous les petits actes qui sont vraiment transformateurs. Je pense qu'un groupe de petits actes transforme l'individu. Et peut-être que lorsque l'individu se transforme, nous nous transformons collectivement.

La fiction et la poésie sont mes premiers amours, mais le très bel essai lyrique peut faire tellement que d'autres formes ne peuvent pas.

Si vous voulez en savoir plus sur l'Afrique, lisez notre littérature - et pas seulement «les choses se désagrègent», parce que ce serait comme dire: «J'ai lu« Gone With the Wind »et donc je sais tout sur l'Amérique».

À cette époque d'Internet et de la non-fiction, être sur une étagère réelle dans une librairie réelle est passionnante en soi.

J'adore les essais, mais ils ne sont pas toujours le meilleur moyen de communiquer avec un public plus large.

Le fait que les femmes soient mystérieuses et inconnaissables est quelque chose que chaque jeune homme grandit en croyant. Les hommes, en revanche, ne se considèrent jamais comme mystérieux ou déroutants, et nous ne perdons souvent pas pourquoi les femmes veulent nous comprendre.

J'ai lu principalement des écrivains irlandais, africains, japonais, sud-américains et africains. Vous pouvez compter sur la littérature scandinave pour un certain type d'obscurité, un style mythique moderne.

La fiction est risquée pour les écrivains également dans la mesure où le processus de fabrication de certains livres, de façonner certains récits, laisse des cicatrices et des marques sur votre vie intérieure.

J'ai eu un privilège intellectuel incroyable en tant qu'enfant. Ma mère m'a appris à lire quand j'avais deux ou trois ans. Quand j'avais cinq ans, j'ai lu et écrit assez bien pour faire les devoirs de mon frère aîné de neuf ans en échange de chocolat ou de cigarettes. À l'âge de 10 ans, je lisais Orwell, la «guerre et la paix» de Tolstoy et le Coran. Je lisais aussi des bandes dessinées.

Il me faut une éternité pour terminer quelque chose comme un essai de dix pages. Mais, quand je le fais, j'aime généralement ce qu'ils sont. C'est une relation compliquée.

Le feu et l'eau sont des archétypes, les côtés divisés de la conscience; l'un conscient, l'autre, pas. Les deux parties d'entre nous qui désirent la synthèse, mais y résistent: le soi et l'ombre. Mais ils sont aussi l'élément du hasard, du rouleau aléatoire de dés.

Avant de parler, mon ami, rappelez-vous, un homme spirituel contient sa colère. Les mots en colère sont comme une gifle dans le visage.

Je pense que les villes sont les forêts primordiales de notre temps. Nous évoluons plus rapidement en tant qu'espèce dans les villes. Les villes sont des endroits chaotiques et liminaux où les nombreux aspects du potentiel humain, bons et / ou mauvais, sont le plus facilement amplifiés.

Les hommes communiquent, souvent très directement, mais les femmes ne peuvent parfois pas accepter à quel point ce que nous avons à dire est simple. Nous jouons rarement à des jeux - nous ne sommes pas si sophistiqués.

Parfois, je me sens très seul. Je suis un peu nomade. De nombreuses personnes dans des pays émergents, des économies émergentes, se retrouvent déplacées. Il y a donc ce sens, et donc je fais partie d'un groupe, je pense, du groupe de personnes déplacées.

Le temps était la seule variable dans chaque équation de pouvoir et d'oppression - bien avant que le pot ne se déroule.

Parfois, nous disons que nous voulons la fin de la haine, du racisme ou du sexisme. Mais nous participons tous à la maintien de ces structures en vie. Si tout le monde décidait de renoncer au passé, qu'est-ce qui arriverait aux personnes qui pensent qu'il n'y a pas eu une expiation appropriée pour eux? Et qu'advient-il à la personne qui estime que l'expiation constante est leur identité?

Tous mes personnages existent en risque, dans les endroits où nous avons trop peur d'aller, soit avoir suffisamment de privilège pour ne pas avoir à le faire, mais quelle que soit la raison, ces personnages que je façonne devant nous et reviennent transformés pour nous. Pour moi, au moins.

Ma mère était anglaise. Mes parents se sont rencontrés à Oxford dans les années 50, et ma mère a déménagé au Nigéria et y a vécu. Elle avait cinq pieds deux pieds, très fougueuse et très anglaise.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chris_Abani

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