Prendre le métro, soupeser un nom, regarder une vidéo en streaming, rendre visite à un proche, où que cela soit, surveiller les enfants comme les mères le font, boire un verre, allumer une cigarette, vouloir rire, essayer de parler, toutes ces actes quotidiens qui s'enchaînent dans les poèmes en prose de Dawn Lundy Martin sont ceux que nous sommes amenés à faire, ceux dans lesquels on peut se reconnaître.
Mais dans la succession des scènes dont l'ordinaire laisse souvent place au malaise, on ne reconnaît personne définitivement : la narratrice ou les narrateurs ne sont pas identifiables, ils semblent absents à eux-mêmes et au monde. Voilà peut-être la traduction que fait Dawn Lundy Martin de L'homme invisible de Ralph Ellison, l'homme noir que l'on ne voit jamais. La femme noire n'est jamais vraiment visible dans Discipline, son corps ne cesse de se heurter au monde et de s'y abîmer, de se dégrader, de fuir. « Un homme est piégé comme les mots sont piégés dans le défaut du corps » :
Les corps sont défectueux dans Discipline, ils ne tiennent pas et sont remplacés page après page ; le corps fait défaut, il est absent à lui-même. C'est ce qui précipite l'écriture poétique de Dawn Lundy Martin, comme pour redonner substance au corps, comme pour le remettre en ordre.

Discipline

Prendre le métro, soupeser un nom, regarder une vidéo en streaming, rendre visite à un proche, où que cela soit, surveiller les enfants comme les mères le font, boire un verre, allumer une cigarette, vouloir rire, essayer de parler, toutes ces actes quotidiens qui s'enchaînent dans les poèmes en prose de Dawn Lundy Martin sont ceux que nous sommes amenés à faire, ceux dans lesquels on peut se reconnaître.

Discipline - Occasion

Mes objectifs en tant qu'artiste n'ont rien à voir avec le fait de parler à un public. J'adore passer un bon moment, mais en ce qui concerne la poésie, je ne suis pas vraiment intéressé à écrire de la poésie qui cherche à divertir ou à opérer en toute sécurité dans le courant dominant et, pour être clair, je ne désoblige pas le travail vraiment phénoménal qui fait - Ce n'est tout simplement pas mon intérêt en tant que poète.

La paresse précise s'apparente à laisser vos yeux floue ou à un aperçu de ce qui est dans les coins de la vision périphérique. Ou ces moments où vous pensez voir quelque chose, mais vous n'êtes pas sûr de l'avoir vu à la fin. La façon dont j'arrive à ces endroits n'est que de la pratique, comme une sorte de méditation qui façonne mon cerveau.

Je suis intéressé est l'oblique en tant que concept profondément lié à l'expérience vécue humaine, pas séparée de celle-ci. J'écoutais une interview avec le réalisateur Stephen Frears sur NPR l'autre jour et il a dit: "La vie des gens n'est jamais ce que vous pensez qu'ils sont", ou quelque chose comme ça. Les vies humaines sont obliques. Il est logique pour moi que les y assister dans la langue soit aussi.

Je suis depuis longtemps fan du travail d'Adrian Piper. Je trouve ses pièces de performance qui se déplacent dans leur volonté de se pencher vers l'absurde. Pourtant, il y a une critique sociale dans son interaction avec des personnes qui peuvent ou non comprendre que l'artiste était présent.

Quand j'écris de la poésie, j'essaie de faire aller mon esprit un peu paresseux, de ne pas trop réfléchir, comme un moyen d'ouvrir la partie du cerveau qui fait des poèmes. Si je réussis dans cette partie du processus, je ne le suis souvent pas. Si mon esprit devient trop paresseux, cela persistera dans un territoire ennuyeux familier, c'est comme si mon esprit pouvait caresser le monde physique.

Avec mes élèves, je leur donne beaucoup et beaucoup d'écriture guidée. Une partie est aussi simple que d'écrire beaucoup mais pas de quoi que ce soit. L'esprit flotte. Ensuite, je les aide à voir où la langue a de la chaleur. Si nous le faisons beaucoup en classe, les élèves finissent par se détendre dans cette pratique d'écriture et en profiter. Même cela - écrire du plaisir sans l'anxiété du «public» ou du «grade» ou du «succès» - est une sorte d'élan envers les inconnus.

Lorsque mon travail parle au public, quand il crée un public autour de lui, je me sens un peu moins fou parce que cela signifie qu'il y a des gens qui sont intéressés à penser à eux-mêmes et au monde à travers un prisme. Le prisme est un travail et il peut y avoir un plaisir au travail.

La poésie peut-elle être une forme de changement social? Je ne connais pas la réponse à cela. Je pense que l'art peut avoir un impact social même s'il peut être difficile de voir les effets de cet impact, de l'évaluer ou de les mesurer.

J'ai demandé une fois à Myung Mi Kim où se trouve le sexe dans son travail, et elle a simplement dit: "C'est partout", résiste à l'idée que le genre doit être trop inscrit dans le texte avec une sorte de message. Le sien est le genre de travail qui a le plus influencé la façon dont je fais de la poésie - l'idée que nous n'avons pas besoin de enfermer ou de clouer le sexe ou la race, d'ailleurs.

J'atteigne les lecteurs de manière assez involontaire, je pense, et ces lecteurs se connectent probablement avec l'inclinaison, le Kilter, la partie de la route que vous pouvez à peine voir depuis la route bien voyagée. Donc, quand j'écris, je ne pense pas du tout au public. Au lieu de cela, j'essaie de voir derrière ces arbustes, sur ce chemin caché. Nous sommes les cinglés du monde et il y a tellement de cinglés.

Je me sens souvent piégé. J'ai souvent l'impression d'essayer d'échapper à un piège, que ce soit une façon de penser, une contrainte ou un mode de vie. Je crois que ce sentiment persistant vient de traumatismes infantiles qui ont éliminé mon pouvoir. L'effet, cependant, le désir persistant qui en résulte de s'étendre hors de l'isolement même lorsque le confinement est inévitable, est un cadeau.

À la Fondation Third Wave, nous posions des questions telles que: "Comment pouvons-nous nous inscrire à plus d'électeurs qui soutiennent nos problèmes?" ou "Comment voulons-nous donner de l'argent pour qu'il ait le plus grand impact?" Mais, les poèmes ont été impliqués dans des questions de se sentir entières, de négocier des traumatismes sexuels et de parler à ce qui a été perdu pour toujours. J'ai toujours été une personne qui se sent le plus énergique lorsque je crée à la fois de l'art et que je travaille vers le changement social, mais j'ai souvent du mal à parler des deux dans le même souffle.

Je pense que l'occupation de ma poésie s'apparente à ce désir d'être beaucoup de choses à la fois - des choses qui sont parfois en conflit. En ce qui concerne la façon dont le quotidien fait son chemin dans l'œuvre, tout cela est tout, en quelque sorte. Par exemple, quand j'écris des poèmes, je prends juste des morceaux de tout ce qui se passe autour de moi - un emplacement géographique, une histoire d'amour a échoué, le jour où l'air était comme une corde.

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