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Edouard Glissant

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Mathieu Édouard Glissant, né le 21 septembre 1928 à Sainte-Marie en Martinique et mort le 3 février 2011 à Paris 15e, est un romancier, poète et philosophe français. Il obtient le prix Renaudot en 1958 pour son roman La Lézarde. En 1992, Édouard Glissant a été finaliste pour le prix Nobel de littérature, mais c’est l’écrivain saint-lucien Derek Walcott qui l’emporte d’une voix. Édouard Glissant est fondateur entre autres des concepts d'« antillanité », de « Tout-monde » et de « Relation », Glissant repense également la notion de créolisation mais aussi les catégories de la métaphysique ainsi que les modalités du dialogue des cultures, à l'aune de son prisme relationnel. Surtout connu pour Le Discours antillais (1981), Édouard Glissant est l'auteur d'une œuvre conceptuelle et littéraire colossale, et d'une bibliographie dense. De Soleil de la conscience (1956) à l'Anthologie de la poésie du Tout-Monde (2010), il s'est illustré dans tous les genres, roman, poésie, théâtre, essais philosophiques. Souvent classée parmi les théories du postcolonialisme, la pensée de Glissant est irréductible à une école ou un courant fixe, ayant toujours redéfini les modèles d'une vision du monde en quête de son mouvement. « Distinguished professor » en littérature française à l'Université de la ville de New York (CUNY), Édouard Glissant est directeur du Courrier de l'Unesco de 1981 à 1988 et président honoraire du Parlement international des écrivains en 1993. Il reçoit à plusieurs reprises le titre de Docteur Honoris causa de diverses universités de par le monde (l'Université de Bologne par exemple, en 2004). Il mène l'essentiel de sa carrière universitaire aux États-Unis, d'abord à l'Université d'État de Louisiane à Baton Rouge, puis à New York. Il préside par ailleurs en 2006 la mission de préfiguration d'un Centre national consacré à la traite, à l'esclavage et à leurs abolitions. En 2006, il fonde l'Institut du Tout-Monde, à Paris.

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Poésies

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    Arrière-Plage Rocs, on vous guette — et votre soif Attise un vent plus dur que le toucher des vagues. Vous serez sable sec au goût de désespoir, Strié du vent. Bon pour litière aux coquillages, Que la mer pour la mort Jugea et rejeta.

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    Art Poétique Les mots, les mots Ne se laissent pas faire Comme des catafalques. Et toute langue Est étrangère. Certes ce n'était pas à titre de supplique La voix qui psalmodiait Les secrets de la honte. Il fallait que la voix, Tâtonnant sur les mots, S'apprivoise par grâce Au ton qui la prendra. Le cri du chat-huant, Que l'horreur exigeait, • Est un cri difficile A former dans la gorge. Mais il tombe ce cri, Couleur de sang qui coule, Et résonne à merci Dans les bois qu'il angoisse. Les mots qu'on arrachait, Les mots qu'il fallait dire, Tombaient comme des jours. Si les orages ouvrent des bouches Et si la nuit perce en plein jour, Si la rivière est un roi nègre Assassiné, pris dans les mouches, Si le vignoble a des tendresses Et des caresses pour déjà morts, — Il s'est agi depuis toujours De prendre pied, De s'en tirer Mieux que la main du menuisier Avec le bois.

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    Hiver J'arriverai le soir dans une chambre chaude — et Tu y seras brûlante et douce. Quand le merle sifflait dans l'herbe et que le vent Rongeait d'éternité les pierres de nos gros murs, C'était pour nous la fête et tout s'accomplissait. Nous connaissions le temps, Pour avoir attendu avec l'eau sous la terre Et nous savions Le façonner autour de nous comme le temple Et qu'il résonne de notre cri. Plus tard le cours des jours et la terrible absence Et te porter encore, Pesant de tout le poids Des lieux vacants de toi. Te porter plaie brûlante ouverte sur la ville Et craindre. Mais maintenant le temps S'incurve autour de nous Et toi présente. Les vagues de la joie, le chant Comme des pierres délivrées, Le sourire Ou plutôt l'obole des visages, Et l'aventure De tant s'aimer. Toute fête a ses cris et nous avions les nôtres. Puisqu'ils pouvaient enfin Avoir passage dans la gorge Et trouver l'air, emplir Un coin de chambre, un pli de drap, Ce n'était pas pour dire ou appeler, C'était nos corps pressés d'aller plus loin encore, D'arriver quelque part où plus rien ne se crie. Mais non! la terre... la terre où tout se joue, La terre chargée de nous. Dehors le merle et sa chanson Sont avec nous. L'effort des céréales et l'eau des frondaisons, L'offre impudique des chemins Et tant de bois. Mais nous ne pourrons pas, comme j'aurais voulu, Être un jour avalés par la carrière ouverte Et descendre dormir à jamais dans la terre Auprès des eaux profondes, sans lumière, Chair contre chair, chaude contre le froid. Dormir en caressant parfois le flanc de l'autre, Quand le jaune se fait présent comme d'un fruit, Devant les yeux fermés, dans le cerne de nuit, Puis se serrer plus fort contre l'autre Et sourire. Ils n'étaient même pas francs comme des couteaux, Ou des gueules levées sur vous pleines de dents, Tous les touchers de la menace. Ils n'avaient de visage que celui Qu'ils te donnaient, fragile, Autre déjà, presque livrée. Il n'y avait bataille qu'en tes yeux Agrandis, mais ne voyant plus Vers le dehors — accaparés — Voulant me voir et me savoir et ne pouvant, Moi comme un fauve fou à la force inutile, Trop pesant pour la lutte étrangère à ma rage, Ailleurs, où tu retournais donc parfois. D'autres étaient précis comme des maladies, Avaient presque visage au dehors de la chambre Et tout le poids de la bêtise. Ils venaient de la force Qui a pouvoir, dictée des lois, qui a les armes Et tant de corps mécanisés. — Et nous, de nous savoir Brasier pur et bonté pour les temps à venir, D'avoir à nous tes yeux où les fauves les plus mornes Ne seraient pas venus sans se réconcilier, Nous n'en étions pas moins cernés Hors la puissance : bons pour subir. — Ils t'auront pris tes jours, tes songes, tes sueurs, Lassé tes yeux, courbé ton corps D'arbuste brave, Comme aux beaux jours, La grisaille démente d'octobre.

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