épicure
Épicure (en grec Ἐπίκουρος / Epíkouros) est un philosophe grec, né à la fin de l'année 342 av. J.-C. ou au début de l'année 341 av. J.-C. et mort en 270 av. J.-C. Il est le fondateur, en 306 av. J.-C., de l'épicurisme, l'une des plus importantes écoles philosophiques de l'Antiquité. L'école d’Épicure a parfois été appelée Jardin en raison du lieu, hors des murs d'Athènes, où il vivait avec sa famille et ses amis-disciples qui comprenaient, fait assez rare à l'époque, des femmes et des esclaves, à partir des années 306-307 av. J.-C. La philosophie d’Épicure est d’abord fondée sur une théorie physique, issue pour une grande part de la physique de Démocrite : tout ce qui existe est composé d’atomes qui se meuvent dans le vide par des mouvements aléatoires. Tout doit son existence à la rencontre des atomes, même les dieux qui sont immortels et indifférents aux affaires humaines. Il n’y a pas de providence. L’âme n’est qu’une partie du corps, composée aussi d’atomes qui se dispersent à la mort. Il n’y a pas de vie après la mort, pas de destin, pas de finalité. L’épicurisme est un matérialisme radical. « Le plaisir, dit Épicure, est le principe et la fin de la vie heureuse (À Ménécée, 129) ». Mais pour jouir sereinement de certains plaisirs, il faut d’abord la paix de l’âme, la sérénité, l'ataraxie (absence de trouble). Il ne faut pas avoir peur des dieux : ils sont hors du monde et ne s’occupent pas de nous, ils n’ont ni à être priés, ni à être craints. Il ne faut pas avoir peur de la mort puisque qu’elle n’est rien : rien pour les vivants puisqu’ils sont vivants, rien pour les morts puisqu’ils n’ont plus d’être, ni de sensibilité. Il faut ensuite éviter les douleurs corporelles et pour cela choisir entre les plaisirs : certains d’entre eux ( désirs de gloire, de pouvoir, de richesses, passion amoureuse, etc.) peuvent apporter plus de maux que de biens. Il vaut donc mieux renoncer aux plaisirs vains et choisir des plaisirs naturels qu’il est aisé de satisfaire (À Ménécée, 130) et où désagréments et douleurs sont le moins à craindre. L’épicurisme est un hédonisme a minima. La prudence sert à choisir, pour ce qui est de soi et la morale, pour ce qui est des autres. L’amitié est une valeur essentielle de l’épicurisme. La famille est aussi très importante. Le plaisir, tel que l'entend Épicure, est un plaisir partagé. La « vie bienheureuse » suppose l'amitié qui est le plus grand bienfait que l'on doive à la sagesse. L’épicurisme était, avec le stoïcisme, la philosophie privilégiée par les élites romaines de la République et de l'Empire jusqu'au IIIe siècle. Ciceron se plaint dans les Tusculanes (IV,3) que « les épicuriens occupent toute l' Italie ». Au IIIe siècle, Diogène Laërce, qui ne cache pas ses sympathies, lui consacre un chapitre entier dans ses célèbres Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres. Le chapitre débute par une vie d'Épicure, le seul témoignage biographique à peu près conséquent dont nous disposons, une exposition brève de sa doctrine, la liste de ses oeuvres les plus importantes (plus d'une quarantaine de titres) et surtout quatre textes originaux d'Épicure que Diogène retranscrit dans leur intégralité et qui sont fondamentaux pour la reconstruction de sa philosophie : les condensés de doctrine que sont la lettre à Hérodote (physique), la lettre à Pythoclès (phénomènes célestes), la lettre à Ménécée (éthique) et les 40 Maximes capitales. De la vaste oeuvre d'Épicure, il ne reste rien d'autre, sinon 81 Sentences vaticanes découvertes dans un manuscrit du Vatican datant du XIVe siècle et qui ne sont sans doute pas toutes de lui. En effet, dès le IIIe siècle, l'épicurisme est considéré par les chrétiens comme une hérésie à détruire, définie par trois critères : indifférence des dieux (devenue au Ve siécle athéisme dissimulé), matérialisme et mortalité de l'âme. Dans la Divine Comédie (1300), Dante place aux Limbes tous les philosophes grecs, seul Épicure est dans le sixième cercle de l'enfer réservé aux hérétiques. Ses disciples sont, dans la représentation populaire, des « pourceaux d'Épicure » (l’expression vient des vers célèbres des Epîtres d’Horace), des hommes plongés uniquement dans les jouissances des sens (aujourd'hui encore un épicurien au sens trivial est un bon vivant). Et c’est essentiellement grâce à son disciple, le poète Lucrèce (94 av. J.-C. ? - 54 av. J.-C. ?), auteur du De rerum natura (De la nature des choses), dont un manuscrit est retrouvé en Allemagne en 1417 à l'aube de la Renaissance, que l'on connait la philosophie d'Épicure. Vers 150-170 après J.-C., l'épicurien Diogène d'Œnoanda a fait graver, sur un gigantesque portique de 80m de long et 4m de haut installé sur l'agora de la ville d'Oinoanda, des textes d'Épicure et d'autres épicuriens (ainsi que les siens) qui constituent une source d'information importante sur l'épicurisme en Asie Mineure au IIe siècle. On a découvert, vers 1750, à Herculanum, dans la villa des Papyrus une importante bibliothèque philosophique à la fois carbonisée et protégée par l'Éruption du Vésuve en 79, qui contient le principal ouvrage d'Épicure, La Nature, en 37 livres, chacun ayant la longueur d'un rouleau de papyrus ce qui correspond à une dizaine de volumes dans une édition moderne. La reconstitution, extrêmement difficile et qui demande un travail considérable, est toujours en cours.
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C'est vide, pour l'instant...