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Ferdowsi

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Poésies

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    Ferdowsi

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    Shâhnâmeh Lorsque Khosrou eut des nouvelles de sa marche, il devint inquiet de ses menées violentes, envoya des émissaires actifs pour observer ce qui se passait, et leur dit : « Avant, tout il faut tirer au clair le s& «secret de cette armée, si elle est du même avis que Bahram sur la «guerre, ce qui pour nous ferait traîner en longueur cette affaire; « ensuite il faut observer si Bahram, quand il se place au centre de «l'armée, se tient en avant ou au milieu des troupes, comment il « s'assoit quand il donne audience, et s'il se livre à la chasse pendant « sa marche. » Les émissaires partirent de la cour, sans que l'armée du roi s'en fût aperçue; ils partirent, observèrent, revinrent, se rendirent en se- M cret auprès de Khosrou. et dirent : « L'armée est en toute chose de «son avis, tant les grands que les petits; pendant qu'il fait marcher «les troupes, il est toujours au milieu d'elles; tantôt il est avec l'aile «droite, tantôt avec l'aile gauche, quelquefois auprès des bagages. « Il tient en bon ordre tous ses hommes et n'a pas besoin d'étrangers. «Quand il donne audience, il est assis comme les rois et il chasse oa « dans les plaines avec des guépards. Aucun homme à. vue longue «et à haute ambition n'est plus illustre, ni plus vaillant que lui; il «ne sort jamais des coutumes royales, il lit en entier le livre de « Calilah et Dimnah. » Khosrou dit à son Destour : « Nous avons devant nous une affaire «longue, car Bahram, quand il lance son cheval contre un ennemi, «effraye les dragons dans la mer; ensuite il a appris du maître du JOO « monde, mon père, des manières de roi des rois; enfin on dirait qu'il «a pris pour Vizir le livre de Calilah, qui est un conseiller savant « comme personne n'en possède. » Ensuite il dit à Bendouï et à Gustehem : « Nous sommes devenus «les compagnons du chagrin et des peines.» Guerdouï, Schapour, Endian et Radman, le chef de l'Arménie, des grands pleins d'intelli- gence et d'ardeur guerrière, tinrent en secret une séance avec le roi A de l'Iran. Khosrou dit à ces grands : « 0 vous, hommes vaillants et 105 « portant haut la tête ! Ceux dont le cerveau est plein de lumière sont « défendus par leur sagesse comme par une cuirasse que rien ne peut «briser, si ce n'est l'épée de la mort, dont les coups traversent l'acier « du casque comme de la cire. Je suis votre inférieur en âge et ne « puis nie charger du gouvernement du monde en raison de ma jeu- « nesse. Dites quel est le remède à employer, car qui de nous ne « souffre pas de ces blessures ? Le Grand Mobed répondit: «Puisses-tu être heureux! Puisses-tu uo «être la lumière et le soutien des pauvres d'esprit! Dès que le nivs- « tère de ce monde qui tourne a paru (dès la création), l'intelligence « a été divisée en quatre parts. Presqu'une moitié a été donnée aux «rois, car il leur faut de la majesté et de la raison; une autre part. « est le lot des hommes purs; une troisième est la part des serviteurs « du roi, car, puisqu'ils se tiennent près du maître du monde, son in- « telligence ne se cache pas devant eux; enfin il reste une petite part us « d'intelligence que les sages attribuent aux cultivateurs. Mais l'homme « ingrat et celui qui ne connaît pas Dieu n'ont pas d'intelligence. Si « le roi veut écouter cette parole qu'a dite un sage vieillard et s'il veut. «y réfléchir dans son âme, il en profitera quand il l'aura fait entrer « dans son esprit. » Le roi dit : « Si j'écrivais ces paroles en lettres d'or, je ne leur ferais « que l'honneur qui leur est dû. Les paroles des Mobeds sont des 121 « perles, mais j'ai dans le coeur d'autres soucis. Quand les deux armées «seront en présence, quand, les pointes des lances s'élèveront au- « dessus des Gémeaux, ne me blâmera-t-on pas si je sors du centre « de l'armée et si je m'avance vers l'ennemi? si j'appelle à haute voix «Bahram, ce Sipehdar insoumis et de mauvais renom? si je lui « montre un visage de paix? si je le reçois bien et si je le couvre 12; «de louanges? S'il accepte mes propositions, ce sera bien, car qui « est comparable à lui dans ma cour? S'il veut la guerre, je suis prêt « pour la lutte et nous mènerons notre armée contre la sienne. » Les grands lui rendirent hommage et l'acclamèrent roi du monde; tous les hommes qui avaient de l'expérience applaudirent à ses paroles, et chacun s'écria : « Ô roi ! puisse le mauvais sort rester loin «de toi, puissent la victoire et la gloire, la puissance et le diadème no «impérial être à toi!» Khosrou dit : «Ainsi soit-il! Puissions-nous «n'être ni vaincus ni désunis! » U emmena l'armée de Baghdad et fit dresser l'enceinte neuve de ses tentes dans la plaine. Lorsque les deux armées s'approchèrent, d'un côté celle du Sipeh- bed, de l'autre celle du roi, et lorsque la lampe du monde fut prise dans le lacet et que la nuit noire secoua ses boucles, les deux ar- 135 niées envoyèrent des rondes pour garder les troupes contre l'ennemi. Au moment où la nuit, tremblante et les lèvres desséchées, s'enfuit devant le glaive du jour, on entendit résonner le tambour des deux grandes tentes et le soleil devint le guide pour le combat. Le roi ordonna à Bendouï et à Gustehem de mettre leurs casques de fer et s'aArança avec ses grands à l'esprit serein jusqu'à la source du Nah- rewan. Une ronde avertit à l'instant Bahram qu'une troupe était arrivée 140 à deux portées de flèche; aussitôt Bahram envoya des troupes, appela près de lui des hommes expérimentés, monta sur un cheval blanc, à crinière noire, se cabrant, portant haut la tête, à sabots d'airain. Il était armé d'une épée indienne, dont le coup frappait comme la loudre. 11 lança son cheval comme un éclair brillant; à sa gauche était le vil Ized Guschasp, et llamdan Guschasp et Yelan Sineh l'accompa- m, gnaient, remplis de haine et le coeur plein d'ardeur. Avec eux mar- chaient trois vaillants Turcs du pays du Khakan, résolus de servir la haine de Bahram, et ayant promis tous les trois, que s'ils voyaient le roi loin de son armée, ils l'amèneraient en courant au camp de Bahram, mort ou captif. C'est ainsi que se trouvaient d'un côté Khosrou, de l'autre le Peh- lewan, et au milieu d'eux coulait le Nahrewan; les armées regardaient 1&0 attentivement des deux côtés pour voir comment Bahram s'appro- cherait du roi. ENTREVUE ENTRE KHOSROU PARVIZ ET RAHRAM D.IOURJNEH. Khosrou et Bahram se rencontrèrent, l'un le visage ouvert et l'autre avec une mine sombre. Le maître du monde était assis sur son cheval couleur d'ivoire, une couronne d'or et de rubis sur la tête et vêtu d'une tunique de brocart d'or de Chine. Guerdouï le précédait comme guide, Bendouï, Grustehem et Kharrad, fils de Berzin, portant un casque d'or, l'accompagnaient, couverts de fer, d'or et d'argent, et de 155 ceintures où l'or disparaissait sous les rubis. Lorsque Bahram vit le visage du roi des rois, il pâlit de colère et dit à ses grands : « Ce mi- « sérable fils de courtisane s'est élevé de sa bassesse et de sa stupidité «jusqu'à l'état d'homme, il est devenu fort et fait le fier; un duvet « noir pousse sur son visage blanc; il devient, un roi Feridoun avec «la massue et. la couronne; il a appris les manières impériales, mais 100 « sa vie s'évanouira subitement. Ce roi, à l'âme obscure, conduit son «armée à la façon de Nouschirwan. Begardez ses troupes d'un bout à «l'autre, et voyez s'il y a parmi eux un seul homme illustre. Je n'y «aperçois pas de cavaliers avides de combats, qui oseraient se pré- « senter en face de moi. Il va voir maintenant à l'oeuvre des hommes « vaillants, il verra le conflit des chevaux, les épées et la poussière des « combats, le choc des massues et la pluie de flèches, 1 es cris des braves 105 « et les coups donnés et reçus. Un éléphant n'ose tenir sur le champ «de bataille quand je m'ébranle avec mon armée, les montagnes se « fendent quand j'élève la voix, et le lion, plein de coeur, s'enfuit. Je «jette un charme sur la mer avec mon épée, je couvre de sang les « plaines. » Il parla ainsi et lança son cheval blanc; on aurait, dit que ce des- trier était un aigle royal qui volait. II choisit un étroit champ de no bataille, et l'armée le regarda avec étonnement. De là, il revint vers Je Nahrewan et s'avança vers le fortuné prince, accompagné de quel- ques Iraniens, tous armés pour le combat contre Khosrou. Khosrou dit. : « 0 vous qui portez haut la tête ! qui de vous recon- « naît Bahram Djoubhieh?» Guerdouï répondit : «0 roi, regarde «l'homme monté sur un cheval blanc, en tunique blanche, avec un « baudrier noir et courant au milieu de la troupe. » Lorsque le maître ns du monde vit Bahram, il comprit .sa nature parfaitement et dit : « Cet homme sombre à haute taille, assis sur ce cheval blanc qui «relève la tête?» Guerdouï répondit : «C'est lui, un homme qui n'a «jamais eu une pensée de bien. » Khosrou dit : « Si tu fais une q.ues- « tion à ce Peblewan au dos courbé, il te donnera une réponse rude. « On dirait que cet homme au museau, de sanglier et aux yeux moitié iso «fermés a le coeur rempli de colère; regarde ses yeux et tu verras « que c'est un mauvais homme et l'ennemi de Dieu dans le monde. «Je ne vois pas en lui une trace de soumission, et il n'obéira jamais « à personne. » Puis il dit à Bendouï et à Gustehem : « Je tirerai au clair cette « affaire. Quand l'âne ne veut pas venir vers la charge, porte la lourde « charge vers le dos de l'âne. Puisque Djoubineh a été perverti par le iss «Div, comment pourrait-il reconnaître la voie de Dieu? Un coeur « malade d'ambition n'écoute plus les conseils des grands. Il ne nous «reste qu'à combattre Djoubineh, car il n'y a pas de place dans son « âme pour la justice; mais, une fois que l'on entame la lutte, les pa- « rôles ne sont plus de mise, et il faut réfléchir à tout, depuis le « commencement jusqu'à la fin; car qui sait qui sera victorieux dans «la lutte, et qui, de ce côté ou de l'autre, couvrira son armée de «gloire? Nous avons devant nous une armée si bien ordonnée, avec un mo « chef ardent pour le combat comme Djoubineh, un homme cruel « comme le Div terrible, avec des troupes comme des loups qui « hurlent. « Si vous êtes de mon avis, je ne crois pas me déshonorer si je lui « fais des avances par des questions de politesse ; cela vaudra mieux «que si je faiblissais dans le combat. Si je reçois de lui des paroles «mesurées, ses méfaits inouïs s'oublieront, je lui donnerai un coin ma « du monde et lui imposerai de la reconnaissance par mes libé- « ralités. Alors cette lutte et. ces préparations pour le chanxp de ba- « taille se tourneront en paix; la paix me profitera et ma prudence « aura empêché des malheurs. Quand un roi agit comme un mar- «chand, le coeur des hommes purs se réjouit.» Gustehem lui dit : « 0 roi ! puisses-tu vivre jusqu'à la fin des tenrps. Tes paroles sont 200 « des perles que tu répands, tu es le plus sage des hommes, fais ce «que tu trouves bon. Tu es plein de justice, mais Bahram, cet es- « clave est dépourvu de justice, ta tête est remplie de cervelle et la « sienne est pleine de vent. »

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