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François Mauriac

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François Mauriac, né le 11 octobre 1885 à Bordeaux et mort le 1er septembre 1970 à Paris, est un écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française au fauteuil no 22 en 1933. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1952.

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Poésies

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    François Mauriac

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    @francoisMauriac

    Attendre et se souvenir L'heure passe sur moi, plus lente Qu'un lourd charroi sur un chemin. Je t'attends. Je sais que l'attente Demeure mon unique gain. Elle ronge l'enfant de Sparte, Cette heure que mon sang nourrit. Mais, dès que tu m'auras souri. Je désirerai que tu partes. Les faibles mains de ma jeunesse Soutenaient l'amour sans effroi. Aujourd'hui, qu'obtenir de toi, Qui ne me tue ou ne me blesse ? Mais dans les coussins — vaine proie Que je n'ai pas su retenir — Je creuse une place à ma joie Pour t'attendre et me souvenir. Que je t'attende ou me souvienne. Alors seulement je t'étreins. Ta présence mettait un frein A ma fureur plus que païenne. Prends en pitié ces yeux fuyants Et ces mains qui me demandaient grâce : Comment te regarder en face, O dur visage éblouissant ! Mais que ton image perdue Leurre ce cœur mourant de faim ! Mais, où ta chair fut étendue. Que ma chair attende sa fin ! Mieux que dormir, mourir sépare Et toute chair et tout amour — Même si l'ami de Lazare Les ressuscite au dernier jour.

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    François Mauriac

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    @francoisMauriac

    La marée infidèle Dans ce corps que mes bras creusaient comme des lierres. Où la trace est encore de leurs furieux gestes. Je n'entends rien qui bat, non plus qu'au temps des siestes Lorsque, enfant, j'appuyais mon oreille à la terre. Moi qui n'exigeais rien de la terre muette Qu'à mes poignets un rêche attouchement de mousse. J'eusse voulu de vous, quand vous m'étiez sujette. Ce zèle de la mer que la lune repousse. Réticentes amours sans cesse retirées, N'épandrez-vous jamais sur mon aride sable Cette fidélité grondante des marées. Ces retours d'amertume à l'heure inéluctable ? Poursuivi de ton flux, si je me voulais chaste. Je fuyais vainement l'écume défendue. Mais quand je t'appelais pour que tu me dévastes. Tu feignais de dormir, mer étale et perdue.

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    François Mauriac

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    @francoisMauriac

    Le désir C'est fini. Tu ne viendras plus. Le jour va poindre. Par l'unique désir j'ai commis le péché. Si je l'avais voulu, n'aurais-je su te joindre ? Mais toi, ma triste amour, tu ne m'as pas cherché. Eusses-tu reconnu, d'ailleurs, sur cette face Que j'ai craint de livrer à ton vierge mépris Des traits que la douleur sans cesse repétrit. Où mon bonheur d'enfant n'a pas laissé de trace ? Je ramènerai donc cette force infinie Que ton approche avait épandue hors de moi. Cette mer enchaînée obéit à ma loi Et son mouvant désert couvre mon agonie. Désert intérieur, étouffant crépuscule, Triste mer qui ne put mouiller que tes genoux. Si je suis son captif, c'est en moi qu'elle brûle : Le pays de la soif est au dedans de nous. J'ai cru qu'un Dieu pourrait tarir cette mer morte, Qu'il suffirait du ciel pour combler cette mer : Mais on n'échappe pas au désert que l'on porte. On ne s'évade pas de son propre désert La vague gonfle, meurt, puis renaît sur nos corps, Les souille en les couvrant d'écume, et se retire. L'antique terre et nous, connaissons ce martyre : Rien ne peut séparer l'Océan de ses bords.

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    François Mauriac

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    Le regret du péché Un reflux de désirs, du plus profond des terres. Remonte en moi, flot trouble et de boue épaissi. Il recouvre cette âme asservie au mystère. Asservie à la chair, et qui n'a pas choisi. Orgueilleux front qui ne fut pas taché de cendre. Poitrine que jamais haire ne déchira. Corps heureux, corps tremblant qui n'osa pas descendre Dans l'abîme qu'ouvrait l'enserrement des bras... A cette sage chair qui ne fut jamais folle, Rien ne reste — rien ! rien ! que l'instant infini Où, me brûlant au feu de ton corps endormi. Je regardais contre ma bouche ton épaule.

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    François Mauriac

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    @francoisMauriac

    Trahison d'atys Les cimes de la mer imitaient le murmure. L'orage qui rôdait à travers les ramures Eclaira d'un feu bref deux mondes confondus. Deux pâles univers l'un dans l'autre perdus : Atys et Sangaris, dont la blancheur humaine. L'espace d'un éclair, déconcerta ma haine. Je tordis sur leurs corps mille bras furieux. Mais l'âpre paradis où ces corps m'avaient fuie, Le plaisir, les rendait indifférents aux dieux Et la foudre inutile embrasait de ses feux Leurs jeunes flancs luisants de sueur et de pluie. Alors je fis silence autour de ce bonheur. Mes branches s'égouttaient sur la double torpeur, Sur le double sommeil de cette chair souillée D'où montait le parfum de la terre mouillée.

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