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Friedrich Gottlieb Klopstock

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Poésies

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    Friedrich Gottlieb Klopstock

    @friedrichGottliebKlopstock

    Les heures de l'inspiration Je vous salue, heures silencieuses, que l’étoile du soir balance autour de mon front pour l’inspirer ! Oh ! ne fuyez point sans me bénir, sans me laisser quelques pensées divines ! À la porte du ciel, un esprit a parlé ainsi : « Hâtez-vous, heures saintes, qui dépassez si rarement les portes dorées des cieux, allez vers ce jeune homme, » Qui chante à ses frères le Messie ; protégez-le de l’ombre bienfaisante de vos ailes, afin que solitaire il rêve l’éternité. » L’œuvre que vous lui allez inspirer traversera tous les âges : les hommes de tous les siècles l’entendront ; il élèvera leurs cœurs jusqu’à Dieu et leur apprendra la vertu. » Il dit : le retentissement de la voix de l’esprit a comme ébranlé tous mes os, et je me suis levé, comme si Dieu passait dans le tonnerre au-dessus de ma tête, et j’ai été saisi de surprise et de joie ! Que de ce lieu n’approche nul profane, nul chrétien même s’il ne sent pas en lui le souffle prophétique ! Loin de moi, enfants de la poussière : Pensées couronnées qui trompez mille fous sans couronne, loin de moi : faites place à la vertu, noble, divine, à la meilleure amie des mortels ! Heures saintes, enveloppez des ombres de la nuit ma demeure silencieuse ; qu’elle soit impénétrable pour tous les hommes ; et si mes amis les plus chers s’en approchaient, faites-leur signe doucement de s’éloigner. Seulement, si Schmied, le favori des muses de Sion, vient pour me voir, qu’il entre… Mais, ô Schmied, ne m’entretiens que du jugement dernier, ou de ton auguste sœur. Elle est digne de nous comprendre et de nous juger : que tout ce qui dans nos chants n’a pas ému son cœur ne soit plus… que ce qui l’a ému vive éternel ! Cela seul est digne d’attendrir les cœurs des chrétiens, de fixer l’attention des anges qui viennent parfois visiter la terre.

    en cours de vérification

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    Friedrich Gottlieb Klopstock

    @friedrichGottliebKlopstock

    Ma patrie Comme un fils qui n’a vu s’écouler qu’un petit nombre de printemps, s’il veut fêter son père, vieillard à la chevelure argentée, et tout entouré des bonnes actions de sa vie, s’apprête à lui exprimer combien il l’aime avec un langage de feu ; Il se lève précipitamment au milieu de la nuit ; son âme est brûlante : il vole sur les ailes du matin, arrive près du vieillard, et puis a perdu la parole. C’est ce que j’ai éprouvé… J’allais te chanter, ô ma patrie ! et déjà j’obéissais au vol rapide de l’inspiration, déjà ma lyre avait résonné d’elle-même, lorsque la sévère discrétion m’a fait un signe avec son bras d’airain, et soudain mes doigts ont tremblé. Mais je ne les retiens plus : il faut que je reprenne la lyre ; que je tente un essor plus audacieux, et que je cesse de taire les pensées qui consument mon âme. Ô mon beau pays, ta tête se couronne d’une gloire de mille années ; tu marches du pas des immortels, et tu t’avances avec orgueil à la tête de plusieurs nations ! combien je t’aime, mon pays, mon beau pays ! Ah ! j’ai trop entrepris, je le sens ; et la lyre échappe à ma faible main… Que tu es belle, ma patrie ! De quel éclat brille ta couronne ! Comme tu t’avances du pas des immortels ! Mais tes traits s’animent d’un doux sourire qui réchauffe tout mon courage. Oh ! avec quelle joie, quelle reconnaissance je vais chanter que tu m’as souri ! Je me suis de bonne heure consacré à toi. À peine mon cœur eut-il senti les premiers battements de l’ambition que j’entrepris de célébrer Henri, ton libérateur, au milieu des lances et des harnois guerriers. Mais j’ai vu bientôt s’ouvrir à moi une plus haute carrière, et je m’y élancé, enflammé d’un autre désir que celui de la gloire… Elle conduit au ciel, patrie commune des mortels. Je la poursuis toujours, et si je viens à y succomber sous le poids de la faiblesse humaine, je me détournerai, je prendrai la harpe des bardes, et j’oserai l’entretenir de ta gloire. Tes nobles forêts bravent les coups du temps, et leur ombre protège une race nombreuse qui pense et qui agit. Là se trouvent des hommes qui ont le coup d’œil du génie, qui font danser autour de toi des heures joyeuses, qui possèdent la baguette des fées, qui savent trouver de l’or pur et des pensées nouvelles. Jusqu’où n’as-tu pas étendu tes rejetons nombreux ? Tantôt dans les pays où coule le Rhône, tantôt aux bords de la Tamise, et partout on les a vus croître, partout s’entourer d’autres rejetons. Et cependant ils sont sortis de toi : tu leur as envoyé des guerriers ; tes armes leur ont porté un glorieux appel, et tel a été le monument de ta victoire : Les Gaulois s’appellent Francs et les Bretons Anglais ! Tes triomphes ont encore brillé d’un plus grand éclat : l’orgueilleuse Rome avait puisé la soif des combats dans le sein d’une Louve, sa mère ; depuis longtemps sa tyrannie pesait sur le monde ; mais tu la renversas, ô ma patrie, la grande Rome !… tu la renversas dans son sang ! Jamais aucun pays n’a été juste comme toi envers le mérite étranger… Ne sois pas trop juste envers eux, ô ma patrie ! ils ne sont pas capables de comprendre ce qu’il y a de grandeur dans un tel excès. Tes mœurs sont simples et vertueuses ; ton esprit est sage et profond ; ta parole est puissante et ton glaive est tranchant. Cependant tu le remets volontiers dans le fourreau ; et, sois-en bénie, il ne dégoutte pas du sang des malheureux. Mais la discrétion me fait encore signe avec son bras d’airain : je me tais jusqu’à ce qu’elle me permette de chanter de nouveau. Je vais donc me recueillir en moi-même, et méditer la grande, la terrible pensée d’être digne de toi, ô ma patrie!

    en cours de vérification

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